CHAPITRE 11 - MAUVAISE JOURNÉE

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Clark

C'est une semaine catastrophique qui se termine en beauté. Rien ne va depuis que j'ai perdu Loïs. Quand je dis que c'est mon porte-bonheur, je le crois et les faits sont véridiques. Ce matin, mon café s'est répandu sur mon chemisier, puis je l'ai changé pour que mon dentifrice prenne la relève dessus. Au travail, mon ordinateur a décidé de planter pour ensuite que mon écran s'éteigne et se mette à faire des grésillement. L'informaticien l'a dit : « Ce n'est pas de votre faute, c'est une mauvaise connexion ». Tu parles. La chance, elle s'est volatilisée depuis que Logan Dane est arrivé chez moi au beau milieu de mes petits plaisirs personnels.

Mais ce n'est pas fini. A la pause déjeuner, une femme me passe devant et achète la dernière salade en vitrine dans tout le quartier. L'ascenseur décide de ne plus fonctionner dans l'intervalle horaire exact où je dois aller déposer du courrier, pour cause d'entretien annuel, et à dix-huit heures, mon patron décide que c'est l'heure de me donner la liste des mails à envoyer avant le week-end. Je donne dans le mille, on est vendredi.

Alors quand je m'assois face au bar et que je commande un mojito avec une dose supplémentaire de citron, je m'attends à ce que le serveur me dise « nous n'avons plus de citron. ». Mais il se contente d'acquiescer. Apparemment ma tronche communique assez pour moi.

Je laisse tomber mon front contre le comptoir et attends. Je ne sais pas ce que je dois attendre. Sans doute que la soirée prenne un meilleur tournant que l'homme que j'ai dû accompagner à son gala de charité pour faire bonne impression auprès de sa famille soit finalement l'homme de mes rêves. Tu parles, je ne suis pas Pretty Woman.

Oui, je propose encore mes services sur l'application minable « Sors-moi ». J'ai besoin d'argent. Je ne sais pas comment je vais finir ma sculpture, ni même comment je vais payer Logan si on perd le procès ou encore même si j'ai assez d'argent pour m'offrir ce mojito.

- Sale journée ?

Je lève la tête vers l'homme en jean et tee-shirt noir qui s'installe à côté de moi.

- Si c'était seulement la journée. Vous connaissez une sorcière qui inverse les mauvais sorts ?

- Non mais je peux vous aider à mieux finir la soirée.

Le serveur glisse mon verre dans ma direction et je m'en empare comme s'il s'agissait du meilleur nectar. Que les dieux bénissent le rhum et l'invention du mojito.

- Votre copain vous a largué ?

Je lève un sourcil dans sa direction. Petit un, je ne comprends pas pourquoi tout le monde me parle d'un copain comme si j'étais du genre à m'engager dans une relation sérieuse. Petit deux, pourquoi c'est moi qui me ferais larguer ? Et petit trois, il se prend pour qui à me mater ouvertement comme si j'étais une marchandise ?

- Non.

- En tout cas, l'homme que vous accompagniez rate sûrement quelque chose. Votre robe est ravissante.

Ma robe. Donc la robe noir à fines bretelles qui descend jusqu'à mes chevilles avec une fente sur le côté et qui baille légèrement au niveau de ma poitrine est tout ce qui l'intéresse. Certes, je suis dans un bar où il n'est pas d'usage de porter ce genre de vêtements mais j'ai eu une journée merdique. Je mérite bien d'aller où je veux, habillée comme je veux.

Je me contente de lever mon verre et de le remercier. Je ne suis pas d'humeur à jouer sur les mots et à faire valoir mes convictions féministes ce soir.

- Merci.

- Vous êtes du coin ? Je viens d'arriver en ville et je ne connais pas encore les bons plans.

Ruthless ThornOù les histoires vivent. Découvrez maintenant