CHAPITRE 4

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« Les émotions les plus belles sont
celle que tu ne sais pas expliquer. »
— Charles Baudelaire.

ISABELLA.

– Ne joue pas avec ta nourriture Isabella.

Mes yeux restent fixés sur cette salade. Rien ne me donne envie, absolument rien. Tout me donne envie d'aller m'enfermer aux toilettes et vomir.

Grand-mère me regarde et je crois que je ne me suis jamais autant sentie seule. Son regard ne change pas, elle me fait comprendre que je ne suis qu'un poids qu'elle est obligé de traîner derrière elle.

Le silence règne entre nous, la journée a été très silencieuse à vrai dire. Seuls les couverts s'amusent à grincer sur mon plat.

Un nœud se forme dans ma gorge. Incapable de faire quoique ce soit, je laisse tomber ma fourchette et sors de table.

Avant de quitter la pièce, je lui fais face et constate son indifférence. Mon cœur se serre car pour une fois, le temps d'une soirée, j'aurais tant aimé voir ma grand-mère et non celle qui est obsédée par le patinage artistique.

– Pourquoi tu ne m'as rien dit ?

Elle me regarde, enfin. Mais finalement, j'aurais préféré qu'elle ne le fasse pas. J'aurais préféré qu'elle m'ignore, comme elle le fait si bien. Dans ses yeux, elle ne cache pas à quel point je ne vaux rien pour elle, comme toujours.

Ma respiration se bloque, je tente de garder du mieux que je peux cet air accusateur sur le visage, espérant qu'elle le voit, espérant que ça la blesse autant que ça me blesse. Sauf que je sais, je ne sais que trop bien que je suis le cadet de ses soucis.

– Ne commence pas, répond-t-elle, en se concentrant de nouveau sur son téléphone.

Le silence revient. Ma vision devient floue le temps d'une seconde mais je ravale mes larmes. À cet instant, son ignorance me fait sentir comme la pire personne sur terre. Je me sens si stupide, tellement stupide.

Trois petits coups sur la porte m'extirpe de mes pensées. Mais je ne bouge pas et continue à la regarder manger cette foutue salade sans goût.

Je soupire, déçue.

Une larme coule le long de ma joue. Chaque battement de mon cœur est comme un coup de poignard, mais je fais taire mes émotions pour pouvoir ouvrir la porte.

– Salut toi, prononce-t-il.

La porte est à moitié ouverte lorsque son visage apparaît dans mon champ de vision. Faire taire ce que je ressens devient compliqué. Une immense inquiétude s'ajoute à la liste. Il ne le sait pas, mais il vient d'entrer dans un champ de mines.

– Qu'est-ce que tu fais là ? demandais-je, jetant un coup d'œil derrière moi.

Il hausse les sourcils, mais son sourire ne s'envole pas. Mon cœur bat, comme il ne l'a jamais fait. Son parfum m'enveloppe et je me demande qu'est-ce qu'il est en train de me faire...

– Eh bien, ne te retiens pas de dire que tu ne veux pas me voir...

Je m'abandonne à ses bras. Je m'abandonne complètement et je me laisse me sentir aimé comme je ne l'ai jamais été.

Je suis misérable, mais la misère aime la compagnie.
N'est-ce pas ?

J'inspire longuement. Ses bras s'enroulent autour de moi et me serrent avec une force et un amour enivrant. Cette étreinte me suffit pour me rendre addict car je sais que lorsqu'il s'éloignera, ma réalité me frappera et que je serais en manque, en manque de cet amour, de cette douceur.

Chuchotement d'un AngeWhere stories live. Discover now