Chuchotement d'un Ange

CHAPITRE 13

Avertissements : attention, ce chapitre comporte des scènes pouvant heurtées la sensibilité de certains. La mention de : violence physique, pensée suicidaire et tentative de suicide sera présente. Faites attention à vous, et bonne lecture, ℰ.

« Saute... et laisse-toi pousser des ailes
pendant ta chute. »
— Ray Bradbury.

ISABELLA.
✩

Un silence absolu règne dans la patinoire. Je ferme les yeux tout en reprenant le contrôle sur moi-même. Je me courbe pour pouvoir retirer la protection de mes lames. La tête haute, je fais mon entrée sur cette glace qui n'attendait que moi. Les lumières sont tamisées, laissant seulement apparaître mon ombre.

Sur mon visage se lit une concentration extrême, montrant que je n'ai pas peur. Des années que je peaufine mon art, aujourd'hui je l'offre au monde avec joie.

– Veuillez accueillir notre prochaine patineuse représentant le club centre de Caracas, Isabella María Ruiz, annonce la voix du présentateur.

Une décharge de frisson s'empare de mon corps en entendant le public devenir bruyant. Mon coeur bat à une vitesse folle, mais je matient un sans froid absolu sur moi-même. Un peu de patience et je pourrais complètement me perdre sur scène.

Le bruit de mes lames qui glissent sur cette glace résonne dans l'entièreté du stade. Avant de me mettre en place, je fais un rapide tour de la patinoire, tout comme les autres concurrentes avant moi.

Les bras le long de mon corps, j'arrive au centre de la patinoire, dos au public. Doucement, les néons blancs se posent sur moi et les premières notes de la musique atteignent agréablement dans mes oreilles.

Je lève la tête, laissant les lumières m'aveugler. À présent mon unique objectif est de devenir un magnifique cygne noir. Je laisse la déchéance m'envahir et la noirceur me pourrir. J'ignore les chuchotements de mon ange gardien, celui qui essaye, en vain, de m'empêcher de pêcher.

Qu'importe. Je dois plonger dans les abysses les plus profonds sans jamais regarder en arrière.

Ma poitrine gonfle, je retiens mon souffle alors qu'une expression innocente se dessine sur les traits de mon visage. Mes bras se lèvent, tentant d'atteindre les cieux.

Le Lac des Cygnes.
Tchaikovski

D'une grâce divine et ironiquement démoniaque mes muscles se mettent à reproduire la chorégraphie. Un feu céleste se répand dans ma poitrine, alors que le froid enveloppe mon corps qui s'envole dans le ciel, essayant désespérément de me défaire de la malédiction, de redevenir un parfait cygne blanc.

Je réalise les premiers mouvements de sauts, enchaînant de parfait petits sauts au rythme calme de la musique. J'exécute une première rotation à la perfection pour mettre en avant le côté angélique du cygne blanc.

J'inspire un grand coup avant de prendre de l'élan en me positionnant parfaitement à la mélodie rapide de la mélodie. Je patine, opposée au sens du vent, avant de lever ma jambe gauche afin de pouvoir faire pivoter mon corps. Je répète ce même mouvement deux fois avant de finalement faire appel sur ma jambe gauche, je concentre tout mon poids sur celle-ci afin d'effectuer une rotation en plein vol puis de me réceptionner sur ma jambe droite.

Le double salchow.

Les applaudissements du public résonnent dans toute la patinoire et je sens mon cœur exploser car cette sensation est sublime. Une fierté divine se glisse dans mes veines. La musique s'accentue dans un rythme bien plus grave et effréné. Ma respiration s'alourdit, mes oreilles se bouchent et je sens que ma transformation en cygne noir est en train de se finalisée.