¿Dónde está tu mamá ? {JORTINI} Tome 1

Chapitre 2

Jorge

21 novembre 2017, Paris

- Ma maman va venir me chercher...

Elle fait la moue, et sa lèvre se met à trembloter. Je sais que sa voix va se briser, mais je vais tout faire pour empêcher une autre éventuelle crise de larmes.

- Oui, ne t'en fais pas.

Je passe ma main dans ses cheveux pour l'apaiser, et puis ils sont particulièrement doux, même s'ils sont remplis de terre. D'ailleurs les gens n'arrêtent pas de nous dévisager, ils doivent sûrement pensé c'est une SDF ou un truc débile dans le genre. Elle se frotte doucement les yeux, j'aimerais mieux qu'elle se rendorme. C'est vraiment pénible, alors si elle se remet à pleurer, cela risque d'être pire. Le temps, ce fichu temps, passe mais toujours rien... J'ai sommeil, et j'ai l'impression que personne ne fait rien pour nous aider. Je pense que ça ne sert à rien de rester ici. Il y a du monde, et ils ont tous l'air de n'en avoir rien à faire de ce qu'il se passe réellement.

- Il commence à se faire tard... On va rentrer.

La petite redresse la tête et se crispe doucement. Elle doit sentir que les choses n'ont pas bougé, et que ses parents sont je ne sais où. Je ne sais pas trop comment m'y prendre pour ne pas trop la brusquer. J'ai travaillé beaucoup avec des enfants au cours de stage, vu que c'est mon métier cela est évident, mais ce genre de situations anodines restent assez compliquées à gérer. J'observe son visage se décomposer au fur et à mesure qu'elle perd tout espoir.

- Mais...

Et voilà, elle fond à nouveau en larmes. Elle est totalement paniquée. Tous les gens se retournent aussitôt vers nous, et je fais une petite grimace. J'attrape son petit veston, le secoue encore un peu pour en faire tomber les derniers résidus, et lui prends ses petits bras pour les faire glisser dans les manches. Je l'attrape ensuite par les hanches, la soulève, et la dépose sur mes genoux. Je dépose ma main sur sa joue pour relever son visage et afin que son regard puisse croiser le mien.

- Je te promets qu'on les retrouvera.

Elle acquiesce. J'y crois, et je suis décidé - enfin je décide maintenant - que je n'abandonnerai pas cet enfant à mon tour. Je vais faire tout ce qui est en mon pouvoir pour l'aider et retrouver ses parents ou même d'autres membres de sa famille. La seule chose que je puisse faire pour l'instant c'est la ramener à la maison. Je ne sais pas si j'ai réellement le droit de faire ça, mais personne ne fait rien et ne dit rien ici, et le commissariat est fermé depuis une bonne demi-heure. De plus, je pense que ça serait bénéfique tant pour elle que pour moi d'aller nous reposer.

- On va chez moi pour faire dodo, d'accord ?

Elle renifle un grand coup et semble se calmer progressivement.

- Oui, d'accord.

Elle vient collet sa petite tête contre ma poitrine, et je passe mon bras dans le bas de son dos pour la soutenir lorsque je me lève. Je commence à marcher vers la sortie, et je sens ses petits sanglots et sa respiration agitée contre moi. Mon coeur se serre douloureusement. Une fois arrivés à ce qui me sert de voiture, j'ouvre la portière passager et l'y dépose. Elle ne bronche pas et regarde dans le vide, et cela même quand je lui attache la ceinture de sécurité. Je suppose qu'elle a confiance... Et puis à cet âge-là, on est beaucoup moins méfiants vis-à-vis des étrangers. Je referme la portière et contourne la voiture afin d'accéder à ma place. La petite me suit du regard, et je la sens comme soulagée quand je pénètre à mon tour dans l'habitacle. Je glisse mes clefs et démarre.

Lorsque j'arrive enfin sur le parking de mon immeuble, elle est toujours toute tremblante. Je sais qu'elle est totalement terrifiée, ça se voit dans son regard. Je sors et vais la chercher, ainsi que sa petite valise avec ses affaires. Aussitôt sa ceinture détachée, elle s'agrippe à ma nuque et se colle.