Et la Lune s'éprit du Soleil

5. Flirt cosmique

Séléné

(9 octobre 2023)

Un mois s'est écoulé depuis le début des cours. Les journées sont bien remplies et les semaines défilent à une vitesse folle. Toujours autant enthousiasmée par ce que j'étudie, je ne suis pas peu fière de moi de réussir à tenir le cap. Il m'arrive de regretter les mauvais choix qui m'ont fait perdre trois années, néanmoins je ne peux pas revenir en arrière. 

Voyant le bon côté des choses - il paraîtrait que j'ai mûri, je poursuis donc mon chemin, motivée comme jamais à avancer pour enfin réaliser des trucs chouettes dans ma vie. Véritable petit rat de bibliothèque la semaine, je deviens une marmotte le week-end, capable de dormir douze heures d'affilée. Si du côté du stockage des connaissances, ça se déroule pas trop mal, la gestion des émotions en revanche, c'est toujours l'anarchie. J'angoisse de plus en plus, à mesure que l'épreuve infernale de l'exposé approche. Et trop de stress, ce n'est jamais bon.

Mia et Aurèle ont sympathisé avec pas mal d'élèves de notre promo, tandis qu'en sauvageonne que je suis, je reste en retrait et me contente d'observer leurs échanges. D'ici à ce que je devienne un avatar de socialisation, il neigera dans le Sahel... 

Je me réjouis toutefois des liens tissés entre nous et qui se renforcent un peu plus, les jours passants. Avoir deux amis comme eux me procure un bien fou. Mia a toujours le sourire et sa bonhomie est contagieuse, quant à Aurèle, il ne cesse de charmer et d'amuser la galerie. Rester concentrée avec lui à mes côtés est un véritable sacerdoce, surtout lorsqu'il me chuchote des conneries à l'oreille. 

Il est devenu très rapidement la coqueluche des étudiantes de notre promo. Lui résister est une mission impossible. Quand elles ne gloussent pas en s'extasiant sur la plastique parfaite de monsieur Conti, elles minaudent toutes devant Aurèle. Et comme il passe la plupart de son temps sur le campus avec Mia et moi, la faune estudiantine féminine, jalouse et dopée aux hormones sexuelles, se transforme dès lors en un sujet d'études anthropologiques passionnant.

***

Le lundi matin en amphi, nous attendons le début du cours en débriefant sur nos activités du week-end, quand un jeune homme s'approche de Mia et lui demande s'il peut s'asseoir à côté d'elle, ce qu'elle accepte volontiers, avant d'engager la conversation avec lui. Aurèle me met un petit coup de coude dans le bras.

— Psst ! C'est qui ce mec ? chuchote-t-il.

— Je ne sais pas, je n'ai jamais eu l'occasion de causer avec lui.

— Pauvre Mia, je n'aimerais pas être à sa place.

— Ah bon, pourquoi ? Il n'a pas l'air méchant pourtant.

Il semble néanmoins avoir quelques difficultés à échanger avec notre amie, comme si elle l'intimidait.

— Non justement, il a plutôt le profil du type qui n'a fréquenté que des écoles pour garçons et découvert le sexe opposé en arrivant ici. Tu as vu comment il la dévore des yeux ?

Il pouffe de rire sans aucune discrétion.

— Arrête de te moquer, Aurèle.

Il regarde à nouveau dans leur direction et se marre de plus belle. Puis considérant mon air réprobateur, il m'adresse un de ses sourires ravageurs dont il a le secret en me chatouillant la taille.

— Tu es incorrigible, rouspété-je.

Il m'attire contre lui et ses lèvres frôlent mon oreille, mon cœur s'emballe.

— Oui, mais avoue que tu aimes ça.

Ouh là là ! Nous sommes en train de passer un niveau ou je me fais un film ?