PROLOGUE

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CLARK

C'est avec l'art que je suis née. C'est avec l'art que je mourrais.

Londres, 30 juin

- C'est fini.

- Ok.

- Ok ?

Oui Ok. C'est Finn, ce n'est pas non plus l'amour de ma vie, le mec de mes rêves. Alors oui, c'est un bon coup. Oui, il va me manquer mais non je ne vais pas pleurer toutes les larmes de mon corps, m'effondrer ou lui faire une crise au milieu de ce parc.

- Donc tu pars pour Boston ? je demande.

- Oui. Mon père a décidé que l'art ne rapportait pas d'argent et qu'être avocat rendait riche et célèbre.

- Et tu n'as pas envie de dire fuck à ton père ?

Je n'ai pas de père alors c'est facile à dire. Enfin, pas vraiment de parents. Disons que depuis que j'ai fini le cursus obligatoire et que j'ai intégré le Camberwell College de Londres, j'ai été rayée de la lignée familiale par ces mêmes parents.

- Ce n'est pas si facile. Mon père finance mes études, je n'ai pas d'argent de côté pour vivre et je n'ai pas une grand-mère qui me subventionne, termine-t-il en me donnant un coup de coude dans les côtes.

Je ne lui en veux pas. Il a raison. Si ma grand-mère n'était pas là, je trimerais pour bosser à côté des quarante heures hebdomadaires de cours. Je penserais surement à vendre mes pieds sur internet et à devenir une poule de luxe que l'on trimballe à des soirées chic pour exposer une femme à son bras. 

En revanche, ce que Finn ignore c'est que je compte bien rembourser ma grand-mère quand je serai riche et célèbre parce que oui, je compte bien l'être avec de l'art.

Je croise les bras derrière ma tête et m'allonge à même la pelouse. J'aime ces journées d'été, celles où la saison débute et où il ne fait pas encore trop chaud pour profiter du temps londonien.

- Tu vas revenir en Angleterre un jour ?

- Dès que Harvard est fini. Je pourrais t'aider quand tu auras escroqué tous tes fournisseurs.

- Donc, du droit d'entreprise...

- J'ai au moins pu choisir ma spécialité. Avec mon double cursus, je peux rejoindre l'Amérique sans redoubler et donc sans allonger ma peine.

Un double cursus. Soit des soirées entières à bosser sur du droit, des journées sur des sculptures et des vacances qui n'en sont pas. Je ne compte pas le nombre d'heures que j'ai passé avec Finn sur son lit pour le faire réviser. On aurait pu s'envoyer en l'air, aller danser et profiter de la vie. Je l'ai fait, mais sans lui, et certains soirs, je l'accompagnais dans sa peine. C'était le deal avec son père pour qu'il puisse continuer ses études en art mais il faut croire que la fin du premier cycle est arrivée et qu'il n'aura pas la possibilité de continuer par un master.

- Tu pars quand ?

- Demain.

Je me redresse d'un coup et lui frappe le ventre. Il s'étouffe presque tout en se relevant.

- Tu me largues la veille de ton départ !

- Ne fais pas la fille surprise, tu as à peine réagi quand je t'ai dit que c'était fini.

- Donc tu as fait tes cartons dans mon dos, tu as tout organisé et je ne peux même pas venir au petit matin pour te réveiller avec délicatesse.

- Avec délicatesse... Depuis quand se faire réveiller par une fille qui saute sur ton lit s'appelle de la délicatesse ? Je dirai plutôt avec brutalité.

Ruthless ThornWhere stories live. Discover now