CHAPITRE 7

118 13 108
                                    



« Au milieu du chaos, j'ai trouvé qu'il y
avait en moi un calme invincible »
— Albert Camus.

ISABELLA.

La porte se referme derrière moi. Un long soupir m'échappe alors que j'entre dans la maison. Je laisse mon sac tomber à mes pieds et j'avance dans le couloir.

– Qu'est-ce...

Mon regard, dénué d'émotion, s'ancre dans le sien. Elle est surprise, c'est compréhensible.

– J'ai réfléchi et j'ai réalisé que je suis ici chez moi autant que toi, abuelita. Je ne cherche plus d'excuse, mais les régionaux approchent et je ne veux pas tout foiré par ta faute, dis-je, en insistant sur la fin de ma phrase.

Ma grand-mère garde cet air surpris sur son visage, mais reste silencieuse tandis que je la contourne.

– Je suis Isabella Ruiz et je ne serais jamais la personne que tu aimerais que je sois. Si tu ne veux pas accepter ça, soit, je n'ai pas besoin de toi comme entraîneuse, je peux très bien m'entraîner seule.

Un soupir lui échappe à son tour. Avant que je ne puisse faire le moindre geste, elle me prend dans ses bras. Incapable de prononcer quoique ce soit, je hausse les sourcils les bras balant le long de mon corps.

Qu'est-ce que qui ce qui lui arrive ?

– Tu vas bien.

Je rompt brusquement cette étreinte. À nouveau, ses yeux croisent les miens. Silencieusement, ses iris communiquent mais je préfère ignorer ce qu'ils me disent.

– Je vais me doucher.

Mon ton est sec car finalement, j'ai abandonné. Me battre contre elle n'a pas joué en ma faveur et je ne l'ai compris que bien trop tard. Chaque partie de moi est recollé ensemble et cette fois-ci je ne laisserais personne me briser comme elle a pu le faire.

Plus jamais.

Je referme la porte derrière moi et laisse couler l'eau dans la baignoire. Une fois celle-ci assez pleine, je laisse mes vêtements tomber au sol et me plonge dans l'eau tiède.

Comme une routine, de nombreuses bulles se forment au-dessus de mon visage alors que ma respiration se coupe. Je me noie à nouveau dans une folie sans nom mais cette fois-ci c'est une folie dont j'ai conscience car pour la première fois, je reprends entièrement le contrôle de moi-même.

J'étais devenue ce dont j'avais toujours rêvé d'être.
Un merveilleux ange déchu.

Mon cœur s'emballe et mon cerveau m'envoie de nombreux signaux d'alerte pour remonter à la surface, mais j'ignore ces appels à l'aide. À vrai dire, je n'en ai rien à faire, je sais que je peux encore rester sans me noyer.

Je me noie dans cette ivresse de danger. Je me noie dans cette étrange addiction à vouloir surpasser mes limites car je ne sais que trop bien que je suis apte à endurer ce que la vie me réserve.

Une douce adrénaline.
Dont je ne peux désormais plus me passer.

– Isabella...

Brutalement, je sors ma tête de l'eau et tousse jusqu'à ne plus en pouvoir. Je croirais avoir atteint la démence.

Mon cœur s'emballe et finalement cet état soudain d'exaltation prend fin d'une façon bien trop violente. Je suis folle, complètement folle.

À cet instant précis, le temps semble s'être arrêté. Je ne vois rien, tout est flou. Mes poils s'hérissent lorsque je la sens, près de moi, là où elle n'est plus.

Chuchotement d'un AngeWhere stories live. Discover now