CHAPITRE 12

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« Parfois, c'est ça aussi, l'amour : laisser partir
ceux qu'on aime. »
— Joseph O'Connor.


ISABELLA.

Des morceaux de verre traînent sur le sol. Ma vision est couverte d'un joli voile flou qui ne me permet pas de voir tout le sang qui s'éparpille partout autour de moi. Tout est complètement ruiné, tout est complètement brisé.

Un chao sans nom règne sur le sol de la salle de bain, un chao que j'ai causé. C'est comme si je ne pouvais pas m'arrêter, je ne peux plus m'arrêter. Alors je me met à frotter, encore et encore, toujours plus fort. Je laisse l'eau chaude couler sur ma peau, alors que je la frotte violemment.

Des tâches noires s'emparent de ma peau. Je n'arrive pas à m'en débarrasser. J'ai perdu tout contrôle de moi-même, c'est comme si la seule chose qui me maintenait en vie est le fait de me faire du mal, j'en ai besoin plus que tout au monde.

Les tâches noires grossissent de plus en plus, je ne contrôle plus rien. Une rage sans nom me domine. Je suis en colère, une colère gigantesque est en train de me consumer. Je sens mes muscles se tendre, une énorme douleur se propage tout le long de mon corps.

Je ne sens plus mes mains depuis des heures, depuis mon arrivée dans la salle de bain. Je ne ressens plus rien depuis que le miroir de la pièce s'est brisé sous mes propres coups. Le feu à l'intérieur de moi m'anéantit. À présent, je ne suis qu'une boule démesurée de rage que je n'arrive plus à contrôler.

Quelque chose est mort à l'intérieur de moi, quelque chose qui ne devait pas mourir mais qui a disparu par sa faute. Quelque chose est mort, à tout jamais...

Ma respiration est saccadée, incapable de respirer correctemet. Ma poitrine monte et descend de plus en plus vite, et je ne peux pas empêcher mes doigts de trembler. Mon sang s'écoule à grosses gouttes sur le lavabo, immaculé. Mais elle est toujours là, l'impureté, partout sur mon corps.

Je suis un monstre assoiffé par la violence. C'est comme si je m'étais amusé à verser des litres d'essence sur ma peau avant d'y poser une allumette, laissant mon corps s'enflammer.

Une infime partie de moi m'implore de m'arrêter, de reculer, de m'éloigner de ce maudit lavabo, mais la rage qui me domine m'en empêche. La partie démoniaque de ma personne, mon côté obscur.

Je laisse mes larmes couler le long de mes joues, je sanglote si fort que mon corps est pris de tremblements douloureux. Lorsque je lève les yeux vers le miroir, je vois mon reflet brisé. Je ne me reconnais pas, je ne me reconnais plus.

Autour de moi, le monde semble avancer, m'abandonnant. Il avance mais pourtant moi, je suis complètement paralyser, bloqué sur place. Je suis prise dans une spirale sans fin, incapable d'évoluer comme tout les autres. Quelle honte.

C'est tellement minable.

Je suis devenu un monstre, sans cœur ni âme. Un ensemble de rage et de tristesse sans fin causé par une seule et même personne : ma grand-mère. L'unique famille qu'il me reste à fait de moi la pire personne sur terre. Elle a fait de moi son sosie, sans jamais me traiter comme son égal.

Un affreux bruit sourd prend place dans ma tête. Je m'effondre sur le sol, plaçant naïvement mes mains sur mes oreilles comme si tout ce chaos allait s'arrêter. L'odeur métallique m'enveloppe, ça me dégoûte, j'ai envie de vomir.

Le liquide visqueux sur mes mains depuis des heures vient se coller aux traits de mon visage, faisant de moi le monstre parfait pour un récit d'horreur.

Mes mains finissent par tomber sur mes cuisses, à bout de forces, je les regarde impuissante. Ces tâches noires sont encore là, partout sur moi. Sur mes mains, sur mes bras, sur ma poitrine, sur mes cuisses, sur mon ventre, partout.

Chuchotement d'un AngeWhere stories live. Discover now