Chapitre 10

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Nastia

    Quand on est arrivé dans la maison – ou plus exactement, la villa – de Ben, je ne m'attendais pas à trouver des gens entrain de vomir dans le jardin...à 21h. Normalement une fête commence à peine à cette heure-ci. Mais pas pour Ben Archibald.

    Dans la demeure, la musique résonne à plein tube. Les gens dansent, boivent et j'en vois même jouer au Beer Pong. Joy et moi fendons doucement la foule jusqu'au comptoir qui sert de bar. Elle nous sert deux verres de bière, et on part s'installer sur l'un des grands canapés modernes du salon. Il n'est pas aisé de se faire une place, mais on finit par y parvenir. Sur la place accolée à la mienne se trouve un couple qui s'embrasse de plus en plus ardemment. Mais qu'est-ce que je fais là bon sang.

    Joy étant ce qu'elle est, elle est déjà en train de discuter avec ses voisines. On notera toutefois qu'elle a eu une bien meilleure place que moi, mais passons. Je penche ma tête pour essayer de prendre part à leur discussion. Mais au final je décroche bien vite. Je crois comprendre ces filles sont dans le même cursus que Joy, si je m'en réfère à leur discussion sur la gestion des réseaux sociaux.

    Au bout d'un moment, l'hôte de la soirée fait son apparition et dégage le couple près de moi pour prendre leur place. Il m'adresse un sourire tandis j'essaye d'ignorer les frissons de gènes qui parcours mon dos face à sa présence.

- Tu es venue finalement, commence-t-il.

- Comme tu peux le constater, dis-je en fuyant son regard.

    Je ne saurais pas l'expliquer, mais il y a un truc qui me dérange chez lui. Il y a quelque chose de malsain qui émane lorsqu'il parle.

- Au fait, j'ai un copain à te présenter. C'est lui qui a insisté pour que je t'invite ce soir, ajoute-t-il tout en fixant ma poitrine.

    Mais quel gros porc. Et encore, ce serait insulter les cochons que de les comparer à ce pauvre type.

- Désolé mais je ne suis pas intéressé, je suis déjà prise, expliqué-je.

    C'est évidemment faux, mais cela il ne le saura pas. Généralement, c'est un prétexte qui marche toujours bien pour faire fuir les mecs dans son genre.

- En réalité tu le connais déjà. Apparemment il veut prendre de tes nouvelles, ou une connerie du style, élude-t-il. 

    Mon corps se met en alerte. Je ne connais qu'un seul homme qui pourrait trainer avec quelqu'un comme Ben. Mais c'est impossible que ce soit lui, aux dernières nouvelles il devait partir faire une année d'échange à l'étranger. Je fronce les sourcils, dans l'attente qu'il m'en dise plus.

- Il t'attend à l'étage, se contente-t-il d'ajouter.

- Et tu as vraiment cru que j'allais partir m'isoler dans une pièce avec un homme dont je ne connais même pas l'identité ?

    Je lui rirais bien au nez si je n'avais pas cette impression désagréable qui me colle à la peau. Je ne la sens pas du tout cette histoire. Je me retourne vers Joy, mais Ben m'interrompt en posant sa main dégueulasse sur mon bras.

- Suis-moi, on ne va pas le faire attendre plus longtemps.

    Je tente de résister mais j'ai la tête qui tourne à cause de l'alcool que j'ai bu trop vite, et le temps que je reprenne mes esprits on est déjà dans les escaliers. Je le prend de court en lui balançant un violent coup de genoux dans ses précieuses parties géni-tales. Il ne l'a pas volé celui-là.

- Espèce de...

    Je n'entends pas la suite. Je ne distingue plus rien à part lui. Il est en haut des marches et il me fixe. Il ne devrait pas être là, et je devrais déjà être en train de partir. Mais il descend vers moi, et je reste paralysée jusquà ce qu'il soit à ma hauteur. Mon corps n'obéit plus aux ordres que mon cerveau lui lance.

- Tu ne viens pas me saluer, Nastia ?

    Il a prononcé mon nom des dizaines de fois, mais cette fois est différente. Peut-être parce qu'il ne devait plus jamais avoir le droit de le prononcer. Je recule, oubliant que je suis dans un escalier, et mon pied part à la rencontre du vide. Mon corps se fait aspirer vers l'arrière dans une chute brutale. Ou peut-être est-ce seulement son regard qui me donne l'impression de plonger dans un gouffre infini ?

    Non. Je sens du sang coulé le long de ma tempe, la chute était réelle. Mais je ne parviens pas à reprendre pied avec la réalité. C'est comme si j'étais déconnecté de tout. Je sens qu'on me secoue doucement les épaules, et je crois entendre quelqu'un m'appeler, mais c'est trop tard. Je ferme les yeux et me laisse emporter dans ce silence qui m'emmène loin de celui que j'aurais préféré ne jamais revoir.

Our Broken LoveWhere stories live. Discover now