Chapitre 26. Ma chère Sœur.

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-De quelle île parlez-vous ? Fait Henri en s'adressant à moi. Et qui est ce fou furieux ?

J'hausse les épaules :

-On la surnomme l'Île de la Peur ; les marins n'osent pas s'y aventurer...Quant à ce fou, il faisait parti du voyage comme artiste. En vérité, il...

Il voulait juste me tuer pour récupérer "son" trésor...

-Tout cela est épouvantable, me coupe ma mère. Rentrons ma chérie. Ton imagination a toujours été quelque peu exagérée...

-Vous ne me croyez pas ? Je m'exclame horrifiée.

-Mère, intervient Joséphine. Céline a toujours rêvé de partir à l'aventure ! Je la croie sur parole ! Et il s'agit du frère d'Henri ! 

Je la remercie d'un sourire chaleureux. Comment ma mère peut-elle être si aveugle ?

-Tu n'es qu'en enfant, rajoute ma mère avec douceur, et puis tu es une jeune fille. Quel capitaine voudrait s'accommoder d'un tel fardeau ? 

-Je me suis déguisée sous les traits d'un homme ! Sous le nom de mon père, Denis ! Je m'écrie, outragée. 

Elle recule, ses lèvres tremblent. 

-T-ton père est mort...Bafouille-t-elle désorientée.

-Et c'est l'homme qui détient André qui l'a lui-même tué de sa propre main, David ! C'est pourquoi il faut que justice soit faite ! 

-Céline, dit-elle d'une voix brisée. Tu dois être souffrante. Rentrons.

Mais lui jetant un regard noir, je déguerpis à vive allure vers le port, les laissant tous les trois au milieu de la rue plongée dans le noir, éclairée par les quelques lampadaires. 

Je me précipite le plus loin d'eux, voulant m'éloigner de ma mère comme je l'aie fait autrefois. Cela peut paraître cruel, mais son comportement me dégoutte. Elle nie mon père ! Elle ignore pourquoi il est mort ! Pourquoi il a vécu ! 

Je m'effondre sur les marches du port, où les vagues viennent me lécher les pieds. C'est si reposant...Le ciel est dégagé, nous permettant de distinguer le firmament des étoiles. Petites lumières inconnues, mystérieuses et délicieuses...

Quelle heure est-il ? Puis-je m'endormir ? Est-ce prudent ? Mais je n'aie pas eu le choix. J'ai posé ma tête contre le mur froid et fermé les yeux. 

Mais alors que les premiers rayons de l'aube montrent leur nez au raz de l'horizon, par dessus les flots, toujours pas de chaloupe. Le désespoir m'a frappé de pleine face. Oh ! Comme je suis idiote ! J'attend un bateau qui ne reviendra peut être jamais et je viens de chasser ma famille ! Je me haie par moment. 

Et je n'aie plus un sous. Je n'aie rien pour me remplir l'estomac. Mais alors que je quitte les marches, de vilaines crampes dans tout le corps, j'aperçois Joséphine, debout sur le quai. Elle est si jolie dans sa robe de soie verte clair et ce long manteau beige qui vole dans le vent du matin.

-Allons manger, me propose-t-elle en me tendant le bras.

-Que fais-tu ici ? 

-Mère est à l'hôtel. Henri rédige un courrier à l'adresse de la Marine marchande à Paris. Quant à moi, je voulais déjeuner en compagnie de ma petite sœur. 

-Tu es bien bonne envers moi. Mère semble prendre ma disparition comme une trahison.

-Non. Nous pensions que tu avais été enlevée.

-Par qui ?

Elle hausse les épaules :

-Des bandits, des pirates...Nous étions toutes folles d'inquiétude. Mais au fond de moi, je savais que tu étais parti de ton plein gré. 

Nous marchons à travers les rues pavées qui se raniment en peu plus à chaque minute. Les boutiques s'ouvrent, les marchants disposent leurs étalages, les marins se rendent au port...

-En effet, alors comme ça tu t'es vraiment faite engagée sous l'apparence d'un jeune garçon ? M'interroge-t-elle avec enthousiasme.

-Eh oui...Mais la vie est dure à bord d'un bateau. Des pirates nous ont attaqués. La seconde fois, ils ont brûlés l'Espadon. Nous n'étions plus que 7 survivants.

-Mon Dieu...

-Puis nous avons accosté une île. 3 y ont été tués. Nous ne sommes plus que 4. Dont l'un de nous est un criminel. 

-Celui qui a tué papa...

-Maman ne me croit pas.

-Tu ne vas pas lui laisser le choix. Il est temps que notre père soit vengé. Cet homme doit être puni. 

-Toujours aucun signe de la barque...Je soupire, abattue.

-Le frère d'Henri...André...Tu es proche de lui..?

Une lueur malicieuse danse dans mes yeux. Je lui sourie :

-Me juges-tu en âge de me marier ? 












A bord de l'Espadon.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant