Chapitre 28. Santa Cruz.

106 15 2
                                    

Le port est ravissant. Quelques ruines égarées sur un presque-île, des toits aux couleurs chaudes, baignés dans la lumière, des passerelles surmontant la mer, la population s'agitant sur le quai, rassemblées pour traiter divers affaires.

Je caresse l'encolure de Merlin qui fatigué, reprend son souffle.

-Bravo mon grand, nous voilà arrivés !

Je le fais marcher et m'arrête au bord de la plage. Je mets pieds à terre et scrute l'horizon, mon cœur frappant la poitrine. Un pêcheur est accroupi près de la coque de son petit bateau de pêche et rafistole son appareil.

-Excuse-moi monsieur, dis-je. Auriez-vous vu des hommes, au moins cinq, accostés le port dans un chaloupe ce matin ?

-Je ne sais pas ma petite m'dame, j'en voies beaucoup des barques dans la journée.

-Avec des français à son bord ?

Il fronce les sourcils :

-Ah maintenant que vous le dites, c'est possible en effet...

Un étau serre ma poitrine. 

-Où se seraient-ils rendus ? Je continue, impatiente.

Il hausse les épaules :

-Vers le centre je suppose...

Je le remercie et longe la plage, le vent ébouriffant ma chevelure, Merlin à mes côtés. C'est alors que mon regard croise une chaloupe, abîmée, jetée sur le sable. Je me dirige vers elle. Comment la reconnaître parmi tant d'autres ? Mes doigts se baladent sur le bois quand ils rencontrent une inscription : De la Bella Sirena

Enfin ! Mon instinct ne s'est pas trompé ! André est ici ! Un flot d'espérance circule dans mes veines. 

Je remonte en selle et prend la route du centre ville au trot, en priant qu'aucun danger en vienne à nouveau se mettre au milieu de mon chemin alors que je suis si prête du but...

Je descend de ma monture devant l'église du centre et attachant Merlin à un arbre, je me mets à chercher, fouillant chaque auberge, chaque recoin...

Un homme, sa chemise sale et trempée, sa démarche lourde et épuisée, s'adosse contre un mur, exténué. 

-Brack ? Je demande en m'approchant.

Il lève la tête. Ses yeux sont lourds et vides. De profondes cernes creusent ses joues. 

-Céline ? Dieu merci ! Vous êtes vivante ! S'écrit-il d'une voix faible.  

-Où est André ?

Il respire péniblement.

-Que vous est-il arrivé ? Je fais, inquiète devant son allure d'homme abattu.

-Le trésor...Céline, le trésor est toujours sur l'île ! Quand nous nous sommes aperçu, David est devenu fou. Nous n'avions pas d'armes pour le tuer. C'était infernal ! 

-Que s'est-il passé ? 

-Vous auriez vu le trésor...Incroyable ! Aucun homme ne pouvait y résister ! 

Je m'avance face à lui et j'attrape le col de sa chemise entre mes deux mains :

-Que s'est-il passé ?! Je lui crache au visage, ne parvenant pas à retenir mon impatience.

-Da-David avait un couteau...Il s'est tranché la gorge...Sa folie l'a tué...

J'ai envie de lui répondre : mais alors tout va bien ! Si David est mort, le problème est réglé ! Je ne suis plus pourchassée !

-Vous ne comprenez pas ! S'exclame le marin. Les Espagnols, les pirates...Ils sont tous au courant ! Ils vont se livrer une guerre impitoyable pour l'obtenir ! C'est le trésor de votre père !!

-Non, je rectifie. Ce trésor n'appartient pas à mon père. Il est à tout ceux qui ont été volés. Et pour la dernière fois, où est André ?!

-Avec les Espagnols, à la Mairie, soupire-t-il en reprenant son souffle. 

Je le laisse là, sans penser à lui dire adieu. Est-ce la fin ? 

La Mairie est voisine de l'église. J'y entre ; mes yeux scrutant la pièce avec attention. Des hommes en uniforme vont et viennent. 

Mais l'un d'eux attire particulièrement mon attention.

Visage doux. Cheveux châtains. Yeux marrons avec nuances orangés. Lèvre roses. Balafre. 

-André ! 

Il lève la tête, quittant le papier qu'il tenait entre ses mains. Son large chemisier tombe sur son pantalon noir déchiré. Je lui saute au cou avant même qu'il est le temps de vérifier qui je suis. Il me serre contre son corps et sa main caresse mes cheveux. J'aspire son parfum : eau salée, sable, soleil, cuir, sang...

-Qu'il est bon de vous revoir ! Chuchote-t-il.

Je le fixe dans les yeux :

-Si vous saviez comme ce peu de temps où nous avions été séparés, a été long et angoissant !

Il émet un rire et m'embrasse. Quel bonheur ! Ce baiser me fait frétiller de joie ! Je rie à mon tour. 

-Etes-vous blessé ? Je me renseigne tout de suite en analysant vite fait sa silhouette. 

-Quelques égratignures. Un marin qui été à bord de la Bella Sirena m'a loué vos talents de guerrière ! Vous êtes à l'aise désormais dans les combats.

-Ma mère est au port de la Corogne.

Il me prend la main :

-Venez, nous avons de nombreuses choses à discuter. 













A bord de l'Espadon.Opowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz