Chapitre XLVIII : Absence inquiétante

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Aujourd'hui, je prends des notes.
Enfin, comment dire cela autrement ?
Entre mes cours au gymnase, pendant les pauses de dix minutes, j'optimise mon temps en retranscrivant mes pensées et tout ce que j'ai appris sur les loups-garous, les meutes, les Minuit et leurs expériences...Je regroupe mes connaissances grandissantes dans un carnet, grand, ligné, à spirales, avec une plume. Mon outil pour écrire favori !

À une des pauses, Alexis, mon voisin de table et propriétaire de mon cœur, finit par se pencher sur ce que je fais avec intérêt et curiosité mêlés.
-Que fais-tu donc ?
-Un journal. Ou une base de données. Ou les renseignements de l'agent, appelle-le comme tu veux.
-Mais ! dit-il avec stupeur. C'est dangereux !
-Un peu. Mais crois-moi, ce code que j'ai inventé est dur à déchiffrer. Je me suis inspirée de diverses langues et plusieurs alphabets mais ce ne sont pas de bêtes transcriptions de phonétiques ou ce genre de choses.
-Si tu le dis...soupire Alexis. Je te fais confiance. Mais je ne prends pas de responsabilité si cette chose tombe dans les mains d'un étudiant ou d'un ennemi de ma famille !
Alexis et moi utilisons ce terme quand nou sommes en public, à défaut d'utiliser le mot meute. James, lui, est au courant de ce petit truc dans notre vocabulaire mais n'utilise jamais aucun des deux mots pour dire l'autre. Après tout, il ne parle de meute et de loups-garous sérieusement qu'avec nous, dans l'enceinte restreinte de la classe, alors un tel mot ne lui servirait pas vraiment au quotidien.

Je ne cesse de penser avec crainte que quelqu'un puisse tomber sur mon carnet et avoir assez de courage et d'assiduité pour déchiffrer...Mais j'ai aussi pas mal de confiance en mon code secret, on jurerait une vraie gamine avec cette appelation, pour ne pas être facile à décoder. Je me suis basée sur plusieurs langues et plusieurs alphabets, ça devrait aller...
Enfin...Je crois...
Mais il faut bien que je regroupe à quelque part mes connaissances, sinon, malgré tout mon cerveau et ma mémoire d'agent de renseignements, ma tête va exploser sous le poids du savoir !
Sincèrement, je ne crois jamais avoir appris autant de choses si bien en si peu de temps. En cours, les matières ne sont pas toutes intéressantes mais je suis sûre que dans une école de type roman fantastique, je serais heureuse, parce que c'est génial, ce qu'on y apprend ! Mais qui me dit que des êtres fantastiques et mytholiguques tels que les vampires ou les sorcières n'aimeraient-ils pas nos branches scolaires vu qu'elles ne s'enseigneraient pas forcément dans leur monde ?
Trêve de divagation, il faut que je cesse de rêver.

Mon regard se focalise alors sur mon voisin de table, Alexis. Je me demande alors, comme une sorte de question existentielle, si j'aurais été capable de le croire sur parole s'il m'avait seulement dit qu'il était loup-garou. C'est tout de même sur un petit accident, sans la moindre trace de gravité, que je l'ai découvert. Ne lui aurais-je pas ri au nez en croyant à une blague de sa part s'il m'avait juste sorti tout naturellement qu'il était à partir de ce moment-ci un lycanthrope ? Je me le demande. Ce genre de questions s'imposent à mon esprit comme des clients insolents et arrogants au guichet de la gare. Je n'y peux rien, c'est ainsi...
On peut contrôler ses paroles mais pas ses pensées profondes. On peut les changer, les influencer mais pas contrôler leur apparitions soudaines qui peuvent parfois même nous déstabiliser.

Les jours passent, puis une, puis deux semaines...
Un week-end où je me retrouve à nouveau propulsée dans la famille Primus, au beau milieu du salon beaucoup décoré, je vois qu'il manque Yegram et sa femme, Mimosa à l'appel.
Les cousins d'Alexis, tout âges confondus, des plus jeunes et innocentes aux plus âgés et expérimentés, ne semblent pas spécialement troublés ou anxieux mais je vois le stress dans les prunelles du père d'Alexis et de ses deux frères. Ils ont le regard sombre et j'ai l'impression que leurs sens sont en alerte. Je pourrais presque distinguer une goutte de sueur due à l'angoisse sur le front nu de Renfir.

Alexis et moi prenons congé un moment pour aller à la cave. Même si nous baignons dans ce monde de lycamthropes depuis un bon moment maintenant, il faut que nous perfectionnions nos connaissances jusqu'à tout savoir des meutes sur le bout des doigts.
Quand nous arrivons dans le couloir sombre, Xavier nous saute quasiment dessus en hurlant presque :
-Qui va là ?
-Ce...Ce n'est que nous...balbutie Alexis, devant moi, en mettant zes mains devant lui, à la fois pour se protéger et pour montrer son inoffensivité.
-Pardon, fait Xavier en baissant son arme, un pistolet multicolore qui ressemble un peu à ceux que les enfants utilisent pour s'asperger d'eau mutuellement. Je suis juste un peu...Responsable de cet endroit. Je ne voudrais pas qu'il arrive quoi que ce soit ici alors que je m'y trouve et que...Futur alpha, ton grand-père m'accueille si gentiment...
Alexis sourit et abaisse ses mains au niveau de ses cuisses. Dans la pénombre, ils n'ont pas de mal à se voir, moi, un peu plus.
-Ce n'est rien. Et pour le moment, appelle-moi Alexis, tout simplement.
-Mais je...Je n'oserais pas !
-Mais si !
On prend congé de lui pour aller étudier nos meutes. Cela faisait bien longtemps que nous ne nous étions pas retrouvés là, dans cette pièce exigue, sombre et dénuée de lumière naturelle, seuls tous les deux.

Mon lycanthrope favoriWhere stories live. Discover now