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Question : Sensibilité ?

Sensibilité est une drôle d'amie.

À la fois discrète et excentrique... Parfois, impossible à ignorer... Et parfois elle se laisse museler...

Mais Sensibilité, sous son masque, jamais ne nous quitte.
C'est elle qui nous fait frissonner. Sous la caresse du vent, de l'eau, d'une main...
C'est elle qui nous fait pleurer. De joie, d'amour, de malheur...
C'est elle qui nous touche. À l'écoute d'une musique, à la vue d'un feu d'artifice, à l'odeur d'un parfum.
C'est elle qui nous marque. Elle marque nos vies, nos mémoires, nos cœurs...

Et c'est elle qui trace nos chemins, que nous empruntons, que nous suivons en nous laissant guider par elle. Et Sensibilité ne lâche presque jamais notre main.

Mais qui éveille Sensibilité ?

De son sommeil, elle est tirée par tant de chose... Et il est impossible de dire quel rayon de ce soleil immense est venu tirer notre amie de son lit...

Peut-être sont-ce les sens... Spectacles époustouflants qui offrent à Sensibilité sa voie d'expression... Sa voix d'expression ! Mélodies du cœur qui viennent lui parler de leurs notes douces. Effluves qui s'accrochent, la tourmentent, la chatouillent... Des étreintes qui la bercent...

Et puis parfois, tout cela qui l'agresse !

Peut-être sont-ce les sentiments... Les bonheurs qui l'effleurent, la mélancolie qui la prend, la tristesse qui la pique, l'amour qui l'enivre, l'allégresse qui l'emporte...
Les sens et les sentiments qui l'entraînent dans leur tempête... Et Sensibilité nous émerveille !

Cependant, elle nous touche au plus près du cœur...
Et sous son masque, Janus à double face, Sensibilité se peint force et faiblesse.
Elle fragilise face au monde, abaisse les barrières, fait fondre la glace, brise l'acier... Sensibilité dans sa tendre chaleur ne connaît aucun ennemi qui a su lui résister... Pas même celui qui la ressent lui-même. Et alors, c'est à notre cœur que Sensibilité s'attaque.

Mais Sensibilité peut aussi être poussée aux extrêmes.
Hypersensibilité se glisse alors dans le tableau. À la fois un super pouvoir, à la fois un cadeau empoisonné. C'est un curieux don à double tranchant.
Car Hypersensibilité peut être bénédiction, là où elle fait fleurir imagination, empathie, compréhension, admiration, fascination... Là où elle permet de vivre le monde, de le ressentir... Là où tout est plus vif, plus extrême, les couleurs comme les sons, les bonheurs comme les euphories. Les sens s'accentuent et les émotions s'amplifient.
Tout comme elle peut-être malédiction, là où le trop, le surplus, l'extrême finit par nous dépasser et nous noyer... Les sons nous assiègent, les sentiments nous étreignent dans un étau destiné à torturer, et tout, absolument tout, Hypersensibilité le ressent... Et elle le métamorphose en vagues noires destinées à nous submerger... Dans les profondeurs, dans les abîmes de la confusion. Les malheurs du monde deviennent notre et tissent une toile dont il est difficile de s'extraire.

Et la toile tremble.

L'araignée est là prête à nous dévorer...

Alors, Sensibilité et sa compagne des extrêmes, prennent l'apparence d'ennemies.
Et un ennemi, on ne peut le laisser vaincre...

On chercher à l'étouffer. Lutter contre elle. La refouler. La contenir. La réprimer. S'acharner à lui obstruer la voie, lui fermer les portes, lui barrer la route. L'empêcher de nous toucher.
On cherche à l'étouffer et c'est nous-même que l'on étouffe.

Mais au moins, on étouffe aussi à la souffrance...

Sauf si la souffrance ne s'étouffe pas.

Et sans sensibilité, pas de sens, de sentiment, d'expérience... Être sensible, c'est être vivant.
C'est pouvoir souffrir et aimer. Rire et s'enivrer. Car Sensibilité laisse alors glisser brièvement le masque pour nous révéler sa beauté.

Sensibilité nous permet d'appréhender le monde, de le découvrir, et puis de ses découvrir aussi. Elle peut forger une armure de sens plus puissant encore que toutes les carapaces de craintes. Sensibilité est notre cavalière en armure sur son cheval blanc. Parfois elle perd, parfois elle gagne. Mais Sensibilité est notre. Et si on apprend à l'accepter, si on apprend à l'aimer, alors Sensibilité redevient cette amie.

Alors on peut s'autoriser à la relâcher, la libérer. S'autoriser à l'éprouver. Puisqu'il faut parfois l'écouter... Et faire de sa Sensibilité une force !

Et vous... Qu'en pensez-vous !?