Chapitre 15 : Partie I :

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            Le vent chuchoter doucement à mes oreilles. Il apportait les sons lointains des sirènes, de la circulation et les bruits plus proches des clés dans les serrures, des volets s'abaissant et des rires d'enfants. Les humains vivaient leur vie, plus attachés à leur quotidien qu'ils ne pourraient jamais l'admettre. Ils avaient tellement l'habitude de leur bonheur qu'ils ne l'appréciaient plus à sa juste valeur. Il n'y avait que les esseulés et les solitaires pour leur jeter des regards envieux.

Assise sur les tuiles encore tièdes, je tanguais doucement. Mes paupières étaient lourdes et je luttais pour ne pas imaginer un lit bien chaud dans lequel je pourrais me glisser. Ce n'était pas vraiment le moment de se laisse emporter par Morphée. J'étouffais un bâillement quand la lumière jaillit des luminaires. Leur lueur crue titilla mes pupilles et me fit plisser les yeux. Vraiment, je n'avais plus aucune envie de jouer les hiboux. Ma nuque et mon dos étaient raides, mes doigts étaient frigorifiés et ma faux se lassait. Je sentais qu'elle avait envie d'action et je partageais son sentiment. Malheureusement, nous étions condamnées à veiller sur ce toit jusqu'au retour de Jared.

Je soupirais et lançais un regard envieux en direction de la fenêtre de l'humain. Sa chambre était éclairée et sans aucun doute chauffée. Je fronçais le nez et resserrais mes bras autours de mes genoux. Pourquoi est-ce que d'un seul coup, le froid de novembre décidait de se manifester? Et moi qui me retrouvais sans nulle part où aller. Elandris trouva bon de remarquer que ce n'était pas exactement vrai. Je penchais la tête sur le côté. J'avais effectivement des endroits où me réfugier mais plutôt mourir que d'y aller! En tête de liste, il y avait la chambre de l'humain. Juste sous mon nez, elle me narguait de sa chaude lumière électrique. En deuxième position, il y avait l'appartement de Yohan. Mais je préférais encore dormir sur ce toit que de croiser une nouvelle fois ce faucheur aujourd'hui! Môsieur verrait son ego gonfler au point d'en éclater.

Il restait l'Arche. Néanmoins, la forte probabilité que Cronos y soit déjà me dissuadait d'y mettre un pied. Ma faux pesta contre mon immaturité. De nous deux, ce n'était jamais elle qui se prenait les savons!

- Il reste bien Jared mais je n'ai aucune idée de l'endroit où il vit...

Ma faux resta silencieuse, preuve qu'elle aussi l'ignorait.

- Il abuse. Il aurait pu me montrer où il habite quand même. Tu parles d'un Régulateur, grognais-je plus pour moi-même que pour Elandris.

Une brise agita les feuilles encore pendues aux branches. J'inspirais une bouffée d'air froid. Dans quelques jours, un tapis brun recouvrerait enfin les rues signe que l'automne s'installait. Il avait tant tardé à venir que je l'avais presque oublié. Dans l'obscurité, j'apercevais le vert pâle et le jaune doré des premières feuilles d'automne. Il n'y avait même plus de saison... Ce constat me déprima. Une ombre passa devant la fenêtre de l'humain. J'arquais un sourcil en me demandant bien ce qu'il fabriquait encore.

- Tu sais, plutôt que de froncer les sourcils, il serait plus simple de l'interroger directement.

Je sursautais surprise. Avant de lever un regard agacé vers Jared. Le faucheur se tenait debout près de moi, les mains dans les poches de son manteau et une écharpe autour du cou. Le vent ébouriffait ses cheveux tandis qu'un lampadaire soulignait les poches violettes sous ses yeux. Je ne l'avais même pas senti arriver. A travers notre lien, je perçus qu'il en était de même pour Elandris.

- Et toi, tu as un portable, non? Alors apprend à t'en servir.

Mon Régulateur sourit franchement amusé et tourna la tête vers la maison de l'humain.

- Quelqu'un est énervé ou je me fais des idées?

- Tu te fais des idées, lâchais-je alors qu'Elandis clamait haut et fort que j'avais été comme ça toute la journée.

Ton âme m'appartient... (en suspens)Where stories live. Discover now