CHAPITRE 18 - BRUTALE VÉRITÉ

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Clark

Parfois, j'ai l'impression d'être une coquille vide, une cage thoracique sans cœur, une journée sans soleil et j'ai ce trou, ce besoin à combler. Alors j'ai développé des techniques, pas des meilleures, pour cimenter cet espace. Le ciment ne dure jamais, il s'effrite au cours du temps et je recommence.

Je sais que ce n'est pas bon. Je le vois aux regards que les gens me portent, à leur façon de me parler, de me voir, de m'aborder mais ils comblent ce vide.

Je sens leurs mains sur mon cœur, le besoin de provocation pour oublier qu'à l'intérieur, c'est creux.

Je m'habille en prenant les premiers habits au petit matin, j'enfile un trench et je me dis que cette arnaque esthétique rattrapera bien le coup. Je prends mes clés, mon sourire et je vais toujours au même endroit.

Le bar de Jimmy.

Il y aura toujours une proie prête à reboucher mon coeur avec un peu de peau.

On se sourit, se regarde, s'aborde, se parle jusqu'à se toucher et que nos corps ne fassent plus qu'un. Je sens sa peau contre la mienne, sa chaleur remplit mon espace et j'oublie.

J'oublie que je suis seule, saoule, abandonnée, ivre et complètement larguée par moment. J'oublie que ma famille n'est qu'une feuille d'arménie que l'on a brûlée. J'oublie que le temps passe et que je ne change pas. J'oublie que j'avais des résolutions, des rêves inatteignables. J'oublie que le bonheur se trouve dans les petits moments de la vie quotidienne, que la destination ne fait pas le voyage mais que le chemin est ce qui fait briller vos yeux à la fin. J'oublie que les habitudes doivent être déconstruites, que les stéréotypes sont faits seulement pour se rassurer et qu'ils doivent être abandonnés à un moment. J'oublie qu'il ne faut pas s'enfermer dans son confort, qu'il faut aller voir ailleurs. J'oublie que l'attaque n'est pas la meilleure des défenses. J'oublie que mener une conversation, ce n'est pas mener toute une relation.

J'oublie tout ça parce que j'ai ce trou en moi qui demande à être comblé ou anesthésié.

Alors quand je sens Logan derrière moi, que je sais qu'il me suit dans les rues de Londres, les mains dans les poches de son trench en cachemire et le pas léger, j'ai envie de me retourner. Je veux le provoquer, le bousculer, le frapper et le toucher parce que je sais qu'il me fera abandonner mes idées noires. Je sais que ses mains seront comme un pansement le temps d'un instant. Je sais qu'il jouera à mon jeu et qu'il ne verra pas ce qui se cache derrière le masque de marbre que je me suis forgée.

La vérité c'est que la solitude ne me va pas.

- Tu comptes me suivre longtemps ? je finis par demander.

- Jusqu'à chez toi.

- On ne couchera pas ensemble, Wolf.

- Ce n'est pas ce que je veux, Loïs.

Je me fige subitement, me retourne et m'aperçois qu'il est vraiment là, à quelques centimètres de moi.

- Qu'est-ce que tu veux alors ?

- M'assurer que ma cliente rentre chez elle avant de faire une connerie.

- Une connerie ?

- Comme coucher avec le premier venu.

Ma main part, frappe sa joue et sa tête bascule sur le côté. Il la saisit aussitôt avant de me plaquer contre le mur le plus proche à notre droite.

- Ne recommence jamais, siffle-t-il.

Ses yeux sont noirs, son visage fermé et sa voix dure. Son corps est beaucoup trop proche du mien, beaucoup trop imposant, ferme, dominateur. J'ai envie de m'y laisser aller mais j'ai une image à tenir alors je ne cède pas comme je l'aurai fait avec un autre. Puis la provocation reste la meilleure des options.

Ruthless ThornOù les histoires vivent. Découvrez maintenant