CHAPITRE 18

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« There are times in my life when
I just want to be by myself. »
— Aaliyah.

ISABELLA.


– Allô ?

– Toujours vivante ?

Un rire lui échappe. Je l'entend à travers le combiné s'allonger sur son lit en soupirant.

– Toujours vivante, et toi ma petite Isabella ?

– Toujours vivante.

Je soupire, à mon tour.

– Elle n'est pas là, cruella ?

Je lui réponds négativement. Elle travaille énormément ces derniers temps alors je suis très souvent seule à la maison. Elle rentre seulement pour dormir et préparer mes repas de la journée, pas moins de 550 calories, ce sont les ordres du médecin.

– Elle n'est plus beaucoup à la maison ces derniers temps.

J'entends Nermine pester, elle affirme que si le meurtre n'était pas un pêcher –et un crime– elle l'aurais déjà tuer depuis longtemps. Je m'accorde un petit rire, je ne me suis pas détendue comme ça depuis un long moment.

– Et ton genou ça va ? Tu veux que je passe la journée avec toi ? me demande-t-elle, inquiète.

Mon cœur se serre alors que mes yeux se baissent, regardant mon genou sous attèle.

– Tu n'es pas obligée, tu dois être occu-

Isabella María Ruiz, si tu finis ta phrase je te tue dans ton sommeil ! me coupe-t-elle.

Je rigole, incapable de rester stoïque face à son ton ferme. Je sais déjà qu'elle s'est assise correctement sur son lit, les sourcils froncés et l'index pointés droit devant elle, comme si j'étais là face à elle.

Je soupire, et couvre mes yeux avec mon bras.

– Tu peux passer, si tu n'as rien à faire, dis-je finalement.

Un peu de compagnie ne me fera pas de mal. J'ai presque l'impression de devenir folle, enfermée dans cette maison devenue trop petite pour moi.

— J'arrive ! Je vais passer acheter quelques snacks, on se fera une soirée pyjama comme avant, m'informe-t-elle.

Je ris légèrement face aux doux souvenirs de ces fameuses soirées décidées sur un coup de tête.

Nermine finit par raccrocher, m'avertissant qu'elle sera là d'ici une demi-heure. Je ne proteste pas, je suis fatiguée de me battre contre tout le monde, contre cette colère devenue incontrôlable.

Je ne sais pas depuis quand cette colère est devenue si immense, mais depuis peu j'ai l'impression de ne pouvoir ressentir que ça. Je suis devenue une personne si violente que je me surprends à être d'accord avec Ursula : je ne me reconnais plus non plus. Peut-être que finalement cette colère m'a toujours habité, peut-être qu'avant j'arrivais seulement à la contrôler, peut-être qu'avant elle n'était pas aussi puissante, ou bien peut-être que je n'étais pas aussi seule pour la remarquer.

À l'intérieur de moi, il y a toujours cette petite partie, une partie de moi devenue si minuscule, qui voudrait retrouver ma grand-mère, pas la Ursula qu'elle est devenue mais la Ursula qu'elle était quand j'étais enfant, avant le décès de mes parents.

Je me sens désolée, de ne pas avoir pu être ce dont elle rêvait que je sois, comme je la hais pour m'avoir forcée à devenir ce qu'elle n'a jamais pu être.

Je suis fatiguée, d'être autant en colère. Je suis épuisée car j'ai la sensation que cette rage à l'intérieur de moi ne cesse de grandir. J'ai l'impression de ne plus pouvoir faire marche arrière, de ne plus pouvoir redevenir cette jeune femme heureuse avec l'envie de se réveillé le lendemain, mais l'ai-je réellement été ?

Chuchotement d'un AngeWhere stories live. Discover now