Chapitre 14. Pauvre petit...

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Le lendemain, j'étais de nouveau sur pied. En arrivant sur le pont, l'équipage m'a accueilli par de grandes ovations qui m'ont réchauffées le cœur. Cette mâtiné aurait pu être la plus agréable du voyage si Alix ne m'avait pas ignorer si méchamment. Il m'a tourné le dos pendant plusieurs heures ; même Moineau m'a lancé des regards interrogateurs, ne comprenant pas l'étrange comportement du garçon. 

Midi. Je saisie le bras d'Alix et le mène à l'écart. Il fronce ses fins sourcils.

-Qu'y a-t-il Alix ? Je fais sèchement. Un jour, tu me sauves la vie, un autre, tu agis comme si je n'existais plus ! 

Il se débat ; je lâche son bras. 

-Qui es-tu vraiment Denis ? Me demande-t-il. Je n'aie jamais vu quelqu'un d'aussi...Différent.

-Si je te dis la vérité, promets-tu de garder le secret ?

Il réfléchit puis hoche la tête.

-Mon vrai nom est Céline. 

-Alors c'est donc vrai...Murmure-t-il pour lui-même en m'analysant le visage. 

-De quoi ?

-Tu es la fille du célèbre Denis de Montfort ?

Je rie.

-C'est fou, souffle-t-il. En fait, au départ, je n'avais aucun doute sur ta personnalité, je te prenais pour un brave type de la campagne, mais tu étais différent. Et là hier, quand tu m'as parlé...

-Tu n'as pas l'air bouleversé.

Il hausse les épaules :

-Au contraire, ça me réjouie. Il manque toujours en peu de féminité à bord des navires. 

-Je suis heureuse que tu ne le prennes pas mal. 

-Qui d'autre est au courant ? 

-M. Nighton et toi. Et M. Brick avant sa mort semblait l'avoir découvert.

-Ça va mal finir cette histoire, heureusement que tu n'es pas n'importe qui. Que feras-tu lorsque tout l'équipage apprendra la vérité ?

Je soupire.

-Aucune idée.

-Tu es folle tout de même, t'engager sur un bateau, travesti en homme ! Quelle intrépidité !

J'esquive un sourire. 

-Ça valait le coup...

-Eh les gars ! Nous appelle Nick. Y a la cave à balayer ! Ramenez vos derrières ! 

Et d'un pas enthousiasme, on s'achemine vers la cave.

-Quelle vulgarité ce Nick ! Me chuchote Alix à l'oreille. S'il savait à qu'elle femme il s'adressait ! 

-Tais toi ! 

Et nous nous mettons au travail de bonne humeur. Je suis rassurée. Il l'a bien pris. Comme je suis contente que notre amitié ne s'est pas achevée ! J'en ai tant besoin ! 

Vers la fin de la journée, à l'heure du dîner, je m'assoie sur mon tonneau, au bord du navire, afin de contempler l'océan reflétant le ciel étoilé en dévorant mon assiette. Je sens que l'on m'observe. Alix a les yeux rivés sur moi. Découvert, il se détourne. Moineau se pose à mes côtés. Il s'avachit sur la balustrade, le regard ailleurs. 

-Ça va Moineau ? Je l'interroge.

-Ma mère me manque...C'est la première fois que je m'éloigne aussi longtemps d'elle.

Je pose ma main sur son épaule :

-Pense à la joie que tu auras en la revoyant !

-Parce que tu penses que je vais la revoir ?

-Bien sur ! Aie confiance ! Qui donc te fais ainsi désespérer ? 

-Les matelots disent que les pirates vont revenir. 

-Et alors ? Nous les avons affronter une fois, nous recommencerons !

Il soupire, sous l'emprise du chagrin.

-Quel est ton vrai nom ? Je lui demande. 

-Pierre.

-Eh bien Pierre, je te promets que tu retrouveras ta maman. Et je suis convaincue que de là où elle est, elle pense à toi, fière de son petit garçon. 

Il me sourit puis replonge le regard dans les vagues, fées enchanteresses de la nuit. 













A bord de l'Espadon.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant