Chapitre 27

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Jorge

Le 9 janvier 2018, Paris - Buenos Aires

La cérémonie était longue, remplie de nombreux discours plus barbants les uns que les autres, mais je suis quand même très ému. Mes études sont terminées, et je retourne chez moi avec un diplôme dans la poche, et pas moindre. Malheureusement, je ne peux pas trop tarder car j'ai mon vol ce soir à minuit. Ça me fait vraiment bizarre de me dire que je retourne en Argentine. Et puis il y a tout ce bordel avec Martina, qui commence vraiment à me prendre beaucoup trop la tête.

Je récupère tous les documents, salue un nombre incalculable de gens importants présents à la cérémonie, et je finis par m'éclipser discrètement pour pouvoir aller chercher mes valises dans l'appartement. J'intercepte un taxi devant chez moi, je vais payer une blinde mais je n'ai pas trop le choix, j'ai vendu ma voiture hier et à cette heure-ci, les bus ne roulent déjà plus. L'homme qui conduit est assez étrange, et écoute une musique trop bizarre. Je me cale dans le siège, sors mon gsm et le rallume. Il se met à vibrer sans cesse, j'ai énormément de messages et d'appels manqués. Tous de Martina sauf quelques uns de ma mère. Je lui réponds rapidement que je suis sur le chemin de l'aéroport, et que j'arriverai tôt demain matin. Elle me répond brièvement, avec une tonne d'émoji, ce qui me fait rire. J'ouvre ensuite ceux de Tini, même si ça m'embête, je ne veux quand même pas me conduire comme un gamin avec elle.

"Répond, je dois te dire quelque chose de vraiment important", "Je t'en prie, je suis vraiment désolée, il faut vraiment que je te parle" ou encore "Je comprends que tu sois en colère contre moi... Mais cette discussion ne me concerne pas directement. J'attendrai alors que tu sois revenu, j'espère que ta cérémonie s'est bien déroulée, je t'attends ici. Fais bon voyage, bisous."

Je ne sais vraiment pas ce qu'il se passe pour qu'elle soit dans un tel état. Je ne vais pas en rajouter une couche en l'ignorant, alors je réponds brièvement "Je monte bientôt dans l'avion, on parlera quand je serai là ne t'inquiète pas. Bisous et à demain." Je ne sais pas trop pourquoi j'ai ce pressentiment étrange au fond de moi.

Lorsque je monte dans l'avion, je repère rapidement mon siège et m'y installe. Je ne me souviens que du décollage car je me suis endormi presque instantanément. Ça m'apprendra à avoir tant fait la fête la semaine dernière. Quand j'arrive à l'aéroport de Buenos Aires, il est presque la même heure que quand j'ai décollé de Paris, c'est la magie du décalage horaire. Je vais devoir m'y habituer à nouveau. Je récupère mes bagages, tous mes muscles sont complètement endoloris à cause du vol, j'avance comme un escargot. Ou alors ce n'est qu'une impression ? Aucune idée. Je me dirige à pas de loup vers la sortie, et là j'aperçois ma mère au loin avec une pancarte écrite maladroitement à la main disant "Blanco". Je souris comme un imbécile, elle m'a tellement manqué. Je me dirige vers elle, et quand son regard se pose sur moi elle émet un petit cris aigu et je m'avance alors plus rapidement. Elle me saute dessus dès que j'arrive à sa hauteur, et se met à pleurer. Je la serre fort contre moi, ça fait du bien de récupérer mon entourage.

- Tu as tellement grandi mon grand. Oh, tu m'as tellement manqué ! Je suis si fière de toi, dit-elle en respirant lourdement dans mon cou, pleurant et souriant comme une folle.

- Toi aussi tu m'as manqué, ça fait du bien d'enfin rentrer à la maison.

Elle desserre son étreinte et me regarde dans les yeux. Elle me frotte le visage tendrement, avec tout l'amour qu'elle m'a toujours donné. Elle est tout pour moi, et c'est seulement maintenant que je me rends compte à quel point j'avais besoin d'elle.

- Ton père va arriver, il cherchait une place de parking. C'est bondé ici en ce moment.

Elle soupire. Ils doivent être fatigués, il est presque une heure du matin. Nous nous dirigeons vers la sortie, pour pouvoir s'assoir un peu. J'ai mal partout, c'est horrible, mais je suis tellement heureux d'être rentré qu'il est impossible d'effacer ce sourire de mon visage. Mon père nous rejoint, de sa démarche toujours assurée, et je ne peux m'empêcher de rire doucement quand j'aperçois qu'il porte toujours cette tenue. Son fameux costume-cravate qu'il porte tout les jours pour aller travailler. Il est l'homme classe en toute circonstance, et cela même en plein milieu de la nuit dans un aéroport national bourré de touristes et de vacanciers. Il me fait un grand sourire et passe son bras dans mon dos avant de me faire une tape sur l'épaule énergiquement.

¿Dónde está tu mamá ? {JORTINI} Tome 1Where stories live. Discover now