Chapitre LVI : Un retour mouvementé

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Je cours bien moins vite qu'Alexis et que Gary, même blessé.
Ça fait une dizaine de minutes qu'on court sans relâche à toute vitesse, je commence à haleter, j'ai un point de côté et je fatigue de plus en plus. J'ai une certaine endurance mais pas à un rythme aussi soutenu...
Alexis finit par remarquer mon état d'épuisement grandissant grâce à ma respiration de plus en plus saccadée.

-Amaryllis, tu ne vas pas pouvoir continuer comme ça...
On s'arrête. On a de l'avance, il ne faut pas la perdre. Un éclair de lucidité traverse alors Alexis.
-Gary ?
-Oui ?
-Arrives-tu à prendre ta forme de loup ? Nous allons terminer notre trajet ainsi...
Gary s'exécute. Il a un loup qui ne ressemble pas trop à Alexis. Il n'est pas beige mais plutôt brun foncé et il n'a pas autour du cou un nid touffu de poils noirs. Il a par contre le bout de la queue, du museau et des oreilles blanc. Alexis lui donne alors son sac qu'il coince sur son dos avec ses pattes comme il peut et il me dit en passant sa main sur ma joue :
-Je vais te prendre sur mon dos pour encore un bon bout du trajet. Ça ira plus vite et tu ne te fatigueras pas.
-Mais...protestais-je, soucieuse et inquiète. Et toi ?
-Moi, ça ira. Je suis un loup-garou, après tout, et entraîné, qui plus est ! rit-il pour me détendre.
Il passe sa main sur ma joue pour me rassurer.
-Et puis, si je suis devenu plus fort et que je ne suis pas capable de te protéger, à quoi ça sert ?

Je sens des larmes de joie me monter aux yeux. Non, il ne faut pas que je pleure ! Je souris, essuie mes larmes naissantes furtivement et le regarde droit dans les yeux en disant :
-D'accord !
-N'hésite pas à t'accrocher à ma fourrure. Je ne veux pas que tu tombes ! Je sacrifierais tous mes poils pour que tu restes sur mon dos !
Il me sourit, expression que je lui retourne, puis se change alors en loup. Ses poils sont dressés pour ensuite retomber légèrement, signe que sa transformation est achevée. Je monte sur son dos et agrippe de mes petites mains les poils de son col de poils presque noirs.
Alexis émet un grognement que Gary comprend et ils repartent en courant d'un bon rythme en passant par la forêt.
Disons qu'une humaine qui chevauche un loup en présence d'un autre dans une rue piétonne, ça ne doit pas être très commun...
Je me penche alors en avant, pour plus ou moins coller mon ventre et ma poitrine contre le dos tout doux de loup d'Alexis, pour réduire le frottement de l'air.

Je n'ai pas l'air de le gêner dans ses mouvements, ni mes mains accrochées à sa fourrure abondante, ni mes jambes pendantes au niveau de ses flancs et qui bougent en rythme par rapport aux pas rapides d'Alexis.
Ça me rappelle notre séance de chevauchement l'autre jour dans la chambre...
C'était tellement différent...
Il allait beaucoup plus lentement et tenir sur son dos était plus compliqué parce que je sentais sous mon corps tous les mouvements de ses articulations. Là, tout est fluide et il n'a pas d'hésitation apparente dans sa gesture.

Nous continuons un long moment notre chevauchée sauvage à travers les arbres. Gary et Alexis ont l'air de parfaitement savoir où ils vont et s'échangent parfois quelques grognemrnts sourds avant de bifurquer dans telle ou telle direction.
Je me sens inutile. Dans cette mission de sauvetage, Alexis a tout réservé pour l'hôtel puis après avoir retrouvé Gary, il a rompu ses chaînes avec la pince grâce à sa force surhumaine, puis quand nous sommes partis, il m'a prise sur son dos pour courir.
À part mon onguent qui a un peu aidé Gary avec ses blessures, je n'ai rien fait dans cette mission...

Vers midi, après une course effrénée sans arrêt ni pause, les deux loups arrêtent leurs pas devant une source d'eau.
Les loups sont naturellement endurants, mais là, les deux lycanthropes sous leur forme lupije halètent de fatigue et d'épuisement.
Ils boivent cinq tonnes d'eau dans la rivière avec leur langue rose de loup trop craquante ! Un animal qui lape de sa petite langue un liquide, comme les félidés ou les canidés, c'est tellement mignon !
Assise sur un caillou, je les regarde. Puis je me lève et cueille quelques herbes que j'ai reconnues et choisies avec soin avant de les laver dans la rivière. Sur une pierre plate que je lave aussi plus ou moins bien dans l'eau, je coupe comme je peux avec mon couteau suisse ces herbes pour en extraire en partie le jus, mêlé à l'eau que je viens d'utiliser pour laver les végétaux et la pierre.
Interrogateurs, Alexis et Gary me scrutent de leurs yeux jaunes de loup étonnés et écarquillés, ou du moins qui semblent l'être.

Mon lycanthrope favoriWhere stories live. Discover now