CHAPITRE 3 - PROCHES ENNEMIS

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Clark

Je n'ai qu'une envie : m'échapper de cette soirée pour rejoindre Jimmy au bar.
Après lui avoir fait les yeux doux pendant une heure, il a accepté que je fasse la fermeture avec lui et, en prime, de me payer. En soit, j'aurai assez d'argent pour couvrir un loyer et les dépenses basiques avec mon salaire de secrétaire mais la sculpture est un art qui nécessite des fonds et c'est bien dans la poche de mon partenaire de soirée que je compte en trouver quelques uns. Si monsieur sans un pli sur les vêtements est gentil, je pourrai même renouveler l'occasion de l'accompagner et d'être payée gracieusement.

Mille livres de l'heure. Il faut être sacrément riche pour accepter une proposition aussi indécente. Sur le site, c'est moitié prix par rapport à mon tarif alors soit il ne connaît pas les bons plans d'escorte, soit il aime se faire plumer comme un coq sur le point de se faire enfourner.

- Bon, le plan, c'est on rentre, on donne quelques sourires et on se casse.

Quelle amabilité. Je suis étonnée que monsieur n'est pas déjà une bague au doigt avec une femme qu'il a déjà fourrée de marmots. Non mais quelle blague. Il ne peut pas avoir un minimum de tenue et de vocabulaire ?

Je hoche la tête tout en le laissant nous conduire vers l'intérieur du bâtiment. Façade en pierres blanches, service de voituriers, majordome à l'entrée, hall d'entrée orné d'un lustre en cristal, salle de réception remplie avec des serveurs bien distingués des invités, il n'y a pas à dire, ici l'argent pleut plus que dans le pays. Jimmy n'avait pas tort. A ce prix, j'accepte volontiers de boire du vin hors de prix et qu'il me touche le cul une ou deux fois dans la soirée.

Soyons honnêtes, il y a bien le tissu de ma robe entre nous. Ce n'est qu'une main et vu le prix qu'il paye, ce sont les règles que je suis obligée d'accepter. Dans la vraie vie, je lui aurais mis mon poing dans la tronche avant de l'insulter de tous les noms mais ici, je n'ai plus de droit, ni même celui d'avoir de l'audace.

- Champagne ?

J'accepte la coupe qu'il me tend tout en positionnant ma pochette sous mon bras droit.

Autant lui que moi, nous sommes sur une phase d'observation. Tous les invités sont habillés sur leur trente-et-un. Je connais leur posture, le dos droit, les lèvres qui dévoilent un faux sourire, une nonchalance cachée derrière une attitude qui essaye de dévoiler une amabilité mais on le sait tous, ici, c'est chacun pour soi. Chacun vient avec un plan d'attaque et tels des requins au milieu d'un banc de maquereau, ça va être à celui qui en attrape le plus. Qui sont les requins, qui sont les maquereaux, seule la suite de la soirée pourra nous le dire.

- Allons-y qu'on en finisse.

Je jette un coup d'œil dans sa direction. Il a le regard d'un requin. Liz avait raison quand elle m'a dit que son patron était un homme arrogant et prétentieux. Il a tout l'attirail pour l'être. La posture, la voix, le ton hautain et hispanique, le visage fermé et imposant. On sent que la contrariété ne fait pas partie de son quotidien.

- Clark, je vous présente Keen.

- Enchantée, je réponds aimablement.

Que le plongeon dans le bain de la prétention commence !

Je lui tends ma main alors qu'il reluque mon décolleté. Il la serre et ne masque pas son étonnement au moment de toucher ma peau. Elle fait cet effet à tout le monde. Ils pensent tous que sous prétexte d'être une femme, j'ai la peau douce et délicate alors que l'intérieur de mes mains est rugueuse et calleuse à cause du taillage de pierres que j'effectue toutes les nuits.

- Quelle belle compagne vous avez dénichée.

Connard ! Tu veux bouffer mon talon ? Sinon je peux aussi te le mettre dans le dernière comme un suppositoire. Tu vas sentir comment la belle compagne peut être virulente.

Ruthless ThornOù les histoires vivent. Découvrez maintenant