Chap2: Funérailles

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Mouhamadou Fadel NIANE

Le soleil tape trop fort sur le pare-brise de la voiture. On dirait même que la clim augmente la chaleur. Normal on est en début Juillet, en plein été. Heureusement qu' on entre déjà dans la ville et qu'on est accueilli par la fraîcheur de la brise maritime qui m'a tant manqué.

Le chemin depuis Touba(une ville religieuse du Sénégal) n'a pas été de tout repos. Comment pourrait-il l' être d'ailleurs ?(soupires)

Je suis dans le 4×4 de mon cousin Bouba, côté passager et sur les sièges arrières, mon meilleur ami Jeannot et mes deux petits frères Mass, et Bachir, le dernier garçon de mon père.

C'est ce dernier, mon père , Mamadou Lamine Bara NIANE qu'on vient juste d'emmener dans sa dernière demeure à Touba.

Depuis l'enterrement, un silence de mort règne dans la voiture. Bouba et Jeannot ont essayé de faire la conversation, surement pour nous remonter le moral. Mais il faut dire que voir l'homme qui vous a élevé et fait de vous ce que vous êtes, enseveli sous terre et vous retourner partir sachant que vous ne le reverrez plus jamais, n'est pas vraiment chose facile mais alors pas facile du tout.

Je tourne la tête à droite pour voir le pont Faidherbe qui me rappelle tellement de beaux souvenirs (sourire) .

La ville de Saint Louis a bien changée depuis 6ans que j'ai été obligé de la quitter.

Je n'avais que 17ans et j'étais déjà en classe de Terminale. Mais j'ai du partir au beau milieu de l'année avec mon père à San Francisco .

Une seule erreur, une faiblesse et votre vie part en éclats(...)

Nous avons atterri sur le sol Sénégalais, il y'a 2jours Bouba, Jannot et moi, emportant avec nous la dépouille de mon père .

Si on m'avait dit que c'est la mort de ce dernier qui me ramènerait, alors j'aurai préféré ne jamais partir. Mais hélas, le temps n'est plus aux regrets.

Bouba : saway soringa dé. Wathial bok ( tu es bien loin mon gars. Descends) on est arrivé

c'est mon cousin qui me sort de mes pensées et je remarque en effet, qu'il n y'a plus que nous deux dans la voiture garée à deux rues de la maison familiale .

Je regarde Bouba avec incompréhension et il répond à ma question muette.

Bouba : On ne peut pas accéder à la ruelle de la maison à cause des tentes et des gens.

Moi : Ah j'ai failli oublié que nous étions au Sénégal

Bouba(souriant): Bon retour chez toi mon grand.(puis plus doucement) Et Fadel tout doux d'accord ? C'est un jour de deuil, ne répond pas aux provocations, restes zen au moins jusqu'à la fin des funérailles. Je sais que ce n'est pas facile pour toi à cause de ton tempérament mais dis toi que le plus important c'est que tu as accompli les dernières volontés de Papa. Ok ? Le reste n'est que futilités.

Moi : C'est juste que je ne les comprends pas Boubacar !!
Où est la différence entre Tidjane et Mouride ? Ne sommes nous pas tous musulmans ? Papa n'avait-il pas le droit de décider d'où il voulait être enterré ? Grand père Bassirou lui-même était Mouride mais avait voulu être enterré à Fouta et papa m'a même raconté qu'il n'a jamais obligé aucun de ses fils à suivre une confrérie ou une autre. Ils ont choisi eux même de retourner à la famille Omarienne. Alors pourquoi papa n'aurait il pas le droit de choisir sa dernière demeure ? Déjà qu'il ne l'ont jamais accepté soit disant qu'il était Blanc. Mais dès qu'il a reçu l'héritage de la famille MONELLI, il est redevenu tout d'un coup leur petit frère. Et ils vont jusqu'à vouloir décider où l'enterrer ou non alors qu'il a laissé de grands garçons. Foutaises !! Je te jure que si je n'avais pas autant de respect pour ton père je les aurais tous foutu dehors et Pape Ciré( aîné de mon père) serait d'accord avec moi.

Sokhna Diarra:Une benjamine pas si pourrie que ça...Where stories live. Discover now