CHAPITRE 22 - PANIQUE EN MER

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Clark

Pourquoi ne suis-je pas partie en vacances depuis six ans ? J'ai fait un petit tour d'Europe l'année suivant la fin de mes études mais le Mexique. Quel pays magnifique avec ses plages, sa végétation, sa culture, ses cénotes et ses montagnes. Je pourrais vivre ici. Je me lèverai le matin pour marcher le long de la plage, j'irai me baigner avant de prendre mon petit-déjeuner, ensuite, je passerai mes journées à sculpter le marbre avant de finir par une nouvelle balade et baignade. Je mangerai des enchiladas et du céviche tous les jours. Un régal pour les papilles.

Sans compter sur les reganadas, ces petits biscuits à la cannelle, que je mange à longueur de journée et de nuit.

J'en mange un nouveau au milieu de la nuit. Les étoiles parsèment le ciel, l'océan fait de petites vagues qui s'écrasent sur le sable, le vent souffle dans les herbes sèches derrière moi alors que je profite du spectacle sensoriel. Rien de mieux que de rester assise à même le sable, face à l'océan et à cette immensité qui vous engloutit.

Je ne sais pas pourquoi je ne suis pas partie plus tôt. Ma mère a sans doute été l'élément déclencheur, suivi de mon père, de leurs menaces et le besoin irrépressible de ne plus être dans le même pays qu'eux. Ils ne viennent qu'une fois en Angleterre dans l'année et c'est déjà trop. Noël a toujours été une fête étouffante et le fait d'être née un vingt-quatre décembre n'arrange rien.

Alors oui, ça fait des années que je trime pour les éviter, pour obtenir de l'argent de manière indépendante et sans faire appel au compte en banque que ma grand-mère m'avait obligé à posséder pendant mes études. "Pour le cas où...". Je ne voulais pas y toucher mais après la visite de ma mère, je n'ai pas résisté. J'ai pris le premier billet pour le Mexique. Je savais que Logan y serait. Le dossier est surement une excuse pour le voir parce que je suis incapable de voyager à l'autre bout du monde toute seule. Je n'avais pas envie de demander à Finn de m'accompagner. Il l'aurait fait. Il m'aurait suivi mais il aurait fallu que l'on se voit tous les jours, que l'on parle, que je réponde à ses innombrables questions silencieuses.

Quant à Jimmy, il m'aurait laissé vivre ma vie de mon côté mais je sens bien que ces derniers temps, quelque chose ou plutôt quelqu'un le retient pendant ses nuits et ses journées. Je ne veux pas être la cause d'une séparation ou d'un conflit.

Puis Eilen... Eilen a sa famille, son copain, sa vie bien rangée que l'on n'a pas envie de saccager pour une histoire de famille. Eilen est la perle que l'on veut protéger et à laquelle on serait prêt à armer ses poings pour la défendre. La douce Eilen. Si j'avais su en la rencontrant que nous deviendrons meilleure amie, je n'aurai pas parié un centime sur cette idée. Et pourtant... Il a suffi d'un repas partagé sur le banc d'un parc, d'un débat sur l'harmonisation des couleurs dans un musée pour que l'on finisse par habiter ensemble.

- J'étais certain de te trouver ici.

Je sursaute en entendant la voix à côté de moi.

Logan s'assoit dans le sable, croise les bras derrière sa tête avant de s'allonger, les jambes pliées. Il ne porte qu'une paire de baskets, jogging, un tee-shirt assez ample pour dissimuler son torse lorsqu'il est debout mais pas assez lorsqu'il est allongé et encore moins lorsqu'il est trempé de sueur. Ses cheveux bruns sont en bataille, son souffle légèrement rapide et même dans la nuit, on peut voir quelques rougeurs sur ses joues suite à sa course.

- Tu te shootes à l'air marin ou tu songes à comment me pourrir la vie ?

Sa question ne me surprend même pas. Après notre petite entrevue au bar, je m'attendais bien à ce qu'il passe à l'offensive.

- Je t'ai demandé de partir, Clark. De quitter ce pays.

- J'aime bien ton pays.

- Dois-je en conclure que tu me suis ? Quand je rentrerai à Londres, tu me suivras ?

Ruthless ThornWhere stories live. Discover now