13. Rien ne va plus

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Séléné

Les deux jours suivants défilent un peu trop vite à mon goût. Je suis fatiguée comme jamais. Je dors très peu et pas bien à cause des hématomes. Celui sur la main ne me fait plus trop mal et change de couleur, par contre celui dans mon dos est encore douloureux. J'ai dû expliquer à mes parents comment je m'étais blessée, néanmoins pour ne pas les inquiéter, j'ai enrobé les choses en narrant qu'un type lourdingue m'avait énervée et que je l'avais frappé pour qu'il me fiche la paix. Ce n'est pas si loin que ça de la vérité, à une vache près.

Aurèle et moi ne nous sommes pas reparlés depuis lundi matin. Pas un message non plus. Il fait comme si je n'existais pas. Au-delà du fait que ça me fait de la peine, je réalise surtout qu'il me manque. Beaucoup. Je me repasse en boucle la scène de notre dispute, je ne comprends pas pourquoi il a tout de suite voulu se la jouer gros bras façon « je vais lui péter la gueule mon colonel ! » Comme si la violence pouvait résoudre tous les problèmes... Oui, bon OK, je suis mal placée pour parler. Faites ce que je dis, mais pas ce que je fais. La pauvre Mia se retrouve le cul entre deux chaises. Heureusement, il ne lui fait pas la tronche à elle aussi, au moins ça prouve bien qu'il sait faire la part des choses.

L'échéance maudite de notre présentation approche à grands pas. Même si tout est bouclé, nous n'avons pas répété à l'oral. J'hésite à le contacter. Qu'est-ce que je vais lui dire ? Que je regrette de m'être comportée comme une sale môme ? Non. Et puis merde, je lui ai rien demandé, à la fin !

Pense à votre boulot. Agis en adulte.

Je compose donc un message, centré uniquement sur ce fichu exposé de la mort.

S. : Salut. Tu aurais une petite heure à m'accorder demain dans l'après-midi pour que nous répétions notre présentation à l'oral ?

Aurèle : Oui, ça peut se faire. Quelle heure ?

Très bonne question. Il faudrait que Mia soit là pour nous écouter. Je lui écris à elle aussi.

S. : Mimi, est-ce que tu pourrais nous rejoindre Aurèle et moi à 15 h à la bibliothèque demain stp ?

Mia : Bien sûr, je suis trop contente que vous vous soyez enfin réconciliés !

S. : Ne t'emballe pas, c'est juste pour s'entraîner à l'oral avant vendredi matin.

Mia : Ah mince. Oui, vous pouvez compter sur moi...

S. : Top ! Merci, Mimi, t'es un amour !

Je renvoie un message à Aurèle pour lui confirmer le rendez-vous.

S. : 15 h dans le hall d'entrée de la bibliothèque ? Mimi sera là pour nous écouter.

Aurèle : OK, on fait comme ça. À plus.

Je ne prends pas la peine de répondre.


Aurèle

Quand j'ai vu son nom apparaître sur l'écran de mon téléphone, j'étais trop heureux. L'euphorie est pourtant bien vite retombée. Je ne sais pas trop à quoi je m'attendais en même temps, nous n'avons pas échangé un mot depuis lundi matin. Je n'ai pas compris pourquoi elle m'a rejeté de cette manière. Je tiens à elle, c'est normal que je m'inquiète, il me semble ? Mais au lieu de ça, elle s'est refermée comme une huître. Une putain d'huître aussi blindée qu'un coffre à la Banque de France ! Ça m'énerve, elle me manque, mais je ne sais pas comment faire pour arranger les choses. Elle a vraiment un sale caractère !

Et la Lune s'éprit du SoleilWhere stories live. Discover now