Et la Lune s'éprit du Soleil

16. La nuit porte conseil (enfin il paraît)

Séléné

J'arrive au pied de l'immeuble et sonne à l'interphone.

— C'est qui ?

— Séléné.

La serrure se déverrouille et je rejoins l'appartement. J'essuie une larme au moment où la porte s'ouvre sur Seb.

— Ça ne va pas ?

— Euh, si... enfin non pas trop en fait. Il faut que je te parle.

Nous rentrons, Charly et Raph sont en train de jouer à la console. Seb me dévisage, l'air intrigué. Je réfléchis à comment lui dire ce que j'ai vu sans lui faire de la peine.

— Salut les garçons !

— Ma sœur n'est pas avec toi ?

— Elle est encore à La Tanière avec la bande. Elle et Gaby s'entendent bien, dis-je en mimant un roulage de pelle. Rassure-toi, il m'a promis de veiller sur elle.

— Ouais, mais quand même, ils ne se connaissent que depuis une semaine.

— Certes, mais nous aussi on se connaît depuis peu de temps et ça ne m'a pas empêché de t'en mettre une samedi dernier. Crois-moi, Gaby sait à quoi s'attendre si jamais il lui fait du mal.

Je boxe dans le vide en rigolant puis je repense à Laly et Aurèle dans le bar.

— Écoute Seb, j'ai un truc à te dire à propos de ta copine. Tu peux venir avec moi cinq minutes, s'il te plaît ?

— Oh, tu peux parler devant eux, je n'ai pas de secrets pour mes potes.

— Hum, très bien dans ce cas.

J'ai l'estomac encore plus noué quand je vois la surprise sur son visage.

— Qu'est-ce qui se passe ?

— Ce n'est pas facile à avouer, mais... euh. Tiens, assieds-toi.

Il s'installe sur le canapé entre Raph et Charly. Je triture mes doigts, réfléchissant à la meilleure façon de lui donner l'info. Maintenant, je ne peux plus reculer.

— Elle était à La Tanière ce soir...

— Ouais, elle m'a dit qu'elle sortait avec ses copines.

— Oui, et bien pas que... bon, je ne vais pas y aller par quatre chemins, ça ne servira à rien. Outre le fait que ta nana est une vraie connasse que je ne peux pas encadrer, je l'ai vue en train de fourrer sa langue dans la bouche d'Aurèle. Je suis désolée de te sortir ça de but en blanc, mais je ne pouvais pas le garder pour moi.

Seb paraît déçu sans pour autant être étonné.

— Attends, mais Aurèle, c'est pas ton mec ?

— Oui... enfin non. Disons que c'est compliqué entre nous. Je m'occuperai de ça plus tard.

Raph se poile sur le canapé, ce qui détend l'atmosphère.

— D'avance, je le plains, il va prendre cher.

Je ne sais pas si ce sont les nerfs qui craquent, mais curieusement je me mets à rire aussi.

— Merci pour ta franchise. Quelque part, je ne suis pas étonné. J'ai bien remarqué samedi dernier qu'elle n'arrêtait pas de le mater.

— Je suis désolée de pourrir votre soirée entre amis.

— Ça va aller, ne t'inquiète pas. C'est pas une grosse perte. Ça ne faisait pas longtemps qu'on était ensemble et je n'arrivais pas vraiment à m'attacher. Par contre, je suis désolé pour toi qu'elle ait mis le grappin sur Aurèle.