CHAPITRE 4

88K 9K 309
                                    

MOSSANE SARR

Deux jours que je n'ai pas vu Abdou. On est allé voir sa maman. Un vrai amour cette femme. Elle m'a accueilli les bras grands ouverts et a béni mon mariage avec son fils.

- Ma fille, Abdou m'a beaucoup parlé de toi et ce depuis le début de votre relation. Il m'a aussi dit beaucoup de bien de toi. Quand il m'a parlé de son souhait de te prendre pour seconde épouse, cela m'a énormément surpris car jamais je ne l'ai imaginé être polygame mais je le savais décidé car de tous mes enfants, il est le plus sérieux et s'il dit qu'il veut faire quelque chose, il le fait. C'est un homme bien et ce n'est pas parce que c'est mon fils que je le dis. Il m'a parlé de tes craintes par rapport à la polygamie mais sache que Aïcha, sa femme est une bonne personne dévouée et soumise à mon fils. Considère la comme ta sœur et n'écoutes pas toutes celles qui te disent que woudié défanté la (la polygamie est une compétition). Si tu le fais, tu échoueras dans ton ménage. C'est à toi d'amener la paix parce que c'est toi qui est venue en dernier. Faites de votre ménage un havre de paix et non un champs de bataille sinon aucune de vous ne sera heureuse et ce sont vos enfants qui vont en payer les pots cassés. Aïcha et toi devaient être différentes sur certains côtés. C'est cette différence qu'Abdou recherche chez chacune de vous. Si chacune exploite cette différence chez votre mari vous n'aurez même pas le temps de vous chamailler. Ne te dis pas qu'il se marie avec toi parce qu'il y a quelque chose qui lui manque chez l'autre. Mais juste qu'il t'aime et veut que tu sois l'autre moitié de sa vie, de son cœur, celle qui complétera sa première. Je veux que vous soyez comme Seynabou et Khady, les femmes du grand frère de Abdou. Elles s'entendent comme des sœurs. Et leur mari ne peut être qu'heureux. Elles, comme Aïcha, sont tes ainés dans cette maison et si tu suis leurs pas tu auras la bénédiction de ton mari. Je dirai la même chose à Aïcha aussi, car toutes les deux êtes mes filles. J'espère que tu seras à la hauteur des attentes de ton mari et j'ai vraiment espoir en toi. Je bénis votre mariage comme j'ai béni le premier. Qu'Allah vous guide et vous facilite.

Ses mots m'avaient beaucoup soulagé car je m'attendais à ce que, comme dans beaucoup d'autre belle famille, elle me montre que je n'étais pas là bienvenue.

(...)

Et on est à la veille du mariage. J'ai le ventre noué et en une semaine, j'ai au moins perdu trois kilos. Et là, je suis grave stressée.

Ma cousine Amina et mes deux copines d'enfance Adja et Awa sont là, elles passent la nuit avec moi. Mais j'ai un peu l'esprit ailleurs.

Des doutes me submergent subitement. Maman me dit que c'est normal car le mariage est un engagement à vie et qu'au dernier moment on se met forcément à douter, se demandant si ça allait marcher ou non, si on saura rendre heureux l'autre, le combler, être à la hauteur de ses attentes. C'est à cet instant que l'on se demande si l'on est prêt à passer sa vie avec l'autre. Mais pour moi, ce sera passer ma vie avec Abdou mais aussi avec sa femme.

Et par ailleurs, je suis super fatiguée. Cette semaine n'a pas été de tout repos, entre les essayages chez le couturier, les courses pour acheter ce dont j'aurai besoin dans ma maison, je ne sais plus où donner de la tête.

C'est vrai que maman a acheté énormément de choses. Mais on a tenu quand même avec les filles à faire les boutiques pour les choses que maman n'achèterait sûrement pas.

Et mon trio m'a offert une séance de chouchoutage dans un institut de beauté. La totale quoi : massage, épilation complète, hammam, pédicure, manucure. J'ai vraiment été chouchoutée.

Elle m'ont aussi offert un cadeau commun et aucune d'elle ne voulait que je sache ce qu'elle avait acheté.

- Et ça, c'est quoi ?

LES TURPITUDES D'UN MARIAGE POLYGAMEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant