Chapitre 5 (Avant-dernière partie)

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Règle n°3: Ne jamais perdre espoir.

Le dîner touche à sa fin. La lumière devient tamisée. Le moment le plus attendu est arrivé. L'orchestre attaque la chanson : " You're the fisrt, the last, my everything" de Barry White. Les convives se lèvent et la reprennent en chœur. Un énorme wedding-cake de huit étages fait son entrée.

Karl et Emma s'avancent, découpent le gâteau et sous nos applaudissements, s'échangent la première bouchée. La surprise n'est pas terminée. Un roulement de tambour et les serveurs surgissent avec une gigantesque pyramide de pièce montée et un assortiment de desserts individuels.

Un grand silence se fait progressivement. Les musiciens entament l'air de « Thousand years » de Christina Perri. Les mariés ouvrent le bal par une valse interprétée avec beaucoup d'émotion. J'en ai les larmes aux yeux. Emma me confiera plus tard l'avoir travaillé chaque soir durant des mois avec Karl, sous la direction d'un ami chorégraphe.

Tout au long de la danse nuptiale, Simon ne cesse de m'observer. L'orchestre joue une autre valse. Sans me quitter des yeux, Simon s'approche et me tend la main.

— M'accordes-tu cette danse?

— Avec plaisir!

Ses doigts se referment sur les miens. D'un pas sûr et déterminé, il m'entraîne sur la piste de danse et me fait pivoter face à lui, une main plaquée au creux de mes reins. Simon se révèle être un excellent danseur, attentionné de surcroît. Nous virevoltons. Quel bonheur de glisser sur le parquet de la salle de bal, de me laisser porter par mon cavalier! Grisée par la musique, je m'abandonne à la danse.

Simon m'enveloppe du regard, une lueur étrange au fond de ses prunelles bleues.

— Tu danses merveilleusement bien, dit-il admiratif. Aurais-tu d'autres talents cachés?

Je souris malgré moi.

— D'innombrables. La soirée ne suffira pas pour les énumérer tous, continué-je en plaisantant.

— Je ne demande qu'à les connaître, enchaîne-t-il d'une voix profonde. Je suis curieux de nature... j'aime les découvertes... surprenantes et inattendues... poursuit-il, les yeux pétillants d'amusement.

J'émets un rire gêné.

— Crois-moi, je suis loin d'avoir... enfin, je veux dire... toutes ces qualités auxquelles tu penses...

— Et d'après toi, quelles sont ces qualités qui tapissent le fond de mes pensées?

— Je n'en suis pas sûre, avancé-je, prudente.

— Un doute? réplique- t-il, se délectant de mon embarras. Faisons en sorte dans ce cas que nos pensées se rejoignent. J'ai toujours été partisan du rapprochement... sous toutes ses formes...

Mon visage s'empourpre.

— Je veux dire... je suis loin d'être parfaite, bredouillé-je.

Un changement de musique inopiné vient à mon secours et me tire de ma conversation périlleuse. À ma grande surprise, Simon resserre son étreinte, me plaque contre lui et me fait tournoyer avec adresse sur le rythme d'une salsa. Aussitôt, je calque mes pas et mes déhanchements sur les siens. Portés par la mélodie sensuelle et lancinante, nos corps se fondent harmonieusement. À la fin du morceau, Simon me renverse en arrière pour la pose finale. Le souffle court, je lève sur lui un sourcil interrogateur.

— Un homme du monde se doit d'être toujours prêt à assurer en toutes circonstances, déclare-t-il avec un sourire désarmant.

Nos regards restent accrochés l'un à l'autre. L'instant d'après, une jeune femme aux courbes parfaites vient se matérialiser aux côtés de mon partenaire. Simon se raidit, le charme est rompu.

— Loretta! s'exclame-t-il d'un ton assez froid.

— Pourrais-je caresser l'espoir d'avoir le plaisir de danser avec le meilleur cavalier de la soirée? susurre-t-elle d'une voix langoureuse en m'ignorant superbement.

Je note, non sans ironie, l'accent délibéré sur « caresser » et « plaisir ». Je jette un coup d'œil en direction de Simon. La mine sombre, il finit par lâcher visiblement à contrecœur, mais néanmoins avec galanterie.

— Mais certainement!

Simon s'écarte enfin et détache nos mains toujours enlacées. Un sourire de triomphe aux lèvres, la jeune femme en profite pour se coller à son bras. La repoussant d'un geste agacé, il se tourne vers moi légèrement contrit. Choquée par l'attitude dédaigneuse de la nouvelle venue, je décide de ne pas attendre les présentations et m'éclipse sur un:

— À plus tard Simon! Ce fut un plaisir de danser avec toi!

Tournant les talons, je m'éloigne sous le regard noir de colère de Loretta, du sourire amusé de Simon et d'un petit nombre d'invités qui ont suivi la scène avec intérêt.

Un des hommes en charge du service vient à ma rencontre, un plateau à la main et me tend une coupe. J'avale mon verre d'un trait. En le reposant, je surprends le regard du serveur. Je lui adresse un large sourire.

— Les émotions... ça donne soif!

Il incline la tête, une expression espiègle sur le visage.

— Oui, madame, approuve-t-il, la chaleur aussi!

HOMELESS SOON ( Disponible maintenant au format PAPIER )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant