Chapitre 29. Plus que deux...

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-Et donc, David s'est donné lui-même la mort ? J'insiste.

Nous étions sorti de la mairie et s'étions assis sur un banc dans le parc à l'arrière du bâtiment. 

-Il est devenu incontrôlable en voyant le trésor. Quant aux Espagnols, ils ont ramés le plus rapidement possible pour avertir leur gouvernement. 

-C'est pourquoi vous êtes ici. Que leur avez-vous dit à propos du trésor?

-Qu'il a été rassemblé sur cette île par un pirate et récupéré par un marin français. Un courrier  préviendra Napoléon III. 

-Tout ça est devenu trop écrasant...Je ne veux pas de ce trésor. Qu'il soit accordé à la France.

-Sachant qu'il se situe en territoire espagnol ? C'est mauvais.

J'hausse les épaules. 

-Ça ne me concerne plus. 

André fronce ses fins sourcils mais change de sujet :

-Comment as-tu su que nous n'avions pas accosté à la Corogne ?

-Je ne l'aie jamais su, dis-je souriante, mon intuition m'y a conduit.

Il rit, admiratif.

-Qu'allons-nous devenir maintenant ? Je l'interroge. Ma mère me forcera à rentrer à France.

-Eh bien, rentrons en France !

J'arque un sourcil. Il continue :

-Je m'engagerai à bord d'une nouvelle cargaison.  

-Sans moi ?

Il soupire et posa sa main sur la mienne. 

-Céline. Votre mère n'a pas tout à fait tort. Combien de fois, durant ce voyage, avez-vous risqué votre vie ?

-Pas assez. Laissez-moi vous accompagnez ! Nous pourrions naviguer jusqu'aux terres inconnus ! Nous avons vu si peu de choses ! Nous bâtirons un nouveau navire ! 

-Tant d'ambition...Vous êtes vraiment unique.

Je rie à mon tour :

-Bien sur l'équipage n'égalera jamais celui de l'Espadon, mais...

-Il faut que j'aille voir les parents d'Alix. Mon oncle et ma tante doivent connaitre la vérité.

Je ferme les yeux, blessée par de douloureux souvenirs.

-Ils sont tous morts en héros, je murmure, accablée.

-Brack souhaite rester ici. Il a toujours adoré l'Espagne.

-Raccompagnez-nous jusqu'à Rochefort ! 

Il secoue la tête :

-Et faire le voyage en compagnie de mon frère ? Non, mon voyage du retour se fera aussi par la mer. Je prendrai un bateau de marchandise qui remonte jusqu'en France.

Je soupire, déçue.

-Très bien. Nous nous reverrons à Rochefort, alors ?

-Entendu. 

Un silence gênant s'installe. Je me lève de mon banc, il m'imite et muets comme des pierres, nous regagnons le centre ville de Santa Cruz. 

-Je dois rentrer à la Corogne, dis-je. 

Il hoche la tête. Soudain un coup de feu brise notre silence. Sans perdre une seconde, nous bondissons et d'un pas rapide, nous nous dirigeons vers le bruit devenu si familier. 

Un homme gît à terre, son sang coulant le long des pavés blancs de la place, illuminés sous un soleil ardent. 

-La bandit s'est enfui par là ! Crie une femme. Les cheveux blonds, une face de démon ! Il était couvert de sang !

Je m'approche du cadavre, un pressentiment douloureux s'agite en moi. Le visage d'André semble exprimer la même crainte.

C'est Brack. Mort. Comme tous les autres.

Et ce tueur ne peut être qu'une seule personne. Une personne que l'on pensait supprimer de la surface de la terre. Que l'on pensait enfin débarrasser. 

David. 













A bord de l'Espadon.Where stories live. Discover now