CHAPITRE 21 - RENCONTRE INATTENDUE

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Logan

Il y a cette fille à cette table dans ce bar. Elle est assise sur la terrasse, les lunettes de soleil noires fumées sur le nez qui lui cachent la moitié du visage. Elle porte un short en jean, un tee-shirt sans manche kaki. Elle n'a pas de soutien-gorge sous son tee-shirt. Tout le monde peut voir ses tétons rebondis par la chaleur du pays. Elle sirote son cocktail alors qu'il n'est que dix heures du matin. Elle ne dit rien, ne parle à personne. Elle se contente simplement de regarder devant elle. On ne voit pas ses yeux et pourtant, elle semble perdue dans ses pensées.

Ma soeur m'attrape par l'épaule en pleine rue, mes neveux me racontent leurs derrière aventure dans la cénote qui se situe à quelques kilomètres de chez eux et ma mère... elle ne dit rien. Elle observe. Elle suit mon regard, je sens la réprimande, les questions qui se bousculent sur le bord de ses lèvres mais elle ne dit rien. Elle reste aussi silencieuse que cette femme sur cette terrasse.

- Alors Londres ? Il pleut toujours autant et tu manges du rosbeef ?

Je grogne. Je râle. Ma sœur qui reste coincée au Mexique n'a qu'une envie : partir à la découverte du monde. Je me promets intérieurement qu'elle y arrivera, qu'il n'y en a plus pour longtemps. Si mon plan garde la direction que je lui ai donnée, ce n'est qu'une affaire de mois voir même de semaine. Elle pourra venir à Londres, Paris, New York ou même en Espagne comme elle en a toujours rêvé. J'offrirai à ses gamins les meilleures vacances, le visa le plus diplomatique qu'il soit. Fini les courses aux papiers administratifs, les journées à passer de bureaux en bureaux pour ne recevoir que des retours négatifs. Il est temps que l'aiguille tourne en notre faveur.

- Tu n'es pas très bavard. C'est ta nouvelle copine ? Elle te manque ?

Je grogne, je râle.

- Je n'ai pas de copine et arrête de te faire des illusions.

- Je ne me fais aucune illusion et maman non plus mais on a bien senti un changement dans ton... aura.

Elle mime un nuage autour de mon corps. Ses mains heurtent au passage plusieurs passants auprès desquels elle s'excuse brièvement.

- Je n'ai pas changé.

- C'est ce que dit un homme qui cache quelque chose.

Je l'attrape par l'épaule, l'embrasse sur la tempe sans aucune délicatesse. Elle râle, me repousse en me frappant le torse mais elle ne dira jamais qu'elle adore ce genre de geste affectif.

- Et toi ? Tu as trouvé un père pour tes morveux ?

- Ne les appelle pas comme ça.

- Pour Tom et Jerry.

J'ai le droit à une nouvelle pluie de coups tous aussi innocents les uns que les autres. Ses fils sont simplement deux ressorts qui se tournent autour sans jamais s'attraper. Actuellement, ils sont en train de courir dans la rue commerçante, surchargée de monde, tout en se promettant de faire manger le sable à l'autre.

Ma soeur les regarde, soupire. Elle n'est pas vexée par ma remarque sur ses enfants, ni même sur la possibilité de trouver un mari parce qu'elle en rêve. Un gars bien qui aime sans limite, qui est prêt à aller au fin fond de la forêt pour sauter à pied joint dans le noir en espérant que le cailloux qu'il a lancé avec les enfants soit bien tombé dans l'eau et non sur le sol dur. Elle rêve d'un homme aussi fou que ses fils qui lui fasse redécouvrir le goût des interdits et la folie douce d'aimer.

- Non. Les mecs d'aujourd'hui se font tatouer en hurlant, surfent sans prendre le large et nagent dans une aussi translucide que l'air.

Ma mère s'arrête puis me regarde. Elle regarde ma sœur, les enfants qui courent dans la rue avant d'ordonner à Mégan d'aller faire quelques courses à plusieurs mètres. Ça ne sent pas bon.

Ruthless ThornWhere stories live. Discover now