Mondial

Se défendre.

Il fait tard, il fait nuit. Et tandis que certains se sentent peu en sécurité à ces heures si tardives, Kiera évolue à la lueur faible des lampadaires. Un peu seule, un peu fatiguée, mais heureuse.

Le silence et l'obscurité règnent en maîtres. Mais Kiera n'a pas peur. Pourquoi avoir peur ? Elle ne voit nulle raison. Elle sait qu'il peut se passer toute sorte de choses. Bonnes comme mauvaises. Des rencontres. Bonnes comme mauvaises.

Elle sait les risques. Mais elle ne veut pas croire qu'il n'y a qu'eux. Elle le refuse, elle le rejette. Parce qu'elle veut croire en la bonté, en une chance, en l'espoir. Parce que Kiera devient optimiste.

Le silence et l'obscurité règnent en maîtres.

Puis un bruit dans la nuit, des verres brisés, une ombre qui titube.

Un pauvre hère, ivre, perdu. Mais idiot. Idiot lorsqu'il siffle Kiera lorsqu'elle s'approche, idiot lorsqu'il l'apostrophe tandis qu'elle le dépasse, idiot lorsqu'il l'insulte lorsqu'elle l'ignore.

- Pourquoi t'ignores comme ça ? Tu t'crois belle ? Fais pas ta pute ! Dégénérée !

Ce dernier mot, lancé comme une insulte, comme une attaque à ce qu'elle est, comme un poignard en son cœur, résonne dans tout son être, arrache sa patience, arrache sa bonne humeur.
Ce dernier mot a été lancé dans le seul but de la blesser, de la réduire à l'état de proie, de l'affaiblir.

Mais Kiera sait se battre.
Kiera l'a toujours su.
Et lorsque la main ennemi, la main étrangère, la main malveillante, s'est posée sur son épaule, la petite fille revêche, l'adolescente furieuse, l'adulte en colère s'éveillent.

Kiera explose.
Les coups, les bleus, les gifles. Des années de moqueries. Un idiot, une nuit.
Kiera se défend.
Elle se défend, se bat, s'extirpe et s'en va. Tête haute, digne, fière.

Toujours sans avoir peur, elle rentre chez elle. Elle retrouve Aerdna. Elle retrouve ses livres. Son lit. Ses papiers, ses stylos. Elle retrouve son chez elle.
Et le lendemain, elle sortira pour sa balade nocturne.
Parce qu'elle continue de ne pas craindre.
Parce qu'elle sait se défendre.

Que plus jamais on n'ose s'en prendre à elle, ou à ce qu'elle est.