Mon lycanthrope favori

Chapitre XXIV : Une visite surprise hostile

Le lendemain, Alexis m'a tout raconté de son cousin Maurice. Il m'a expliqué chaque détail de ce moment au moins dix fois et m'a décrit le loup de Maurice du haut de ses oreilles au bout de ses pattes blanches griffues et de sa queue brune. Je le visualise tellement bien dans mon esprit que le voir en vrai me chamboulerait sûrement. Alexis est très excité quand il raconte tout cela, ça a l'air de lui avoir plu, cette soirée.
J'aurais bien voulu y être mais Alexis me l'a tant relatée dans tous les sens que je connais tous les détails par cœur sans avoir assisté à la moindre des scènes en direct.
J'adore quand il me raconte tout ça, et j'aime surtout le moment où il s'est montré particulièrement sadique envers son cousin un poil têtu et rebelle, sans mauvais jeu de mots. Je connais la fougue, la hargne et l'entêtement des loups-garous. Bien évidemment, puisque je suis amoureuse d'un de ces spécimens !

-Refais-le, refais-le ! lui demandais-je avec une telle joie retranscrite sur le visage que je me serais sans doute surprise moi-même si je m'étais vue dans un miroir en ce moment-là.
-Encore ? me dit-il, avec un air amusé mais un ton surpris.
Il baisse alors le regard, un grand sourire figé sur les lèvres, les yeux levés vers moi...J'aime les expressions qu'il peut faire avec son visage, le modelant comme il le veut...J'aime tellement cette tête de psychopathe qu'il est en train de ne faire en ce moment, et comme il me l'a décrite quand il parlait à Maurice. Il relève alors le visage et sourit de plus belle. Il prend un air avec une pointe de compassion mais surtout, beaucoup de cynique satisfaction. Il prononce alors deux mots qui ont tout leur charme si on les replace dans leur contexte :
-Louveteau, va !
Je ris. Comme à chaque fois. Je vois tellement mon Alexis dire ça, et surtout à son cousin qui devait avoir une telle expression dépitée, des vrais yeux de chien battu. Je ris à gorge déployée.
-Je t'adore, Alexis !
Il me regarde avec un air amusé et attendri à la fois, la joue dans la paume et le coude sur la table.
-J'aurais bien voulu voir tout ça !
Alexis m'adresse un sourire sincère.
-Oui, ç'aurait été bien !

Aujourd'hui, un de nos enseignants ne se sentait pas assez bien pour nous donner un cours normal et nous sommes donc partis sur des sujets tous plus divers les uns que les autres. Quand soudain, je vois alors Alexis lever la main et demander :
-Monsieur, puis-je vous demander votre avis sur un sujet un peu, comment dire, peu commun ?
-Oui ?
-Que pensez-vous au sujet des loups-garous ?
L'interlocuteur d'Alexis ouvre des yeux étonnés. Comme il s'intéresse à beaucoup de choses en dehors de la branche qu'il nous enseigne, les mathématiques, il part immédiatement dans un monologue sur les lycanthropes.
Il passe alors en revue la maladie, réalité plus ou moins connue par tout le monde, puis de plusieurs mythes et légendes concernant le monde des loups-garous.
Alexis se tourne vers moi en ayant un sourire carnassier et je le regarde avec un air amusé et presque sadique avant de lui désigner de la tête James qui nous regarde avec un air complice. Faire partie du monde des lycanthropes est vraiment quelque chose d'unique et de fascinant, presque excitant. James lève alors la main et demande à son tour :
-Monsieur, vous semblez bien informé sur ce sujet. Voulez-vous bien nous parler de comment devenir, comment nous transformer en loup-garou ?
Tina regarde James, amusée et lui demande avec un sourire digne d'elle :
-Tu veux devenir un loup-garou ?
James rigole comme s'il disait qu'il trouve cette idée ridicule mais ne répond rien d'intelligible. Il n'a pas menti en se taisant et il fixe alors sur nous ses yeux devenus un bref instant jaunes, comme s'il nous demandait avec amusement, pourquoi il aurait envie de devenir un loup-garou en en étant déjà un ? C'est alors qu'innocemment, en répondant à James, notre professeur met le doigt sur une chose qui nous avait passé sous le nez alors que nous l'avions toujours eue devant les yeux :
-On dit que pour devenir un loup-garou, il faut être mordu par un membre de cette espèce. C'est cocasse mais il existe beaucoup de théories différentes...Certains pensent qu'à travers cette morsure, qui implique automatiquement une perforation de la peau et une certaine quantité de salive, des bactéries se transmettraient de cette salive aux veines de la victime, ce qui ferait donc de cette pauvre personne un lycanthrope. D'autres pensent que ce sont les crocs qui sont dangereux et porteurs de ce gène de loup-garou, et que lorsqu'ils pénètrent la peau de leur pauvre victime pour atteindre leur sang, la transmission de gènes se ferait. Voilà quelques-unes des théories qu'on fait sur les loups-garous. Merci d'avoir amené ce sujet, Alexis, bien que tout cela ne reste que de la pure fiction !
Il rit de manière bruyante et Alexis se voit obligé d'esquisser au moins un sourire.
-De la pure fiction...songeais-je. À qui le dites-vous...J'y croyais encore il y a quelques mois. Alexis aussi d'ailleurs...