A bord de l'Espadon.

Chapitre 23. Revanche.

Les muscles de mes bras tirent mais je continue de ramer, épuisée. Je dois attendre les côtes espagnoles le plus rapidement possible. Je suis leur seul chance ! Les pirates n'ont pas encore atteint l'île mais ils y sont presque...

J'ai une crampe à l'avant bras. Je ne peux pas m'arrêter. Je dois aller jusqu'au bout...Pour André.

Une vague, plus forte que les autres, vient frapper ma petite chaloupe. Je me retourne, curieuse quand j'aperçois un voilier, aussi beau que l'Espadon, d'autant plus puissant avec toutes ces fenêtres dans la coque, cachant d'énormes canons de guerre. Il s'apprête à me dépasser. Un homme me crie de là haut :

- ¿Qué passa señorita ? 

-Les pirates ! Je lui répond en pointant du doigt le vaisseau ennemi. 

Il comprend et interpelle ses hommes. Une échelle en corde m'est lancé et malgré mon épuisement je m'y accroche et abandonne ma barque pour monter à bord de ce navire espagnol. 

-Vous êtes française ? Me questionne l'un des marins avec l'accent du pays.

-Oui. Deux de mes amis sont sur l'île. Il faut leur venir en aide.

Il hoche la tête et lance des ordres à l'équipage. 

-D'où venez-vous ? Je lui demande.

-La Corogne. Il nous a été signalé qu'un bateau de mercenaire longerait nos côtes. 

Un jeune marin me propose un verre d'eau que j'accepte, reconnaissante.

-Que savez-vous de cette île ? Je l'interroge.

Il a de grands yeux bleus et ses cheveux noirs lui tombe sur les épaules. Il affiche une grimace.

-On ne sait pas grand chose...Hésite-il. Les gens la craigne et l'évite. 

-Avez-vous entendu parler d'un trésor ? 

L'équipage s'arme et met en place les canons. 

-On dit qu'un trésor y fut caché autrefois. Mais c'est probablement une légende. Ah voilà le Capitaine. 

Un homme, d'une vingtaine d'année, descend les marches et s'incline devant moi. Il fait si jeune ! Et déjà son visage est marqué par la guerre. Balafrée, sa peau est cuivrée. 

-Je suis le Capitaine Tiburón, commandant de la Bella Sirena. Que faisiez-vous toute seule dans cette barque ? 

Je me lance alors dans un récit que j'essaye d'écourter. Je lui raconte l'attaque des pirates, l'incendie de notre navire, notre arrivée sur cette île et le dangereux bandit qui s'y trouve. Je ne parle pas du fameux trésor auquel je suis rattachée. A la fin, ils hochent la tête. 

-Mettez vous à l'abri, les combats peuvent être sanglants, me dit-il.

-Je sais me battre. Laissez-moi vous aider.

Admiratif, il me tend un fusil et un sabre. Parfait. C'est le moment parfait pour prendre sa revanche et leur faire payer. Je n'aurais aucune pitié pour ces monstres. 

Les bateaux sont pratiquement côte à côte. Sur le pont, les hommes sont fins prêts. C'est amusant. L'atmosphère est différente que sur l'Espadon. Ici, les marins sont des soldat. 

-Feu ! Hurle le Capitaine.

Les canons rugissent et frappent le navire pirate dans un fracas assourdissant.  Plusieurs membres de l'équipage adverse se précipite à bord de la Belle Sirena. J'arme mon fusil et tire. J'éprouve presque de la fierté. Je venge Alix, Moineau et tous mes autres camarades tombés au combat. 

A cour de munitions, je jette mon fusil et brandissant mon sabre, je me mêle au cœur du combat. Autrefois, les pirates riaient de me voir avec une arme, dorénavant, ils me craignent comme n'importe quel guerrier. 

Le sang gicle, les canons tonnent, le bois vole en éclat, les hommes crient de fureur ; quel joie de faire tournoyer ce sabre entre mes mains avec tant d'agilité ! J'arrache les vies et bientôt ce sont les cadavres de tant de pirate qui jonchent le pont, mêlant leur sang à l'eau salée de l'Océan. 

Le bateau ennemi prend feu et disparaît dans les profondeurs de la mer en ne laissant derrière lui, flottant à la surface, qu'un ridicule pavillon noir gravé d'une tête de mort. 

-Hourra ! Hurle l'équipage. 

Le marin de tout à l'heure s'approche de moi, un grand sourire illumine son visage :

-Je n'aie jamais vu une femme avec tant de bravoure ! 

Je le remercie en m'inclinant. 

-Nous venons d'envoyer une barque en direction de l'île : vos amis ne vont pas tarder à être secourus.