Strophe.

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Strophe.

Dans un souffle de fraîcheur presque froide, la portière de la voiture s'ouvre puis se referme en un claquement brutal. Hoseok s'assoit, passe une main sur le volant, puis tourne son visage vers TaeHyung. Il sourit. TaeHyung sourit aussi. C'est un sourire gris, sur un fond de lumière. Tu devrais prendre l'air un de ces soirs. C'est ce qu'avait dit Hoseok alors qu'ils traînaient tous les deux sur le sol de leur allée bétonnée. TaeHyung avait souri faiblement sans rien dire. Peut être. Puis Hoseok lui a reparlé de cette idée la veille. TaeHyung étouffait. TaeHyung a dit oui. Et comme la voiture d'Hoseok est en panne, TaeHyung a demandé les clés de la Ford de son père. En trois temps c'était réglé. Regard intrigué. Hochement de tête. Ne le dis pas à ta mère. Et le moteur démarre, et la voiture s'emballe. L'odeur du tissu vieilli flotte dans l'habitacle. TaeHyung reconnaît les moments passés. TaeHyung ne sait pas quoi en penser. Hoseok démarre l'autoradio. TaeHyung arrête de penser. Il pose sa tête contre la vitre et il ferme les yeux tout en les gardant ouverts.

Il y a cette chanson qui passe. Une belle chanson qui engorge son crâne. Elle s'appelle Let Down. Et elle est drôlement belle. TaeHyung voit les lampadaires deux fois. Une fois sur le sol, l'autre dans le rétroviseur. Ils portent les lumières, bras tendus vers le ciel. TaeHyung cherche la couleur dans les nuages nocturnes. C'est une nuit d'acier. C'est une nuit grise, mais brillante. Sombre mais séduisante. Pas d'or mais argentée.

« - C'est beau. »

C'est TaeHyung qui a dit ça. Et il l'a dit sans savoir pourquoi. Peut être pour plein de raisons. Après tout, c'est difficile de parler pour une seule raison. Peut être que c'était à la fois pour la nuit d'acier, pour les étoiles en haut des poteaux, pour la musique parce qu'elle est sacrément belle cette musique et puis un peu pour la vie aussi. Mais ça il n'en est pas complètement sûr. Il ne la connaît pas vraiment la vie. Mais parfois, il se dit qu'il la connaît déjà trop. Puis lorsqu'ils arrivent en ville et que le ciel devient un toit d'encre, soulevé par les buildings abandonnés, la musique atteint son paroxysme. Et TaeHyung pense avoir trouvé son nouveau morceau préféré. Parce qu'elle est quand même très belle cette musique. Finalement la voiture se gare près d'un petit magasin aux panneaux bleutés. A l'intérieur, ils passent de la musique country. Hoseok sort sa fausse carte d'identité pour acheter de l'alcool et un paquet de cigarettes puis ils s'en vont comme des hors la loi, des flammes dans le givre.

A minuit ils sont assis dans un parc surplombant le centre. Là où on voit tout et où on ne voit pas. Ce ne sont que des idées luminescentes. Idées qu'on s'en fait. Idées mensongères. TaeHyung regarde la fumée flotter vers les arbres, avide de liberté. Il y cherche des jolies formes. Il a retiré ses chaussures pour sentir l'herbe humide caresser la plante de ses pieds. Et les garçons regardent la nuit, la ville, l'absence humaine et le silence. Et puis ces moteurs fracassants et ces points qui courent le long des routes. C'est la vie ça ? TaeHyung ferme les yeux de fatigue. Il se sent bien et puis mal à la fois. Et il tremble tellement qu'Hoseok met sa veste sur ses épaules. Hoseok le regarde, la cigarette entre les lèvres. Puis il murmure, n'attendant pas de réponse :

« -Pourquoi tu l'as quitté si tu l'aimais tant que ça ? »

TaeHyung ouvre les yeux. Et à cet instant là, il aimerait rester un enfant pour toujours.

Et peut être que dans une réalité, là où on écoute que les chansons drôlement belles, il n'y a pas d'adultes mais que des enfants. Des enfants qui ont grandi. Des enfants grands.

Âmes Poétesses - TaeKookWhere stories live. Discover now