CHAPITRE 19 - DOMINER OU ÊTRE DOMINÉE

36 6 0
                                    

Clark

- Tu as fini tes achats de noël ?

Je lève la tête et découvre Liz derrière son bureau en train de mâchouiller une énième canne de sucre d'orge rouge et blanche. Je ne sais pas comment fait cette femme pour ne pas prendre un gramme alors qu'elle dévore des sucreries à toute heure de la journée et ce, dans le dos de nos patrons.

- J'offre de l'amour. C'est gratuit et ça dure toute l'année, je réponds en me levant pour rejoindre son bureau et lui piquer un bonbon dans son pot à crayon.

- Tu es radine, quoi.

- Je ne suis pas radine, je suis fauchée. C'est différent.

Je me rassois derrière mon bureau en face de celui de Liz en repensant à la soirée d'hier. Logan m'a défendue de remettre cette robe noire mais il ignore qu'elle me rapporte énormément d'argent. Qui aurait cru que la période de noël serait le meilleur moment pour se faire accompagner ? A croire que toutes les entreprises et tous les évènements se regroupent au même moment de l'année et que les hommes sont incapables de se trouver une femme sans avoir recours à l'application.

Noël, je t'aime. Tu me permets de remplir mon compte en banque.

- Comment tu peux être fauchée avec le salaire que l'on gagne ? Je suis à mi-temps dans ce cabinet et je peux couvrir mon loyer et mes dépenses alimentaires.

Je croise les doigts sous mon menton et plisse les yeux tout en la regardant.

- Je suis une acheteuse compulsive, je chuchote. J'aime les sacs de luxe, m'habiller avec du sur-mesure et voyager à travers le monde sur des bateaux qui dépassent la taille du Titanic.

- Mon coeur. Ton sac Hermès est le même depuis des années. Tu achètes tes tailleurs sur Oxford Street et ton teint est toujours aussi blanc depuis que je te connais.

Je m'adosse dans mon fauteuil sans la quitter du regard. Heureusement que nos patrons sont partis en rendez-vous sinon nous aurions le droit à des regards noirs et nos primes de noël qui sautent comme des petits pains sortant du grille.

- Je ne l'ai jamais dit à personne mais... je passe mes nuits au casino.

Liz sourit et se met même à rigoler.

- Tu ne sais pas mémoriser une information plus de deux heures et tu veux me faire croire que tu seras jouer au poker ? Clark, tu es géniale comme fille mais dans le genre mémoire amnésique, tu frôles les champions du monde.

- C'est faux. C'est simplement que je retiens les informations qui me sont utiles.

- Comme le fait qu'il existe des statues immergées au large du Mexique parce qu'un artiste a voulu créer un musée sous-marin ?

- Premièrement cet artiste s'appelle Jason Decaire Taylor. Deuxièmement, son idée est brillantissime et pour couronner le tout, le monde de l'art est bien plus attrayant que celui des factures et des mails.

- Bref, fais ce que tu veux de ton argent, ça ne me regarde pas mais s'il te plaît, ne finis pas dans les rues de Londres en plein hiver.

- Parce qu'en été, ça ne te poserait aucun problème ?

- J'aurai moins de mal à t'héberger.

La sonnerie de l'ascenseur retentit, on jette nos bonbons à la poubelle avant de se redresser le plus rapidement possible. Ni vu, ni connu, c'est comme si nous étions des employées modèles à vivre vingt-quatre heures sur vingt-quatre derrière nos bureaux comme de parfaites secrétaires.

- Mesdames, votre journée est finie pour aujourd'hui. On se revoit dans une semaine. Passez de belles fêtes de fin d'année.

Liz me regarde. Je la regarde. Ce n'est pas possible. Nos patrons ne sont pas du genre à nous faire des faveurs aussi extrêmes que nous faire partir plus tôt. J'ai l'impression d'être une collégienne dont son professeur est absent. C'est noël avant l'heure.

Ruthless ThornWhere stories live. Discover now