Chapitre 33

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La porte s'ouvre sur une pièce gigantesque.  Je m'avance en restant sur mes gardes, qui sait ce qui m'attaquera de nouveau. Je m'arrête devant un cadran en plein milieu d'une pièce en pierre.

— Voilà donc l'élue.
Je me tourne sur un homme en cape.

— Adela.
Il rit.

— Tu as réussi les quelques épreuves que je t'ai concoctées.
— Un jeu d'enfant.
Il rit de malice.

— Ta dernière épreuve! Fait marcher ce cadran du temps.
— C'est votre rôle ça!
Il éclate de rire!

— J'ai vraiment pris plaisir à t'observer dans tes deux quêtes. Très divertissantes!
— Je me produis tous les soirs à 20h si ça vous intéresse!
— Très divertissante.
— Caleb?

Il enlève sa capuche, mon corps se fige. J'ai des sueurs froides, mes mains sont moites, mon cœur tambourine dans ma poitrine, il menace de sortir. Je n'arrive pas à y croire. Tout ce temps, il savait ce qui m'attendait. C'était lui le maître du jeu. Je suis envahie par la rage, je ne comprends pas sa trahison.

— Comment as-tu pu faire ça!
— Je suis désolé Adela, mais je devais rester impartial.
— C'est pour ça que tu ne m'avais jamais dit clairement tes sentiments, c'est ça?
— En partie!
— Tu t'es bien moqué de moi. Ça t'amuse de contempler ton œuvre?
— Non. J'ai fait ce qui fallait pour sauver nos mondes Adela.
— Je n'en reviens pas. Je flirte avec le maître de tout ça!
— Je t'aime Adela, ça ne change pas.
— Je ne suis plus sûr de rien, Caleb.

Il se décompose. Il semble à son tour blessé par ma dernière remarque. Mais la situation est tellement incongrue que je ne vois pas comment réagir d'autres. Il me ment depuis des mois. Il savait tout ce que j'allais affronter et m'a laissé dans le brouillard.

Je me concentre sur le cadran, je dois en finir au plus vite. Il est en pierre, je le touche, il ne bouge pas. J'essaye de voir s'il y a un mécanisme, Caleb m'observe en silence, il ne peut pas m'aider. Je sens son désarroi à des kilomètres, mais je ne m'en préoccupe pas. Je regarde autour de la pièce, mais il n'y a rien pour m'aider.  Je fixe le cadran, il semble ne pas avoir de mécanisme particulier. Les aiguilles tournent dans le sens d'une horloge. Je ne comprends pas ce que je dois faire, je commence à paniquer. Je tourne les yeux sur Caleb, il me fixe et pose ses yeux sur les aiguilles. Il essaye de m'aider. Les aiguilles servent à enclencher le mécanisme. Je pose ma main, j'essaye de la ralentir, mais en vain, elles continuent de tourner. Je détache ma main, et j'essaye de réfléchir. Je touche mon cou, le collier sert peut-être à quelque chose. Je l'enlève, et le positionne sur l'aiguille, elle continue de tourner. Ça ne fonctionne pas. La panique m'envahit de nouveau, je n'ose plus regarder Caleb, par peur d'y lire de la déception.

Je fais le tour de cadran, une idée me vient en tête, je pose mes mains sur les deux aiguilles en simultané et les pousse dans le sens inverse. Il n'y a aucune résistance, je leur fais un tour complet, le collier posé sur l'aiguille s'allume. Je m'éloigne, le cadran bouge et se met à tourner de plus en plus vite, une lumière en jaillit, je suis projetée contre un mur. Je suis sonnée, j'entends le cri de Caleb et ses mains me porter, mes yeux se ferment.

Je me réveille avec une affreuse migraine, je reconnais ce lit. Je suis dans le palais de Caleb. Je me redresse, je suis envahie par le doute. J'ai encore échoué. J'éclate en sanglots et je crie de frustration. La porte s'ouvre sur ma mère qui court vers le lit et me prend dans ses bras.

— Oh ma chérie!
— Je sais maman j'ai échoué. Je suis tellement désolée.
— Quoi? Mais qu'est-ce que tu racontes!
— Je me suis évanouie.
— Oui, mais tu n'as pas échoué !

Je relève les yeux larmoyants vers elle, elle sourit. Mes larmes s'estompent, j'émets un râle de soulagement. Caleb pénètre dans la chambre, je ne le regarde pas, je suis encore énervée par tous ses mensonges. Je me sens stupide d'avoir été autant manipulé. Depuis le départ, je suis avec celui qui manipule le temps.  Il s'assoit sur le lit.

— Je suis désolé chérie.
— Je ne suis pas ta chérie!

Ma haine ne s'est pas calmée. Cette révélation est trop récente. Je ne sais pas faire autrement.

— Je ne pouvais pas t'en parler au risque de falsifier la quête.
— Tu m'as mise dans des situations dangereuses!
— Je sais. Mais tu la fais pour sauver des royaumes.
— Et si ça s'était mal passé!
— Je serais intervenu. Tu crois que j'aurais laissé la femme que j'aime se faire tuer?
— Et dans l'arène, tu n'as rien fait!
— Je t'observais !
— Tu étais dans une cellule!
— Mon enveloppe corporelle oui. Mais pas mon esprit.
— C'est trop!

Adela et le royaume perdu ( tome 1 et 2)Where stories live. Discover now