Chapitre 8

1.3K 98 24
                                    

Martina

23 novembre 2017, Buenos Aires

Le lendemain, je descends rejoindre ma maman à la cuisine, en mode zombie. Je n'ai pas fermé l'œil de la nuit. Je suis totalement désespérée mais une petite graine d'espoir ne cesse de grandir en moi : je suis sure qu'il doit y avoir des informations la concernant, quelque part. Peter est un malade mais il n'est pas assez malin pour que la police ne déjoue son plan. Ma mère vient m'embrasser sur le front avant de m'enlacer tendrement.

- Je ne te demande pas comment tu vas parce que je le sais.

Je lui fais un signe de tête pour la remercier. La dernière chose dont j'ai envie c'est qu'on parle du fait que je sois totalement déprimée par cette horrible situation. Que mon bébé est si loin...
Je tire la chaise de la table et m'y assois. Ma mère me sert mon petit-déjeuner mais je n'ai pas du tout d'appétit. Je repousse mon assiette.

- Je n'ai vraiment pas faim.

Elle la reprend sans rien dire. En même temps qui aurait de l'appétit après ça ? Je reste assise sur ma chaise le regard dans le vide, imaginant le rire de mon petit soleil. Elle vient se poster devant moi et m'enlace.

- Il faut que tu sois forte mon cœur. Je sais que c'est dur à vivre tout ça mais il faut que tu gardes espoir.

Sa voix est tellement douce, mais endolorie aussi. J'explose en sanglot.

- Comment tu veux que je garde espoir maman ? La seule chose à laquelle je tenais dans ce monde est perdue quelque part, toute seule. Tout ça, par ma faute. Mon petit bébé.

J'ai envie de m'arracher les cheveux. Mon dieu, je ferais n'importe quoi pour le récupérer le plus vite possible.

- NON ! Ce n'est pas ta faute !

- Si ! Elle m'avait dit que Peter était méchant avec elle quand je n'étais pas là et je ne l'ai pas cru ! Je n'avais pas vu qu'il était dangereux pour ma fille !

En même temps, elle me disait qu'il lui cachait sa peluche pour ne pas qu'elle la trouve, pas qu'il la frappait ou autre. Comment j'aurais pu soupçonner ne serait-ce qu'un dixième de cela ?

- Tu n'aurais pas su le savoir ! Il t'a manipulé Martina ! Tout ça est de sa faute à lui !

Je pleure de plus belle dans ses bras. Comment ai-je pu être aussi aveugle ?

- Je veux mon petit bébé.

- Je le sais mon cœur, je le sais.

Elle me caresse le dos. Je me calme doucement. Je regarde l'heure. 8H, c'est ouvert ; je passe en mode robot.

- Je vais aller au commissariat pour voir s'ils ont des nouvelles.

- D'accord je t'accompagne.

Je monte dans mon ancienne chambre et me change rapidement, en essayant de garder mon esprit clair. Je ne fais pas de détour par la salle de bain. A quoi bon ? On ne peut rien me reprocher, et je n'en au rien à faire de toute manière. Je n'ai pas l'esprit à me maquiller ou même à me coiffer. La seule chose que je veux c'est retrouver mon bébé.
Je rejoins ma mère en bas. Elle attrape les clefs de la voiture et nous sortons toutes les deux en attrapant nos vestes. On a pas besoin de parler pour savoir que ça nous urge d'y arriver le plus vite possible. Je frissonne lorsque je sens le vent glacial qui vient caresser mes joues. Nous nous dépêchons de rentrer et de mettre le chauffage dans cette voiture. Pendant le trajet, j'ai la tête tournée vers la fenêtre et je ne fais que me remémorer tout ce qui s'est passé ces trois dernières années, et de m'imaginer des scénarios complètement différents.

¿Dónde está tu mamá ? {JORTINI} Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant