Jeu d'enfant

46 16 20
                                    

« Est-ce que tu es un fantôme ? »

Pour être surprise, Kiera l'est !
Il y a quelques jours à peine une dame avait cru voir en elle un esprit, et voilà à présent qu'il s'agissait d'un enfant.
Un petit garçon d'à peine six ans.
Qui, assis sur sa balançoire, la fixe de ses grands yeux quémandant le savoir en emplis d'innocence.
Une innocence qui fait fondre un instant la glace autour du cœur de la jeune femme.

Kiera se pare d'un sourire. Et Kiera répond :

« Non, je n'en suis pas un. »

« Pourquoi tu es toute blanche, alors ? »

Kiera regarde le petit garçon puis le parc autour d'elle. Kiera ne sait pas pourquoi elle s'y est rendue.
D'ordinaire, son sang se glace à l'idée de devoir sortir. Mais plus encore, elle est terrifiée rien qu'en pensant être confrontée au regard de ceux qui ne comprennent pas.

Alors Kiera s'évade en pensés, se rappelle d'elle, enfant.
Quand elle jouait seule avec pour amis Incompréhension et Imagination.
Peu étaient ceux qui lui parlaient. Peu étaient ceux qui voulaient jouer avec Kiera.

D'une certaine manière, elle faisait peur.

Sa différence attirait la curiosité mais faisait peur.
Et ça, Kiera s'en rappelle dans son esprit, dans sa chaire, dans son âme et dans son cœur.

Pourtant, petite Kiera n'était pas malheureuse.
Parce que petite Kiera se suffisait.

Le petit garçon ne s'est pas départit de son innocent sourire.
Sourire pour lequel Kiera aurait pu cent fois mourir.

Devant tant de gaieté, elle laisse son cœur, par la peur gelé, se réchauffer. Et Kiera répond de toute son âme :

« Parce que je suis comme je suis. »

Et là, étonnement ! L'enfant rit.
D'un rire clair. D'un rire sincère.
Et toujours de sa voix frôlant l'insolence, l'enfant s'exclame :

« Ça ne veut rien dire, ça ! »

« Qu'est ce qui ne veux rien dire ? »

Jetant ses jambes en avant, le garçon se balance. Il semble vouloir aller le plus haut possible, vouloir toucher la branche au-dessus de sa tête, vouloir toucher le ciel, vouloir toucher la lune et les étoiles, vouloir toucher le soleil...
Vouloir toucher ses rêves.

Et Kiera se sent alors remplie d'un étrange sentiment.
Et Kiera se sent emportée par la douceur.
Et Kiera s'envole elle aussi, vers ses rêves, assise sur la deuxième balançoire.

Dans les yeux de l'enfant, brille une lueur nouvelle.
Alors, il lance de sa voix fluette :

« Je t'aime bien toi ! »

Et Kiera se sent fondre, la neige laissant place à un nuage doux de sérénité.

Ah, mais qu'ils sont loin ses jeux d'enfants...

MondialWhere stories live. Discover now