WRAP ME IN PLASTIC ➹ minlix

🩷 chapitre 25

Après la petite discussion que Minho avait eue avec Felix, il avait été incapable de profiter de l'ambiance de la soirée. Son esprit ne cessait de vagabonder, il pensait à l'avenir, il pensait aussi au fait que Felix devait encore être dans cette chambre d'hôtel en compagnie de son client. Il pensait au message qu'il devait recevoir, et il espérait qu'il ne l'avait pas oublié. Mais s'il était occupé, il pouvait attendre longtemps… Il secoua la tête. Il ne voulait pas imaginer certaines scènes, ça lui faisait bien trop mal au cœur. Mais ses pensées semblaient prendre un malin plaisir à le torturer. Il ne pouvait pas imaginer Felix entre les mains d'un autre homme, dans ses draps, à prendre du plaisir et à lui en procurer.

— Hé, tu fais la gueule ?

Minho sursauta quand une main se posa sur son épaule. Il se tourna vers Jisung qui l'observait curieusement.

— Non, je… j'étais dans la lune.

— Ça arrive souvent en ce moment. C'est encore ce gars qui te perturbe ?

Il resta hébété un court instant avant de soupirer lourdement. Il en avait marre d'être aussi dépendant de lui, aussi dépendant de ses sentiments. Il avait parfois envie de tout oublier. Il aurait préféré ne jamais le rencontrer. Même s'il lui avait apporté beaucoup de joie, il ne faisait que le peiner jour après jour. Minho commençait tout juste à retrouver un peu confiance en lui en côtoyant Felix. Il avait été là pour le complimenter, pour le rassurer et même pour l'aider, mais il l'avait aussi fait se sentir bête. Il avait l'impression de ne pas être à la hauteur. L'amour qu'il ressentait pour lui était finalement vide de sens. À quoi servait-il ? À rien. Il se retrouvait là, le cœur à la fois rempli d'amour à donner et fissuré par la douleur.

— Hm, je suis complètement perdu.

Jisung lui tapota amicalement l'épaule, un sourire compatissant se dessina sur ses lèvres.

— T'as la possibilité de discuter avec lui ? Essayez peut-être d'avoir une conversation tous les deux, pour mettre les choses au clair une bonne fois pour toutes.

Minho hocha doucement la tête, il n'attendait que ça de pouvoir discuter sérieusement, mais si cela menait encore à la même conclusion que la dernière fois, à quoi bon ?  Cependant, Felix en avait envie lui aussi et s'il ne ressentait pas ne serait-ce qu'une infime chose pour lui, il serait seulement passé à une autre histoire.

— J'attends qu'il me recontacte, avoua Minho.

— Oui, t'as raison. C'est pas à toi de faire le premier pas, c'est lui qui doit prouver ce qu'il ressent.

— Ça m'angoisse.

Il soupira et Jisung se montra une fois de plus compréhensif et rassurant. Parfois, Minho se demandait pourquoi il n'avait pas cherché l'amour dans son entourage — même s'il n'avait pas d'amis ou qu'il sortait peu. Il aurait sans doute pu trouver quelqu'un avec qui passer de bons moments sans se casser la tête avec des histoires de prostitution. Comme s'il avait besoin de ça ! Certes, il n'avait pas une vie sociale qui faisait envie, mais avant il n'avait pas tous ces soucis et ces questions qui le tourmentaient.

— Je comprends. Et je suis là si t'as besoin de soutien. Tu sais, t'es un mec bien, si ce Felix ne sait pas le voir, c'est un idiot qui ne te mérite pas.

Minho haussa les sourcils, surpris par le compliment de son ami.

— À sa place, je serais flatté qu'un gars comme toi s'intéresse à moi.

Cette fois Minho fit de grands yeux ronds. Comment devait-il prendre cette information ? Était-ce une déclaration ? Il n'avait jamais vu Jisung autrement que comme un collègue, et désormais un ami. Et même s'il le trouvait sympathique et plutôt mignon, il ne ressentait rien de similaire à ce qu'il ressentait pour Felix. Il n'était même pas certain d'avoir bien compris le sous-entendu — si sous-entendu il y avait.

Il se contenta de le remercier et ils continuèrent la soirée jusqu'à ce que tout le monde commence à repartir. Jisung raccompagna Minho chez lui, le trajet s'était passé silencieusement et avait été agréable. Durant tout ce temps, Minho avait réfléchi, beaucoup réfléchi. Il devait absolument revoir Felix pour être enfin fixé sur leur relation. Il lui fallait des explications, des réponses. Il fallait prendre des décisions.

Dans le hall de son appartement, Minho s'appuya contre la porte et soupira. Il était épuisé par toutes ces questions, par ces sentiments qui le rongeaient de l'intérieur. Pourquoi avait-il fallu qu'il jette son dévolu sur un cam boy ? Il aurait pu choisir quelqu'un de plus conventionnel, dont le métier ne finirait pas par poser problème. Oui sauf que même lui n'avait rien de conventionnel. Il ne sortait jamais, sa vie sociale se résumait à des interactions avec les clients ou ses collègues, et avant de rencontrer Felix il fantasmait sur des personnages fictifs. 

Une fois ses chaussures ôtées et sa veste déposée dans le placard de l'entrée, il traina les pieds jusqu'à la salle de bain. Il se doucha rapidement et retrouva son canapé-lit. Il gardait son portable près de lui, il ne voulait pas rater un message. À cette pensée, il expira bruyamment. Il en avait assez d'attendre à chaque fois après un signe de Felix. Il avait l'impression de ne pouvoir rien faire sans lui et ça le frustrait énormément. Mais tant qu'il ne savait pas à quoi s'en tenir, il resterait attaché à lui et à tout ce qu'ils avaient partagé.

Quand la notification tant espérée arriva, Minho se redressa d'un bond sur son lit et déverrouilla son téléphone avec empressement. Il avait reçu un message de Felix, alors il l'ouvrit.

« Je sais qu'il est tard, désolé, mais j'avais promis de te recontacter en rentrant. Il faut qu'on se voie, il faut qu'on parle. Je veux te dire tout ce que j'ai sur le cœur de vive voix. C'est important de tout t'expliquer et de pouvoir avoir ton ressenti, parce qu'il compte. Tu comptes pour moi Minho. Dis-moi quel jour et je serai disponible. J'espère que tu ne m'ignoreras pas. »

Le cœur de Minho se serra dans sa poitrine. Ce n'était que des mots écrits sur un écran et pourtant, il pouvait ressentir toute la détresse du jeune homme. Il avait l'impression que c'était un appel à l'aide et qu'il n'attendait qu'une chose : qu'il lui tende la main. Et Minho ne pouvait pas le laisser tomber.