HOMELESS SOON ( Disponible maintenant au format PAPIER )

Chapitre 2 ( nouvelle version ) Amy

          Il est presque 17h30 lorsque j'arrive devant l'immeuble haussmannien de Barbara, ma meilleure amie pour une pyjama party en comité restreint. Juste elle et moi. Jusque-là, rien de plus normal qu'une soirée ordinaire, mais avec des moments extraordinaires en perspective puisque son invitation va se prolonger pendant 48 heures.

Barbara m'a suggéré de rester chez elle ce week-end – plutôt que de partir à Deauville avec ma sœur Jessica – pendant l'absence de mes parents. Trop contente de sauter sur l'occasion, j'ai accepté – avec l'accord de ma mère et bien sûr la bénédiction de Jess.

Oubliant la chaleur étouffante de la ville, je presse le bouton de l'interphone, un sourire involontaire flottant sur mes lèvres. Telle que je la connais et je connais bien Barbara, je devine à l'avance le programme de cette soirée à l'esprit « pyjama » : chant, danse et nuit – du moins une bonne partie – devant Netflix et un grand bol de pop-corn.

Le cliquetis de la porte en verre du hall qui se déverrouille m'arrache momentanément à mes pensées festives, avant que celles de l'ascenseur ne s'ouvrent sur le visage souriant de mon amie.

— Hello Amy ! On va s'éclater, m'accueille-t-elle avec une pointe d'accent latino.

Je lui fais la bise avec un rire d'approbation.

— Salut ! Je n'en doute pas, on ne s'ennuie jamais avec toi.

Je m'engouffre dans l'habitacle. D'étage en étage, la cage de métal nous amène jusqu'au septième et dernier palier. L'immense appartement semble silencieux et vide.

— Tu es seule ? m'étonné-je.

— Échappée parentale au restaurant, explique-t-elle. Luc, lui, dort chez sa copine. Le home cinéma est à nous !

J'émets un petit rire. Au cœur d'un conflit permanent entre mon amie et son frère, le home cinéma n'est pas leur unique source de désaccords. Ils sont nombreux et variés et dépassent souvent l'entendement, surtout pour moi qui partage une complicité sans faille avec ma sœur. Je préfère ne pas m'étendre sur Luc et me réfugie dans un mutisme diplomatique. Un gargouillis se fait entendre, provoquant nos éclats de rire.

— Ton ventre te rappelle à l'ordre, pouffe Barbara.

Je lui adresse un sourire penaud. Le sandwich de ce midi au lycée n'est plus qu'un lointain souvenir. Je propose :

— On mange tant que c'est chaud ?

Quelques parts de pizzas englouties plus tard, Barbara connecte le Bluetooth de son iPhone sur l'enceinte de son haut‑parleur. La playlist démarre sur « Despacito. » Nous échangeons un regard complice et d'un commun accord, nos chaussures atterrissent dans un coin de la pièce. C'est l'heure de la digestion !

— « Despa », entamé-je en pointant mon amie du doigt.

— « Cito », hurle Barbara en marquant un temps d'arrêt avant de se trémousser, entraînée par la musique.

La soirée vient officiellement d'être lancée et la chambre se transforme en piste de danse improvisée, rythmée par nos rires et le bruit de nos pas. Après une heure de déhanchements et de hurlements contrôlés – pour ne pas contrarier les voisins – à bout de souffle, je m'éponge le front et je lève la main en riant pour donner le signal de la pause. Je ne sens plus mes jambes ni mes pieds et demain, je n'aurai plus de voix.

Qu'importe ! Je passe une soirée parfaite avec une amie exceptionnelle.

***

Malgré l'air conditionné, la chaleur persiste. En quête de fraîcheur, je fais coulisser la baie vitrée qui donne sur la terrasse et me faufile à l'extérieur de la chambre. Les lumières de la tour Eiffel sont éteintes. Appuyée sur la rambarde du balcon, je scrute le ciel. Le nuage de pollution lumineuse m'empêche de voir les constellations. Je finis par repérer quelques étoiles solitaires perdues au milieu de la voûte céleste. Mes yeux scintillent. Barbara se glisse à mes côtés.

— Il ne faut pas grand-chose pour te rendre heureuse. Il suffit de t'offrir la possibilité de contempler les astres.

J'approuve en souriant et détache un instant mon regard du firmament.

— Mon rêve, c'est d'aller un jour dans le désert...

— D'Atacama au Chili, termine-t-elle en riant.

— C'est le meilleur endroit au monde pour voir la Voie lactée à l'œil nu et admirer les étoiles qui surfent par milliards.

— Un jour, nous ferons ce voyage ensemble. Nous réaliserons ton vœu. Et pourquoi pas dans deux ans pour nos dix-huit ans ?

Son optimisme m'arrache un autre sourire. Je hausse les épaules. « Pourquoi pas, après tout ? »

Un blanc s'installe pendant une poignée de secondes.

— Au fait, tu ne m'as toujours pas dit où tu vas cet été.

Barbara baisse les yeux et pousse un soupir résigné.

— Je ne voulais pas t'en parler ce soir, mais nous quittons Paris bientôt.

— Tu quittes Paris ? répété-je, incrédule en la dévisageant.

— Le mois prochain, me confie-t-elle la voix larmoyante. Mon père est muté à Madrid.

Je frémis à l'idée de ne plus la voir.

Atacama n'est plus qu'un mirage dans le vaste désert chilien.

Barbara doit posséder des dons de télépathie.

— Madrid n'est pas si loin. Quoi qu'il arrive, faisons la promesse de faire ce voyage dans deux ans, pour notre majorité, conclut-elle sur un ton solennel.

Je m'efforce de chasser mes pensées pessimistes et lui souris bravement.

— Promis.

Elle m'entoure d'un bras amical et me ramène à l'intérieur.

— Ne fais pas cette tête, je ne suis pas encore partie, Amy. On va oublier tout ça devant une bonne série. Netflix and Chill ?

***

Installée au fond de nos fauteuils devant l'écran géant, qui occupe presque toute la surface du mur, j'ai du mal à suivre l'intrigue de la « Casa de Papel. » Mes pensées vacillent entre le moment présent et le futur. J'ai du vague à l'âme. Est-ce l'annonce du départ de Barbara qui me plonge dans cet état nostalgique ? Mon intuition me souffle que sans elle, cet été ne sera pas comme les autres. Je n'ose imaginer à quoi ressemblera la rentrée prochaine...

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Coucou à tous,

J'espère que cette nouvelle version de mon roman vous plaît.

j'ai hâte d'avoir vos retours;

À très vite !

Plein de bisous

Je vous aime

Sophie