Chapitre 2

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J'entends des bruits de pas dans le couloir. Vite, je saute prestement dans mon lit en cachant mon téléphone sous l'oreiller. Amy à moitié endormie pénètre dans ma chambre et se glisse à mes côtés. Je la prends dans mes bras. Elle lève vers moi des yeux remplis d'inquiétude. Ma gorge se serre. J'essaie de contrôler les battements désordonnés de mon cœur pour lui masquer mon désarroi. Personne ne prononce un mot pendant de longues minutes. La sirène d'un véhicule de secours dans le lointain vient troubler le silence.

— Ils ont appelé ? demande Amy d'une voix à peine audible.

— Non, dis-je simplement.

Après une courte pause, je reprends.
— Ne t'inquiète pas Amy, ils vont bien finir par nous donner de leurs nouvelles.

Amy hésite un bref instant, puis se résout à me poser la question qui lui brûle les lèvres.

— Tu crois qu'ils sont morts ?

Une larme perle à mon œil. Je respire profondément pour la chasser.

— Bien sûr que non voyons !

— Ça fait un mois qu'ils sont partis Jessica, réplique Amy d'une voix sourde. Personne ne sait où ils sont. Ça ne leur ressemble pas. Il leur est arrivé quelque chose !

— Je sais, coupé-je rapidement. Nous ne devons pas penser au pire. Il doit bien y avoir une raison à leur...absence...ils nous l'expliqueront quand ils rentreront à la maison.

La maison, pensé-je amèrement. Elle n'est déjà plus à nous. Je n'ai toujours pas réussi à l'annoncer à Amy. Je n'ai pas le courage de le faire. Comment le pourrais-je d'ailleurs ? Elle est déjà assez perturbée. Je suis persuadée que ce qui nous arrive a un lien avec la disparition de nos parents. Je sens mon téléphone vibrer sous l'oreiller. Je le récupère en prenant soin de couvrir l'écran avec la paume de ma main.

C'est un message d'Ethan.

Tu l'as mise au courant ?

Je lui réponds.

Pas encore.

Tu ne crois pas qu'il serait temps de le faire ?

J'écris.

J'attends le moment opportun — avant d'effacer mon SMS. Je n'ai pas envie d'y penser. J'éteins mon portable. On affrontera la réalité plus tard.

***
La réalité! Elle me rattrape brutalement, ce jour de juin où tout a basculé. Peter, l'associé et ami de longue date de mon père m'a appelé de bon matin.

— Je suis désolé Jessica. Vous n'êtes pas au bout de vos peines. Votre père avait de grosses dettes. Votre maison est hypothéquée, elle va être saisie par la banque. Ton père a été prévenu. Il a eu huit jours pour se manifester, mais il ne l'a pas fait. Il a préféré fuir par lâcheté et vous a abandonné.

J'ai du mal à croire à ce nouveau coup du destin. Papa n'est pas ce lâche décrit par son ami. Et pourquoi Peter parle-t-il de lui au passé ? Nos parents ne sont pas morts ! Le mystère de leur disparition inexpliquée n'est certes pas résolu. Toutefois, les inspecteurs chargés de l'enquête nous ont demandé de ne pas nous décourager sans éléments nouveaux. Rien dans les morgues ni les hôpitaux. Pas de demande de rançon. Où peuvent-ils bien être ? Y'a-t-il un lien entre tous ces événements ?

La voix de Peter résonne à nouveau dans le combiné.

— J'ai communiqué tes coordonnées à la banque. Tu vas recevoir un mail de leur part ainsi qu'un courrier recommandé. J'ai transmis également ton numéro de portable. J'ai fait ce que j'ai pu Jessica. Vous avez un délai de trente jours...

Il s'interrompt, puis.

— Je t'avoue que je suis très remonté contre ton père. Il m'a mis dans une grosse merde ! Je vais essayer de tout faire pour éviter de perdre la société, mais il me devait une énorme somme d'argent. Je ne peux pas vous aider. Martha ne veut plus rien entendre de vous. Je suis désolé Jessica.

Je suis atterrée. Le reste de la journée est un rêve éveillé entre cauchemar et réalité. Nos parents vont revenir. Peter et Martha ne peuvent pas être si méchants! Et la banque ? Non, ils ne peuvent pas nous mettre à la rue Amy et moi! Il me reste un an pour finir mes études de commerce. Je n'ai jamais travaillé de ma vie. Je ne pourrai pas assumer pour les deux. J'ai certes un peu d'argent de côté et Amy aussi. Combien de temps allons-nous tenir sans nos parents ?

Le bip de mon portable m'annonce l'arrivée d'un nouveau mail. Je l'ouvre machinalement encore abasourdie par le coup de fil de la matinée. Le logo de la FCS International Private Bank s'affiche en tête du mail. Je survole son contenu. Je ne retiens qu'une chose : dans trente jours, nous devons quitter la maison.

Je me souviens encore du choc ressenti. Je suis avec Amy dans notre institut de beauté favori pour une séance de manucure. J'ai fini plus tôt avant Amy et l'attends dans le sofa de la salle d'attente. J'accuse le coup. Malgré l'appel de Peter, la pilule est dure à avaler. Jusqu'au bout, je refuse d'y croire. Je reste tétanisée, indifférente au brouhaha autour de moi. Puis, j' envoie un SMS à Ethan, le fils de Peter, mon ami d'enfance, mon ami des 400 coups, mon fidèle confident.

Je viens de recevoir un mail de la banque m'annonçant une saisie sur la maison. Ton père m'a prévenu ce matin. Ne m'appelle pas s'il te plaît, j'ai besoin d'encaisser ... seule...et de rester forte pour Amy. Elle ne doit pas le savoir. Garde le pour toi !

Je reçois dans la foulée la réponse d'Ethan.

— Tiens bon, Jess ! Mes parents viennent de me mettre au courant. C'est compliqué. Je suis avec vous. Je t'embrasse.

Sur ces entrefaites, l'esthéticienne fait irruption dans la petite salle.

— Mademoiselle de Terrani, vous êtes toute pâle ! Tout va bien ?

Je pose sur elle des yeux hagards. Amy a surgi à ses côtés.

— Ça va, Jess ?

Je retiens mes larmes et m'efforce de lui sourire.

— Oui, bien sûr. J'adore la couleur de ton vernis. Elle ressort super bien sur ta peau mate !

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Chères lectrices, chers lecteurs,

Voici  enfin la suite d'Homeless soon.  J'espère qu'elle vous plaira autant que le début. Si oui, n'oubliez pas de voter, commenter, partager. Pour ceux qui ne l'ont pas encore fait, pensez à vous abonner pour suivre les aventures de Jess et Amy et découvrir les prochaines règles anti-déprime.

À très bientôt !

HOMELESS SOON ( Disponible maintenant au format PAPIER )Where stories live. Discover now