Chapitre 22. Sacrifice.

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J'ai hurlé comme je ne l'avais encore jamais fait. La rage et le chagrin me déchirent en mille morceaux. Je bondis sur David et attrapant son bras, je plante mes ongles dans sa chair. J'ai envie de l'écorcher vif ! Il riposte brutalement, mais ses coups ne me font aucun effet. Je le frappe de toutes mes forces jusqu'à ce qu'il lâche enfin son arme. André se précipite pour la récupérer. Je toise David de haut. C'est alors qu'un éclair de peur jaillit dans ses yeux. 

-Lâche là, ordonne André, prêt à tirer sur mon agresseur. 

Il me jette loin de lui. Ses bras saignent et de la bave coule le long de son menton.

-Voleuse ! Où est mon trésor ? Rugit-il.

L'ignorant, je rampe jusqu'à Alix. Ses yeux regardent le ciel bleu. Délicatement je pose mes doigts sur ses paupières et les ferme. Mon cœur se serre, comme broyé dans un étau, et je sens les larmes me monter aux yeux. 

-Les pirates, demande Nighton. Où sont-ils ?

-Voyons voir...Rigole David. Ils devraient arriver d'ici...Un petit moment.

-Nous devons fuir, fait Brack. 

-Venez Céline, dit André en m'offrant sa main.

-Et Alix ? 

-Nous ne pouvons plus rien pour lui.

-Il a le doit à une sépulture !!

-Nous manquons de temps.

-Vous croyez que vous allez leur échapper avec votre petite barque ? Raille David.

Je me relève et André gardant l'arme pointé sur notre ennemi, nous fuyons vers la plage en courant. Une branche me frappe le visage. 

-Vite ! A la chaloupe ! Fait Brack.

-Vous croyez vraiment qu'on peut échapper à un vaisseau pirate ?! Je m'exclame.

Pour ça, David a eut raison. Nous n'avons qu'une ridicule petite barque...Y a-t-il un autre moyen ? Mais Brack et André ne m'écoutent pas. 

Nous mettons la chaloupe à la mer et sautons à l'intérieur sans perdre une seconde. Brack attrape les rames et se met à pagayer le plus rapidement possible. Je ne peux retirer mes yeux de cette affreuse île. Nick, Willem, Alix. Ils y reposent. Nous n'aurions dû jamais venir ici. Nous aurions pu tous mourir.

-Où sont les côtes espagnoles ? Je demande.

-A l'Est. Me répond André.

Ça ne m'avance pas vraiment. J'ai toujours eu dû mal avec les points cardinaux. 

-Ça va ? M'interroge André qui s'est rapproché.

-Comment pourrais-je bien aller ?! Nous ne sommes plus que trois et David ne vas abandonner son idée de retrouver son trésor. Alix est mort ! 

Il soupire de chagrin et reprend : 

-Ce n'est pas le trésor de David. Il l'a volé. Quant à votre père, il a bien agi. Vous n'avez pas une idée où il peut être déposé ?

J'hausse les épaules. Il y a quelque jours encore, j'ignorai qui était mon père. Ma mère sait-elle sans doute ? Mais s'il est mort avant de la retrouver...Il l'a peut être informé par courrier, dans ce cas. 

Alors que le vent souffle avec douceur, entraînant les vagues dans un danse commune, un bruit que je connais bien dorénavant attire à tous notre attention.

Un bateau est apparu à l'horizon et se dirige vers l'île.

-Les pirates ! Je lance, désespérée.

Le navire semble énorme. Ils vont nous écraser comme des mouches. 

-Céline, fait André. Prenez la chaloupe et fuyez ! On va les attirer sur l'île ! 

-Certainement pas ! Vous allez vous faire tuer ! 

-Brack ! Nous devons sauter !

Mais celui-ci n'a pas l'air ravi, néanmoins il me sourit une dernière fois et lâche les rames.

-André ! Non ! 

Je l'attrape par la chemise pour l'empêcher. Je le supplie de toutes mes forces. 

-Ils vont vous tuer ! Restez ! 

-Rentrez chez vous, Céline, dit-il en me remettant le pistolet de David. 

Brack plonge à l'eau. André s'apprête à le suivre quand il se tourne vers moi. De grosses larmes coulent sur mes joues.

-Ne m'abandonnez pas...Je sanglote.

Il se penche vers moi et pose ses lèvres sur les miennes. Je lui rends son baiser avec passion, et même si cet instant est magique, mon chagrin demeure. 

Nous nous séparons, il me caresse la joue en chuchotant :

-Vous être engagée à bord de l'Espadon est l'idée la plus formidable que vous ayez eu. 

Et il plonge à l'eau. Je le regarde s'éloigner, une pique s'enfonçant dans la poitrine. J'attrape les rames, quittant cet endroit, déçue, abattue par la tristesse. L'Île de la Peur s'efface peu à peu. Quand au bateau pirate, il continue son avancée, sans se douter de rien. 

André et Brack sont parvenus jusqu'à la plage. Et maintenant ils n'ont plus qu'à attendre la sentence. 

Et moi à prendre mes jambes à mon cou, afin de m'écarter le plus loin d'eux.
















A bord de l'Espadon.Dove le storie prendono vita. Scoprilo ora