Échec

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La sentence, dure, réelle, est tombée, brisant les rêves sur son chemin. Sans aucune délicatesse. En mille éclats de verre... De verre de rêves.
Elle s'est plu à ramener sur cette triste terre, à cette triste réalité, l'esprit volage des trop grands rêveurs.

Vous n'avez pas été sélectionnée.

Kiera reste figée face aux mots, elle les tourne et les retourne dans son esprit. Comme une litanie, une ritournelle, un refrain, une berceuse mais qui ne mènerait qu'à un cauchemar.

Échec, échec, échec.

Contrairement à ce que l'on peut croire, les mots peuvent blesser même quand l'intention n'y est pas. Même quand tout est impersonnel.
Ils ont ce pouvoir, grand et effrayant...
Il suffit pour cela d'un rêve brisé, d'une attente désespérée, d'une ambition vaine, de sentiments frustrés.

Échec, échec, échec.

Kiera ne s'attendait pas à un échec. En réalité, elle espérait même gagner. Elle espérait... Que la victoire serait sienne, que la fierté, encore une fois coulerait dans ses veines, colorerait ses joues blanches d'un rouge rosé éblouissant, animerait son regard d'une vigueur presque trop puissante, d'émerveillement.
L'échec a tout balayé, comme le pire vent d'hiver. Une rafale et l'espoir s'envole. Deux rafales, l'orgueil suit. Trois rafales, le doute s'installe. Quatre rafale, on ravale son amertume.
Les rafales se succèdent en Kiera. Et Kiera crispe, grogne, bougonne, cherche, cherche.

Où n'a-t-elle pas été assez bien ?
Où a-t-elle échoué ?

Est-ce seulement un échec ? Bien qu'elle se répète qu'il y avait simplement meilleur qu'elle, elle ne peut s'empêcher de laisser son terrible instinct de compétition, sa recherche de la perfection rejaillir.

Échec, échec, échec.

Échec qui tourne en boucle dans son esprit. Esprit bloqué sur l'échec. Idée tortueuse qui monopolise ses instants.

Elle y pense tout le temps, matin, midi et soir. Depuis une semaine. Depuis l'annonce.

Comment pourrait-elle tenir tête à ses parents, à sa famille, si elle est incapable de se débrouiller seule ?

Comment peut-elle simplement s'asseoir devant Aerdna, alors qu'elle l'a tant ignorée ? Pour ce concours, pour cet échec, pour rien ?

Et plus que ces craintes, se glisse, pernicieuse, la déception.
Kiera se déçoit, Kiera le regrette. Kiera voudrait ne pas regretter, mais Kiera ne décide pas. Cercle vicieux qui l'emporte, comme une tempête, un ouragan...

Et cet échec lui reste en travers de la gorge, telle une boule qui grossirait dans l'espoir d'annihiler tout l'espace, n'être plus qu'elle, pesante, violente. Couper le moindre accès d'air, de joie, d'allégresse... Une boule qui grossirait afin de l'étouffer pour de bon.

Échec, échec, échec... Terrible sentiment quand tu te pointes !

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