¿Dónde está tu mamá ? {JORTINI} Tome 1

Chapitre 4

Jorge

22 novembre 2017, Paris

Le commissaire la toise ; visiblement, il semble surpris. Je ne m'y connais pas trop dans ce genre de procédure, mais je suis sûr que ce n'est pas trop formel de sa part de faire ça. Mais qui blâmer, nous sommes tous des êtres humains après tout non ?

- Je ne peux pas. Il faut d'abord qu'il signe un papier d'adoption temporaire.

Il me regarde en disant cela. "Adoption". Ce mot fait quand même vachement flipper. Je ne sais pas vraiment ce que je dois faire... Dois-je accepter ou laisser la petite ici ? Non, je ne peux pas faire ça. Je sais que c'est une décision qui mérite d'être vue et revue dans tous les sens, mais je n'ai pas le temps. C'est toujours le timing qui pose problème. Ils attendent une réponse, là, maintenant. Mais je sais que je suis incapable de refuser, je le sens au fond de moi ; que même si c'est totalement irrationnel, je dois le faire. Cela ne cesse de raisonner en moi, comme une prière silencieuse. Je suppose que je dois l'écouter et suivre mon instinct. Je prends une profonde inspiration et secoue la tête.

- D'accord, je vais signer.

La femme me sourit. Je suppose qu'elle veut me faire comprendre que j'ai pris la bonne décision elle-aussi, et étonnamment ça m'aide beaucoup. Le commissaire émet un léger sourire lui-aussi, discret mais je l'ai vu. Est-ce si rare ce genre de geste ? Oui, c'est sûr. A vrai dire, je ne suis pas encore trop sûr dans quoi je me lance, mais je vais le faire.

- D'accord, suivez-moi dans mon bureau.

Je me tourne alors vers Ylana. Elle me regarde dans l'attente ; en même temps c'est presque tout son avenir qui dépend de ce moment. Et c'est assez terrifiant quand on y pense. Je me penche doucement vers, et lui parle doucement. Pourraient-ils envisager une seconde que je sois un pédophile ? Vachement glauque. Je pense que je vais avoir le droit à un sacré interrogatoire.

- Tu m'attends ici petit cœur ? Je vais vite faire quelque chose avec le monsieur puis je reviens.

Elle hésite avant de me répondre. Elle a sûrement peur que je m'enfuie.

- D'accord.

La jeune femme intervient, toute sourire. J'ai compris la façon dont elle me regardait. Elle est vraiment jolie ; grande, blonde, yeux marrons. Mais je ne suis pas intéressé. Je lui souris alors poliment et tourne la tête vers le commissaire.

- Princesse, ça te dit qu'on refasse une grande tour toutes les deux en attendant Jorge ?

Elle sourit alors et je la dépose au sol. Je l'embrasse sur le front. 

- Oui. Je veux faire une grande tour pour papou.

Je souris à mon tour et suis le commissaire dans ce que je devine être son bureau. Elle m'a appelé "papou" deux fois. Ça fait vraiment bizarre, mais je peux facilement m'y habituer.

- Asseyez-vous, je vous en prie.

Il m'indique un fauteuil et j'y prends place. Il s'assied en face de moi et sort des papiers.

- Très bien. Donc, dès demain vous aurez la visite d'une assistante sociale. Ce sont des visites obligatoires pour voir si la petite est entre de bonnes mains. La procédure d'adoption provisoire dure environ un mois. Après cela, vous serrez légalement son tuteur. Je vous donne le dossier, parcourez-le à votre aise.

Je ne fais que hocher la tête.

- D'accord, merci.

Je prends le dossier et commence à le lire tranquillement. À vrai dire, je n'y comprends pas grand chose car les termes qu'ils emploient sont très compliqués et que mon français est tout de même limité. J'ai quand même capté l'essentiel. Je me saisis du stylo mais m'arrête un moment. Je m'apprête vraiment à signer un papier pour adopter une petite fille abandonnée que j'ai trouvé dans un aéroport, même si ce n'est que provisoirement ? Je fixe la feuille un moment. Je ne me sens pas prêt pour ce genre de responsabilité mais quelque chose me pousse à la garder avec moi. En seulement deux jours, j'ai créé un lien profond avec cette petite et elle comble ce qu'il me manque au plus profond de moi. Je respire calmement et dépose la pointe du stylo sur la feuille. D'un mouvement lent mais sûr, je signe.
Je relève la tête et l'homme me sourit amicalement.