19. Le feu de l'interdit

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Séléné

Je ne sais pas si c'est l'excitation à l'approche des vacances et de mon déménagement ou bien une intervention de Nozdormu et ses dragons du temps, mais la semaine passe (très) vite. J'ai pas mal discuté avec mes parents et nous avons commandé en ligne de quoi meubler l'appartement. Je compte aussi récupérer le bureau et mon ordinateur de gaming ainsi que la télé qui sont dans ma chambre. J'ai commencé à emballer mes vêtements et certains bibelots dans des cartons. Mon pauvre Nyxou sent que quelque chose se prépare...

Le jeudi matin, nous assistons au cours magistral d'archéosciences avec Mia, sans Aurèle cette fois-ci. Il s'est installé près de Laly. Enfin, je présume qu'il n'a pas eu trop le choix, vu la tête qu'il fait. Ce n'est pourtant pas faute de lui avoir conseillé de lui parler avant que ça ne prenne de l'ampleur. Il fait ce qu'il veut, ce sont ses histoires après tout. Je préfère ne pas m'en mêler.

Nous travaillons ensuite un petit moment avec Mia à la bibliothèque pour nous mettre à jour dans les cours et vers seize heures, elle part rejoindre Gaby. Ça matche entre nos deux fleurs bleues, ils se sont bien trouvés.

J'ai encore deux bonnes heures devant moi avant d'aller prendre mon train, j'en profite donc pour continuer mon boulot, installée tranquille à la table isolée du fond. Je repense aux journées passées ici avec Aurèle et au baiser que nous avons échangé entre les allées juste à côté il y a deux semaines.

Je dois quand même être un peu masochiste pour me remémorer ce souvenir, surtout maintenant que je suis bien décidée à ce que nous ne soyons qu'amis. Et je sais qu'il est peu recommandable de coucher avec ses amis.

Mon cerveau a pourtant enregistré chaque détail de ce délicieux moment partagé avec Aurèle. Les paupières closes, je m'affale contre le dossier de ma chaise tout en agrippant fermement le rebord de la table. Je ressens encore son corps puissant pressé contre le mien, ses lèvres qui me couvrent de baisers, ses mains qui me caressent. J'ai des papillons dans le ventre et je suis sujette à une subite montée en température. Je n'ai pas envie d'ouvrir les yeux, je veux profiter un peu de ce moment dans ma tête, à défaut de le revivre. Humm... Il est tellement sexy. Malheur, j'en peux plus. Mon crâne fourmille de pensées coquines, des flashs érotiques se forment dans mon esprit.

Ça ne va pas être facile de n'être qu'amis tous les deux.

Plongée dans ma rêverie, il me semble qu'une voix masculine m'appelle.

— Séléné ?

Une main frôle la mienne. C'est agréable, j'en frissonne. Et si c'était Aurèle qui me rejoignait à la bibliothèque ? Je souris béatement, nous imaginant en train de nous envoyer en l'air au fond du rayon consacré aux ouvrages sur les rites païens dans l'Antiquité.

J'entends encore mon prénom. C'est bizarre, Aurèle ne procéderait pas comme ça s'il était là. Nous sommes plutôt tactiles l'un envers l'autre. Intriguée, j'ouvre les yeux et découvre avec surprise que Morgan, debout près de moi, me fixe d'un air amusé. Je me redresse d'un coup sur ma chaise, à la fois rouge d'excitation et de honte, les avant-bras et les paumes de main plaqués sur la table, les mirettes braquées sur lui.

— Mor... monsieur Conti ?

— Bonjour Séléné.

— Euh, bonjour. Je suis désolée, j'étais perdue dans mes pensées...

— J'ai pu constater cela durant quelques minutes en effet.

— Ah...

Mais non, c'est trop gênant là !

Et la Lune s'éprit du SoleilWhere stories live. Discover now