Ton âme m'appartient... (en suspens)

Chapitre 13 : Partie II

            Écris en pleine nuit et non encore relu, donc soyez indulgents. Les pièces du puzzle sont de plus en plus nombreuses à se mettre en place. Je me demande si vous voyez le dessin se profiler ou pas encore.

J'espère que ce chapitre vous plaira. Sur ce, bonne nuit!

***

           - Allons retrouver Nora.

Jared tenait toujours Kélian d'une main. Après un moment d'hésitation, ce dernier se dégagea et remit son t-shirt. Le faucheur était réservé. Il ne pouvait rien prédire de la suite des événements s'il l'emmenait. Pas plus que s'il le laissait.

-Arrêtez de me regarder comme ça. Vous avez ce que vous vouliez, non? Alors maintenant, à votre tour de me rendre service, emmenez-moi.

Sa voix, qui était ferme sur les premiers mots, manqua de souffle à la fin de sa tirade. Perplexe, le faucheur soupesa la seringue dans sa paume et jeta un regard à Elandris. La faux était résolument opposée à la décision qu'elle voyait se profiler chez le faucheur. Elle le lui fit comprendre à renfort de cris aigus.

-Inutile de tenter de te faire changer d'avis?

Kélian grogna. Sa peau pâle jurait avec son t-shirt d'un noir d'encre.

-Exactement alors cessez de perdre du temps.

-Comme tu veux.

De sa main libre, il agrippa son bras et l'attira vers lui. Un losange éclaira le parquet alors qu'il faisait un geste en direction d'Elandris. Elle râla faiblement avant de s'approcher à son tour. Le faucheur n'avait plus la force de voyager seul. Par conséquent, il ne pouvait même pas imaginer s'effacer avec le gamin. Lorsque la faux arriva à leur hauteur, Kélian aurait pu jurer qu'elle lui lança un regard noir. Il ne savait pas vraiment comment cela aurait pu être possible puisqu'elle n'avait pas d'yeux. Mais il ressentit aisément la méfiance et la colère qu'elle éprouvait pour lui. Soudainement, une rosace d'une blancheur inouïe se superposa au losange. Quand le pommeau de la faux heurta le parquet, la chambre retrouva sa pénombre coutumière.

              J'avais froid. Plus froid que je n'aurais jamais pu l'imaginer. La glace recouvrait ma peau, figeait mes muscles et grignotait mes os. Mes paupières se fermaient alors que j'avais l'impression de chuter dans une baignoire remplie de glaçons. Progressivement, tout s'effaçait. Les sentiments et les sensations étaient engloutis par la glace qui courait dans mes veines. Même la douleur que j'avais ressentis à l'estomac s'estompa. Il n'y avait plus de souffrance, plus de sens, ni même de pensées.

Jusqu'à ce que la lumière ne se manifeste à nouveau. Je grimaçais faiblement quand une chaleur nouvelle rencontra ma peau gelée. Bien qu'elle semblait infiniment douce et bienveillante, elle m'agressait. Pendant un instant, je voulus me dégager. J'aurais aimé m'éloigner le plus possible de cette chaleur si réconfortante qui me brûlait. J'abandonnais vite toute tentative de mouvement quand la douleur se réveilla dans ma poitrine et mon abdomen. Mon cœur, que j'avais senti lentement lâcher prise, battait de nouveau et me fracassait la cage thoracique. J'essayais de me mordre l'intérieur de la joue afin d'oublier la douleur me dévorant le ventre. C'était peine perdue. Je la sentais me transpercer alors qu'une douce moiteur m'enveloppait.

-Nora, reste avec moi!

Ce cri me déchira de l'intérieur. J'aurais voulu le faire disparaître, ce murmure si insidieux qu'il réanimait mes sentiments. J'aurais voulu le faire taire. Mais aussi certainement que je voulais retomber dans ma torpeur, cette voix m'appelait. Et lui ne comptait pas me laisser.