Crescendo.

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Crescendo.

La musique comme une couleur, entoure les cœurs et les emprisonne. Mais jamais – oh non jamais – elle ne les empoisonne. La musique comme une fleur nourrit les yeux sans les abîmer et les neiges auront beau les ensevelir, les notes resteront gravées dans leurs souvenirs. Et la musique a cette force inouïe de remodeler les réalités, même quand ça leur semble impossible. A croire qu'elle seule peut y arriver. Aujourd'hui il fait gris, humide et froid à la fois, mais malgré ça, quand ils allument la musique le soleil brille dans les oreilles. Et c'est aussi vrai que les étoiles. Et c'est clair comme un ciel sans nuages.

Les parents de JungKook ne sont pas là. Et ceux de TaeHyung n'y penseront pas. Alors ils sont là, en tailleurs par terre, à défier l'univers. Les morceaux de M83 défilent à travers la pièce. Et les garçons voient la nuit qui tombe tôt car c'est l'hiver et que l'hiver est plutôt sombre. La nuit tombe à l'intérieur de la chambre. Les chansons sont stellaires. Il y a des constellations sur le plafond. Ils sont assis en tailleurs côte à côte, adossés au lit de JungKook. Ils feuillettent un recueil plein de mots nouveaux et se parlent de choses. Des choses comme ça. Toutes sortes de choses. Et ils aiment ça. JungKook aime quand TaeHyung est là. Et TaeHyung n'a plus de vide quand JungKook est là. Le soleil se couche derrière les nuages. TaeHyung regarde les minuscules lampes que JungKook a accrochées, il traîne ses yeux sur les murs, sur les cartes et sur les mots qu'on a couchés. Il se dit que c'est joliment réel. Il se dit qu'il aimerait rester là des nuits entières, à regarder les étoiles phosphorescentes au plafond, à le regarder lui. Les soleils tournent tout là haut. Il les voit tomber sur les planètes puis s'exploser contre les meubles. Il est le seul spectateur de ce ballet céleste qui se déroule dans sa tête.

Soudain JungKook pose sa main au dessus du genoux de TaeHyung. Il vient embrasser sa joue, puis ses lèvres et puis son cou. Il laisse sa bouche sur ses belles clavicules et s'enivre de son odeur. Les mains de TaeHyung tâtonnent sur le T-shirt couvert de mots de JungKook. Ses doigts tremblent. JungKook s'en empare et les guide jusqu'à ses joues. Ils se fixent. Et leurs yeux scintillent sous les étoiles imaginaires. Ils s'embrassent encore sur les battements de Echoes of Mine, et TaeHyung pense que la musique a raison, que les échos de son cœur sont aussi fort que ça. Et cette fois, ils s'embrassent longtemps. La main de JungKook se pose sur la cuisse de TaeHyung. Ils s'embrassent encore très fort. L'autre main remonte légèrement son pull vert forêt. Une forêt de souvenirs. JungKook sent la peau froide de TaeHyung comme une décharge électrique. Mais soudain TaeHyung a la tête qui tourne. Il rompt le contact et laisse tomber son front sur l'épaule de JungKook. La chambre tourne, les étoiles tanguent, le ciel tombe. Le froid le paralyse. JungKook a relâché sa taille. JungKook serre TaeHyung contre lui. JungKook lui murmure qu'il est désolé. Qu'ils peuvent en rester là s'il n'en a pas envie.

TaeHyung reste muet. Il ne lui dit pas. Il ne lui dit pas qu'il ne veut pas qu'il le voie. Il ne lui dit pas qu'il a peur qu'il le voie. Il ne lui dit pas comment il se voit, qu'il se trouve affreux, incolore, énorme. Il reste muet pour toutes ces choses là. Alors JungKook se penche tout contre son oreille. Sa voix se mêle à la musique. Étoilée. Et il murmure entre les voûtes dégradées :

« -Je suis amoureux de toi. »

Et quand il lui dit ça, TaeHyung sourit hors du vide. TaeHyung le serre aussi dans ses bras, met de côté le reste, écoute les belles paroles. TaeHyung oublie ces choses là.

Et dans une autre réalité où on déracine la forêt verte, JungKook pleure sur la vérité.

Âmes Poétesses - TaeKookWhere stories live. Discover now