Adela et le royaume perdu ( tome 1 et 2)

Chapitre 30

Je me prépare, j'ai pensé à apporter du maquillage de mon monde. Un petit stock. J'en ai laissé une grosse partie au Palais. Je ne savais pas quand j'allais potentiellement rentrer chez moi.
Je me maquille, coiffe mes longs cheveux, qui ont bien repoussé. Je me trouve plutôt pas mal.
Caleb m'attend, il relit les documents qu'Hadrien lui a remis.

— On y va.
— Oui.

Sur le chemin de la réception, Caleb m'apprend que Camélia a perdu sa mère il y a deux ans. Il a assisté aux funérailles.
Elle ne parlait plus à personne. Son père a tout fait pour l'aider. Je suis triste pour cette petite fille. Je sais ce que c'est de perdre un parent. J'étais plus grande, et mon père ne m'a jamais quitté d'une certaine façon.

— Ne lui montre pas ta tristesse, elle vient à peine de s'ouvrir à quelqu'un.
Je hoche la tête.

Les centaures sont déjà là. Ils ont organisé un barbecue. Et mon coeur se remplit de joie. Une chose qui me rappelle des souvenirs d'enfance.
Je me serre généreusement de tous les mets, je m'assois, à notre place dédiée où ils ont mi deux chaises.
Hadrien s'approche de nous, mais il s'adresse à moi.

— Je voulais vous remercier pour Camélia. Je suis tellement heureux de la revoir sourire et de s'amuser. Vous avez réalisé un miracle.
— Je n'ai pas fait grand-chose, il y a eu tout de suite une connexion entre nous.
— Alors, vous ferez une excellente mère.

Je rougis légèrement.

— Tu vois si ça continue, je vais devoir me battre pour te garder prêt de moi.
Je pouffe.

— Finalement, j'aimais bien ton blond.
— Elle recommence, mais en sens inverse.
Je me marre.

— J'ai adoré ta photo sur facepop.
— Laquelle?
— Celle torse nu, je crois que j'ai jamais autant ri.
— Méchante, pourtant les invitations ont explosé.
— Tu étais dans quelle dimension pour avoir accès à internet?
— Chez mon beau-père.
— Tout s'explique.

On finit par s'éclipser, pour réparer le nouveau saut dans l'inconnu.

Je demande à Caleb si on se rapproche de la fin. Il me dit que c'est pour bientôt. Que je devrais le ressentir d'ici peu. Mais pour le moment je ne ressens rien.
On passe le reste de la soirée chacun de son côté. Lui travaille sur son congrès, et moi je dessine. Camélia a insisté pour qu'on se fasse un dessin pour qu'elle me garde toujours dans son cœur. Mais forcé de reconnaître que je ne suis pas très douée. Je vois Caleb se lever et se placer derrière moi et se marrer. C'est bien ce qui me semblait, c'est la catastrophe.

— Donne-moi ça, je vais t'aider, car tu risques de faire pleurer cette gamine. Tu as dessiné quoi au juste?
— Bah elle et moi dans le jardin.
Il se marre de plus belle.

— On aurait dit un monstre qui tient un animal non identifié.
— Ah ah très drôle. Tu te lances dans l'humour. Ne viens pas jouer ici, c'est la cour des grands.
— Tu me cherches petit monstre?
— Peut-être bien.

Il prend un coussin et se jette sur moi. Je tombe en arrière sur le canapé. Il est mort de rire.

— Tu as 27 ans? Un vrai gamin!
— 28 ans, tu es partie longtemps.
— Bon anniversaire en retard.
— Trouve une meilleure façon de me le souhaiter.
— Comme?
— Réfléchie.

Je me rapproche de lui. Je me lève sur la pointe des pieds et je l'embrasse.

— C'est une meilleure façon de me le souhaiter. D'une voix suave.

Il m'aide à refaire le dessin. Tout en se moquant de l'autre. Qu'il veut conserver pour l'afficher dans son bureau.

Dans le lit, je lui parle de mon séjour à Paris, on n'en avait pas parlé depuis mon retour. Il sait que ma mère est comme moi. Il ne la blâme pas, elle voulait me protéger.

— Comment as-tu eu cette amulette?
Je la touche.

— Comme toi. J'en ai hérité.
— Qui t'a élevé après la mort de tes parents?
— Mon conseiller est mon oncle maternel. Il s'est occupé du Royaume jusqu'à ce que je sois en âge de le faire.
— Tu le fais depuis combien de temps?
— Depuis mes 15 ans.

Et je comprends la charge émotionnelle qu'il a dû supporter à seulement 15 ans. A son âge, j'étais au collège à passer mon brevet. Plus on se rapproche de la destination, plus j'en apprends sur lui.