Chapitre 20.Oh oh vlà les Pirates...

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Je suis tombé à genou sur le sable, mes mains sur mon visage, suffocant. Ma tête va exploser. Je n'arriverai jamais à supporter toutes ces épreuves.

David a disparu. Puis André. Et Nick est mort. 

Qui est le prochain ? 

Nous avons enterrés Nick au bord de la mer, creusant avec nos mains. Sa blessure était profonde. Les autres disent qu'il n'a pas souffert. C'était un type bien.

-Nous devons aller chercher David et Nighton, dit Alix, une fois le travail fini. 

-Cette île est un véritable piège, fait Willem. Nous devons partir.

Je me redresse et le foudroie du regard :

-Et abandonner nos amis ? Vous êtes un lâche !

-Céline, on ignore qui se cachent sous ces bois ; ils sont peut être des centaines ! Dit Brack.

-Eh bien, dans ce cas, partez. Moi je reste ici.

Comme j'aimerai partir ! Mais je refuse de laisser André ici, aux mains des monstres. 

-Céline, soyez raisonnables ! Continue Willem. Nous ne sommes que quatre ! Nous n'avons aucune chance !

-Et s'il ne s'agissait que d'un seul homme ? 

Ils restent muets.

-Tu es avec moi, Alix ? 

Il opine du chef, avec peu d'enthousiasme.

-Alors allons-y.

Je m'apprête à gagner la forêt quand Brack nous arrête dans notre élan :

-Nous venons avec vous ! Mais organisons-nous ! Faisons un plan !

C'est ce que nous avons fait. Nous nous sommes concertés, assis en tailleur en cercle, dessinant sur le sable. 

-Nous devons trouver un moyen de franchir le ravin, puis nous nous séparerons en deux groupe, propose Willem. 

-Choisissons-nous un signal, dis-je.

-"Oh oh vlà les pirates" chantonne Alix. On connait tous l'air ? 

-Très bien, dit Willem. A utiliser si seulement vous êtes en danger ou si vous avez trouvé André ou David.

On se met enfin d'accord. Puis nous marchons vers le ravin dans un profond silence. A part les cris des oiseaux, nous n'entendons, heureusement, aucun hurlement humain. Je ne supporterai pas de devoir écouter, impuissante, les gémissements de M. Nighton sous l'effet de la torture. Je préférerai me percer les tympans. 

Arrivés devant l'immense ravin, nous étudions l'endroit. 

-Là bas, fait Alix, il y un avachissement. 

On se déplace. En effet, c'est moins abrupte et il y a même des rochers pour faciliter le tout. Mais le courant semble puissant. Une chute peut s'avérait mortelle. 

-Je passe en premier, propose Brack.

Il faut sauter de pierre en pierre, sans glisser et escalader l'autre côté en s'accrochant aux lianes. Alix passe en deuxième. Il est agile et souple ; il rattrape même Brack.

-Vas-y Céline, fait Willem. Fais attention à toi.

Je saute et j'atterris sur un gros caillou humide. Je me déchausse ; mes bottines glissent. Un flot d'eau me couvre les pieds. Ne pas perdre l'équilibre...Je continue mon trajet par petits bonds. En face, Alix me regarde, amusé. 

Je m'agrippe aux lianes et entame mon ascension. Alix me tend sa main et grâce à son aide, je parviens de l'autre côté. Willem nous rejoint sans difficulté.

Tandis que je me rechausse, Willem nous sépare en deux groupes :

-Céline, tu viens avec moi. Alix avec Brack. C'est bon ? N'oubliez pas le signal.

C'est bon. Alix me jette un dernier regard. On se sourit et il disparaît derrière les broussailles. Je suis Willem et nous nous tenons sur nos gardes. Le danger peut surgir n'importe où, n'importe quand. Je respire et ne pense qu'à sauver André. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais ça me donne du courage. Comme si j'éprouvais quelque chose pour lui...Et si, c'était vrai ? Si vraiment je ressentais plus que de l'affection ? J'ai rarement été amoureuse. Ma mère est stricte là dessus. Mais ma mère n'est pas là, peut être ne la reverrais-je jamais...Dans ce cas, je suis libre d'aimer qui je veux. Personne ne m'est imposé. Je me surprends à discerner de la joie au fond de moi. 

Mais elle s'évapore quand Willem s'arrête. Il y a du mouvement devant. Nous ne sommes pas seuls. Et si c'était Alix et Brack ? Mais pourquoi donc ais-je un mauvais pressentiment ?

-Céline, glisses-toi derrière cet arbre, je vais regarder ce que s'est...Me chuchote le docteur.

J'obéis et m'accroupis, à l'abri. Il avance prudemment et écarte une grosse branche avec son bras. 

-David ? Fait-il avec stupeur. Tu t'es enfui ? 

Je m'apprête à me lever, rassurée, quand David se rapproche de Willem et lui crache au visage avec une colère noire :

-Où est Céline ?! Où est la gamine ?!

Willem ne répond rien, sous le choque. Alors David pointe un pistolet en direction de la tête de Willem et fait feu.












A bord de l'Espadon.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant