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Cassidy
Juillet 2023

TW : Mention de tentative de suicide et d'automutilation

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TW : Mention de tentative de suicide et d'automutilation

Le sommeil ne vient décidément pas. Cela doit faire au moins une heure que Jules est rentré, et je n'ai pas osé me lever de mon lit pour aller le voir par peur qu'il me rejette. C'est bien la première fois que Jules est furieux contre moi à ce point, et j'ai presque même eu peur de lui. Je comprends son mécontentement, mais si je l'ai ignoré aujourd'hui, c'était pour le préserver –bien que ça soit difficile à croire— d'une vidéo qu'il ne voudrait pas voir, et moi la première.

Cette vidéo qui a fait voler ma vie en un éclat, et qui gardera une trace indélébile sur moi ; jamais, je dis bien jamais, je pourrais m'en remettre. Je suis sur le point de craquer et d'exploser. J'ai besoin d'en parler à quelqu'un, mais ce soir je ne pense pas à Jules, non. Je suis trop blessée à cause de lui ce soir. Mais en ce moment, je pense à Nate.

Je cherche mon téléphone (invisible dans l'obscurité de la pièce) en tapotant mon drap pour le trouver une dizaine de secondes plus tard, affichant une heure trente-six du matin. Je cherche rapidement son prénom dans mes messages et tape simplement : « Je crois que je suis en train de rechuter Nate », avant d'éteindre mon téléphone et de me laisser tomber sur mes draps.

Je ne sais pas de quoi j'ai envie en ce moment même ? Manger, dormir, me faire du mal, pleurer ? Et comme chaque début de rechute, je descends au rez-de-chaussée avec une idée en tête ; vider les placards. J'ouvre le premier tiroir à sucrerie et entame un premier emballage de biscuit pour les avaler d'une traite. La nourriture glisse difficilement dans ma gorge sèche, mais c'est la dernière de mes préoccupations ce soir. Je veux combler ce vide en moi.

Ce trou qui, même avec des biscuits semble insatiable. Mon regard dérive vers mon téléphone qui vient de s'allumer. Je me penche, prête à lire le message de Nate, mais ce n'est pas lui l'auteur de ce message. C'est Jules, qui me demande si ça va. J'hésite à répondre, puis en engloutissant le reste du second paquet de biscuits –ignorant cette nausée qui prend peu à peu possession de mon corps—mes doigts tapent une réponse brève, mais qui fait largement l'affaire :

« Oui. Et toi ? »

Pendant que j'attends sa réponse, je jette les paquets de biscuits vides dans la poubelle, espérant que leur disparition effacera également le vide en moi. Rinçant ma bouche à l'eau du robinet, je cherche à chasser le goût persistant de sucre et de regrets qui me colle à la langue.

Lorsque mon téléphone vibre, mon cœur palpite à toute vitesse. « Non, ça va pas. Est-ce qu'on peut parler ? ». Une bouffée de soulagement m'envahit. Pourtant, je me force à écrire, "Oui, on peut." Mes doigts hésitent sur le clavier, mais je presse "Envoyer" avant de changer d'avis.

Le silence s'installe, interrompu seulement par le bruit de l'eau qui coule dans l'évier. Les minutes semblent s'étirer, mais finalement, Jules répond, "Viens dans ma chambre. On peut parler face à face."

𝑡𝘩𝑒 𝑙𝑎𝑠𝑡 𝑠𝑢𝑚𝑚𝑒𝑟Where stories live. Discover now