CHAPITRE 1

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« Il fait travailler sans cesse, malgré tout,
et observer toujours. »
— Vincent Van Gogh.

ISABELLA.
Caracas, Venezuela.
9h00.

De nombreuses petites bulles se forment au-dessus de mon visage. Mes paupières se ferment. Je me demande pendant combien de temps je peux rester comme ça. Quelles sont mes limites ? Car après tout, je ne suis qu'une simple humaine. Qu'est-ce que je peux réussir à endurer avant de ne plus en pouvoir ? Pour l'instant je me sens bien, mais ce n'est que le début.

Je me sens si bien que j'en oublie pourquoi je fais ça. C'est absurde mais j'aime ce silence qui m'entoure. Je n'entend plus rien, c'est plaisant.

Mon cœur panique et se met à battre plus vite qu'il ne devrait. Mes poumons se serrent, bien trop vide. Je suis bien là, rien ne me perturbe. Plus aucune pression ne m'étouffe. Je n'entend pas sa voix à l'arrière de ma tête. Tout à disparu, pourquoi je voudrais me relever ? C'est stupide.

L'être humain est surprenant.
N'est-ce pas ?

Toujours vouloir plus.
Plus de tout.

Ici bas, l'être humain peut être à la fois si faible mais tout autant si puissant.
Quelle ironie.

Des anges déchus.
Selon moi nous sommes tous des anges déchus. Constamment mis à l'épreuve par une force divine qui nous surveille pour nous regarder –tel un film tragique– nous laisser être tentés par le doux fruit interdit, la belle voix du réel ange déchu.

Un plaisir éphémère.
Ce plaisir après avoir goûté à cette douce harmonie qu'est cette puissance, cette l'adrénaline, l'adrénaline du pêcher.
Douce addiction.

Paniqué, mon corps prend le dessus sur mon cerveau. Je sors alors la tête de l'eau. Je suffoque, peinant à reprendre ma respiration. Je manque d'air. D'une façon vulgaire, ma poitrine gonfle dans cette quête désespérée d'oxygène. Ma respiration est irrégulière, je tousse violemment. J'ai l'impression qu'une brique écrase mes poumons. Ils sont en alerte, comme si je venais d'être en proie à la noyade, dans ma baignoire.

– Tout va bien là-dedans ?

Je replie mes genoux et colle ces derniers contre ma poitrine. Mes paupières se ferment et mon cerveau essaye de se remettre de ce qu'il vient de se passer. Stupide, je suis stupide. Mes oreilles sont encore bouchées, remplies d'eau. Je profite alors des quelques secondes de silence qu'il me reste. Un court instant de silence.

– Oui, tout va bien.

J'entends ses pas s'éloigner. Je me lève finalement et attrape le bouchon qui retenait toute cette eau froide dans la baignoire. Je soupire constatant que ce bain froid n'a servi à rien. Je suis toujours autant fatigué qu'à mon réveil. Je grimace lorsque je me mets à démêler mes cheveux, ça va prendre une éternité. Je regrette d'avoir voulu faire un bain. J'ai mal au bras maintenant.

Je ferme l'arrivée d'eau. De nombreuses gouttes dégoulinent le long de mon dos tandis que je viens enrouler ma serviette autour de mon corps. J'essuie la buée du miroir.

Même après la douche, mes cheveux me prennent de longues et interminables minutes d'entretien. Mais, une fois mes boucles correctement hydratées et définies, je me sens heureuse, heureuse d'avoir enfin passé cette affreuse étape. Je me rince les mains, enlevant ainsi cette fine couche de résidu de crème que j'avais accumulé sur celles-ci.

Je sors de la salle de bain après avoir nettoyé toute l'eau accumulée sur le carrelage de la pièce. Je traverse le couloir de la maison. J'avance jusqu'à la cuisine où je la trouve, sa tasse de café dans sa main droite et un journal dans sa main gauche.

Chuchotement d'un AngeWhere stories live. Discover now