CHAPITRE 2

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« Le masque est si charmant que j'ai peur du visage. »
— Musset

ISABELLA.

Mon corps se courbe alors que je tente de reprendre ma respiration. Le froid me coupe le souffle, alors je ferme les yeux et grimace. Je suis suante et tremblante. En somme, je suis épuisé.

– Recommence.

Je ne l'écoute pas. Sa voix n'est qu'un lointain chuchotement. Je prend volontairement un instant de répit car si je recommence, mon coeur va finir par exploser. Mes muscles sont tendus, ils brûlent. C'est infernal.

Ce n'est pas parfait, je le sais et ça me frustre plus que tout.
Qu'est-ce qui ne va pas avec moi aujourd'hui ?

Je dois me ressaisir. Je ferme alors les yeux et prend une grande bouffée d'air. J'expire longuement. Je fais le vide dans ma tête, ce n'est pas le moment de stresser. Je me redresse, lève la tête et me tiens droite. Je tends les bras et me remet finalement en position.

Je soupire profondément avant de m'y remettre.

¡ Carajo ! Isabella, tu fais n'importe quoi. (bordel.)

Je m'arrête de nouveau. Mes poumons gonflent de rage. Mes ongles s'enfoncent avec puissance dans mes paumes de main. Je plante mon regard dans le sien et suis prise de violents frissons dans tout mon corps. Elle est énervée, bien plus que ce matin.

– Reprends-toi, immédiatement. Ce n'est pas comme ça que tu remporteras le championnat, dit-elle, en haussant le ton.

Mes ongles continuent de s'enfoncer avec violence, je commence à sentir la douleur de mon geste.

Mes mouvements sont horribles !

Mes pas me semblent plus lourds les uns que les autres. J'ai l'impression d'être un enfant venant pratiquer pour la première fois de sa vie. C'est affreux.

Elle relance la musique depuis le début. Je me lance immédiatement. J'enchaîne les sauts, toujours aussi insatisfaite du résultat. Je ne me vois pas, mais je sais que c'est un carnage.

Ma mâchoire se contracte alors qu'une douleur terrible me plie en deux. Je ferme les yeux brusquement alors que mon dos rentre en contact violent avec le sol glacé.

Je viens de foirer ma réception. Je grimace sous le coup de la douleur tout en cherchant à reprendre mon souffle.

Pathétique.
Je suis pathétique.

Mes muscles sont tendus, ils rendent mon corps atrocement lourd. J'ai l'impression de peser une tonne. Mes pieds me font mal, terriblement mal. Je ne préfère même pas m'imaginer leur état. Ils doivent être lamentables, tout comme moi.

– Ce que tu viens de me montrer Isabella n'a rien de gracieux ! Tout est complètement horrible. C'est un désastre total, me crie-t-elle.

Ferme-là.
Pitié, tais-toi.

Je sais que je ne suis pas parfaite.
Merde.

Je ne suis pas parfaite. Bordel. Que se passe-t-il ? Hier pourtant, tout était parfait. Aujourd'hui j'ai la sensation d'être une vulgaire novice. Je dois me reprendre, sinon je suis foutue. À tout jamais.

Je reste sur la surface gelée, les paupières closent. J'essaie de me détendre, le plus possible. Mon seul mot d'ordre à l'heure actuelle est, et sera: perfection.

Je me relève et respire profondément. Je rouvre finalement les yeux. Mes mains viennent douloureusement se poser sur mes cuisses. Quelques secondes passent avant que je ne referme les yeux.

Chuchotement d'un AngeWhere stories live. Discover now